Publié le 7 Avril 2024

V'là l'printemps...

au pays de Flaubert

 

 

dialogue

avec le land art, l'art environnemental,

l'art écologique,

l'art biologique

 

 

au Parc Urbain des Bruyères

Avec

Roselyne Corblin

et

Pascal Levaillant

Collectif d'artistes-botanistes et plasticiens

 

le samedi 13  avril 

à la maison du Parc

 

Atelier "échappées du compost"

ouvert à tous au "fil de l'eau"

et 

installation en extérieur  de composts divers et variés : 6 nuances de compost sur le parterre devant la maison du parc  et présentation des graines des milieux agricoles, des maraichages, des verger, des potagers, des céréales et autres plantes sauvages et tinctoriales

et le

le dimanche 14  avril à la Maison du Parc, 

de 10h00 à 12h30 et de 14h00 à 17h30

pour tout public

 Parc Naturel Urbain du Champ des Bruyères

PNUCB-MRN

 

[accès allée du champ de Courses]

 

Rive-Gauche

 

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Métropole Rouen Normandie

 

 

En guise d'introduction comment ne pas se référer au savant écrivain Gustave Flaubert évoquant le compost dans Bouvard et Pécuchet au 19e siècle

 

 

"Pécuchet fit creuser devant la cuisine, un large trou, et le disposa en trois compartiments, où il fabriquerait des composts qui feraient pousser un tas de choses dont les détritus amèneraient d’autres récoltes, procurant d’autres engrais, tout cela indéfiniment ; – et il rêvait au bord de la fosse, apercevant dans l’avenir, des montagnes de fruits, des débordements de fleurs, des avalanches de légumes. Mais le fumier de cheval si utile pour les couches lui manquait. Les cultivateurs n’en vendaient pas ; les aubergistes en refusèrent. Enfin, après beaucoup de recherches, malgré les instances de Bouvard, et abjurant toute pudeur, il prit le parti d’aller lui-même au crottin !"

Chapitre II, Bouvard et Pécuchet, Flaubert, 1881.

 

et l'humus de Gaspard Koenig au 21e siècle

" La vie était revenue. […]

Kevin s’empara de la bêche, fit quelques pas pour choisir le meilleur emplacement et se mit à creuser. La lame s’enfonça facilement dans le sol. La terre était noire et brillante.

Elle dégageait une odeur de sous-bois capiteuse. Dans une des mottes qu’il dégageait,

Kevin remarqua une belle troupe d’anéciques, grouillants et humides, en pleine forme. […]"

Humus, Gaspard Kœnig, 2023

A propos de l’humus,

du compost

et

du terreau

 

Regards croisés entre scientifiques et experts

 

Petit lexique de l’humus

 

 Nos références littéraires et botaniques :

(Gaspard Koenig, Gustave Flaubert, Marc-André Selosse, Patricia Touyre, Christian Feller, Bernard Jabiol, Jacques Tassin, Christine Strullu-Derrien, Céline Pessis, Anne Cauquelin, Terre Vivante, Guylaine Goulfier, Maurice Leperchey, Denis Langlois, J.D. Christophe, Bourguignon Claude et Lydia et Bernard Boullard ...)

 

 

Avertissement 
Les sources et les contenus cités ne peuvent être utilisés sans l’autorisation 
des auteurs et du collectif Corblin-Levaillant, concepteurs et rédacteurs de ce document.

Petit lexique[1] de l’humus et du compost

 

Compost

C’est ce qu’obtient le jardinier lorsqu’il fait fermenter des matières organiques fraîches en les disposant en tas (ou en couche sur le sol à fertiliser). Ce sont les micro-organismes et les vers de terre qui sont les principaux agents de cette transformation en humus.

Humus

Substance issue de la transformation de la matière organique, dans le sol ou dans le tas de compost. C’est l’humus qui donne à la terre du jardin sa couleur noire, sa consistance légère et grumeleuse.

Terreau

C’est du compost très mûr, c’est-à-dire assez « vieux ». Le terreau est composé d’éléments fins de couleur noirâtre ; il ressemble à de la terre légère.

Matière organique

Pour le jardinier et l’agriculteur, c’est tout ce qui est issu des êtres vivants et qui peut retourner au sol : feuilles, paille, herbes, épluchures, fumier, compost, terreau, tourbe, humus, etc. La teneur des sols en matière organique est variable : autour de 5% dans un jardin.

 

Micro-organismes

Ce terme désigne tous les êtres vivants visibles seulement au microscope (bactéries, champignons microscopiques, etc.) Ceux-ci sont très nombreux dans le sol et dans les tas de composts ; ils jouent un rôle très important dans la fertilité (en fabriquant l’humus, par exemple).

 

Les quatre saisons :

Premier magazine à se revendiquer “0 phyto” dès 1980, les 4 saisons est aujourd’hui le magazine référent du jardinage bio.
Des experts du jardinage, des essais menés dans les jardins du Centre Terre vivante et des échanges constants avec ses lecteurs, lui permettent de donner les meilleurs conseils pratiques au potager, au verger et au jardin d’ornement.
Et parce que la quête d’autonomie ne se limite pas au potager, il s’intéresse à toute l’écologie pratique : permaculture, habitat, alimentation, santé, alternatives…

In : https://www.terrevivante.org/contenu/le-magazine-les-4-saisons/

A propos de l’humus,

du compost

et

du terreau


Avertissement 
Les sources et les contenus cités ne peuvent être utilisés sans l’autorisation 
des auteurs et du collectif Corblin-Levaillant, concepteurs et rédacteurs de ce document. 

 

 

Regards scientifiques d’experts

 

A - les praticiens et artisans de l'humus

1 - La bouse[1], engrais naturel

Par Christophe Jean-Damien, vétérinaire vendéen

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2 - Humus et compost

Maurice Leperchey, yvetotais

Le compost parfait et idéal de Maurice Leperchey

par Pascal Levaillant et M. et D. Bazire

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3- Humus et compost

Maurice Leperchey, yvetotais

Un artisan de l’humus[1]

Maurice Leperchey

Par-dessus la haie

[1] In : revue « les quatre saisons » du jardinage. Bimestriel n°1, mars-avril 1980, Editions Terre Vivante, Paris, p.51 et p. 63.

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4 - Humus et compost et engrais verts

Denis Langlois, A.N.E.T.H., Jardin biologique du manoir du Fay, Yvetot, années 1990-2000.

Un artisan de l’humus, du compost, du jardin biologique

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5 - composts et Humus au jardin -

Zooms de  Guylaine Goulfier, extrait de manifeste pour une nouvelle approche du jardin

compost et engrais verts

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6 - Veragrow et humus - lombricompost

Biostimulants agricoles - Veragrow :  biostimulants fabriqués à partir de lombricompost.
Nos biostimulants sont fabriqués à partir de lombricompost.

 

1 - La bouse[1], engrais nature

Par Christophe Jean-Damien, vétérinaire vendéen

La bouse de vache un engrais de qualité.

La bouse est le produit de la digestion des végétaux ingérés par les bovidés. Les différents remaniements dans les « estomacs » puis le tube digestif de ces végétaux permettent une assimilation et une intégration d’une partie seulement des matières ingérées, le reste étant éliminé dans les bouses. Ces dernières sont donc riches en différents éléments organiques. C’est pour cette raison que la bouse représente un engrais de qualité notamment pour sa forte teneur en azote, élément primordial pour le développement des végétaux. Probablement depuis que le bœuf a été domestiqué pour aider au travail des champs, la bouse a été utilisée comme engrais améliorant considérablement le rendement des cultures. Aujourd’hui encore la pratique de l’épandage est très répandue dans le milieu de l’élevage. L’emploi de la bouse sous forme de fumier (mélange de bouse et de litière) ou de lisier (bouse, urine, eau et débris pailleux) sur les cultures ou dans les champs pour en améliorer le rendement par l’apport d’agents fertilisants (en particulier l’azote), représente certainement l’emploi le plus important et le plus courant des excréments de vache. Le dépôt d’une bouse entraîne un enrichissement du sol sous-jacent en différents bioéléments nécessaires au développement végétal. Cette pratique connue de tous et encore largement utilisée consiste, en général au printemps, quand le besoin des végétaux en croissance est maximal, à épandre sur la surface des sols le mélange de litière et de bouse ou de lisier, accumulé pendant la saison hivernale quand les bêtes sont à l’étable. Cette méthode simple représente l’utilisation la plus courante et la plus importante en quantité, des déjections du bétail, et s’applique encore aujourd’hui.

2 - Humus et compost

Maurice Leperchey, yvetotais

Le compost parfait et idéal de Maurice Leperchey

 

Il doit la réussite de son produit final (BIOTERO) à un subtil mélange de fumier de cheval d'un club hippique à Mont-Saint-Aignan avec des brisures d'écorce de pin sylvestre ou pin maritime (pin des Landes) ce qui explique le port du béret basque pour ceux qui l'ont bien connu.

Récupérant le fumier de cheval, Maurice Leperchey le préférait au fumier de vaches (fumier froid) soignées aux antibiotiques et porteuses de familles de bactéries. Il aimait dire " C'est Pasteur qui m’a aidé à découvrir l'intérêt du fumier de cheval ». Il avait fait le constat que les bactéries cassaient les molécules nécessaires à la vie des plantes. Il disait encore que "si le sol est fécond, avec un bon équilibre carbone-azote, les plantes finissent par s'immuniser contre les maladies et n'ont pas de pucerons".

Le secret d’un bon compostage de ces éléments transformés en plusieurs étapes jusqu'au « produit » prêt à l'emploi, résidait à répartir en tas linéaires de deux mètres de largeur, sur un mètre cinquante de hauteur, de manière à favoriser une bonne fermentation.

La réussite tint à l'idée d'aérer et de brasser ces tas mis en andains pour faciliter le compostage.

Effectivement, il fallait de l’oxygène (principe du compostage en aérobie) et de l'humidité, il fallait remuer les petits tas contrairement à d’autres procédés de fermentation anaérobie des résidus. Les andains étaient remués et aérés par soulèvement à l’aide d’engins de levage. En cas de sécheresse, l’arrosage des andains étaient nécessaire afin de maintenir l'humidité propice à la mise en température.

L'objectif de ce processus était la recherche d’une bonne « combustion » pouvant atteindre presque quatre-vingt degrés afin d’éliminer, parasites, bactéries. Pour ce faire, les tas étaient soulevés, aérés, humidifiés si besoin, régulièrement jusqu'à la phase finale du broyage. Cette ultime étape permettait d'affiner le produit final avant un passage éventuel au crible.

Le produit fini, le compost était friable, il avait une couleur brunâtre et dégageait la seule odeur subtile d'humus de sous-bois.

De 1973 à 1989, ses différents composts étaient destinés aux pelouses d’exception, aux greens des golfs d’Octeville, de Belgique, d’Erquy jusqu’à ceux de la Riviera comme celui de Cannes. Clients fidèles. Ces apports de qualité permettaient aussi de les employer pour couvrir le sol, après carottage de terrain de sport.

Si l’activité des greens fut un succès, celle-ci gagna en diffusion par la qualité remarquable du produit.

Le produit BIOTERO est une fumure biologique à l’ancienne, fruit d’une longue phase d’expérimentation menée par l’homme au béret basque. Il fut soutenu par sa seconde épouse Anne-Marie et efficacement ensuite par sa fille Martine et plus tard par son gendre Daniel. Son concept fut récompensé à plusieurs reprises. Entre autres, l’entreprise a reçu en 2001 l’ECO-Trophée pour son avancée dans le cadre du « développement durable » lancé par le Parc des Boucles de la Seine Normande. La société BIOTERO reçu la somme de 15000 francs.

La reconnaissance enfin !

BIOTERO devint une marque déposée mais Maurice, le « rebelle » n’a jamais voulu déposer un brevet.

La fumure biologique à base de fumier de cheval était appréciée par les jardiniers de la Ville de Paris et utilisée dans les espaces verts de plusieurs arrondissements de la capitale, entre-autre, aux pieds des rosiers des jardins de Bagatelle, des arbustes du square Georges Brassens ou de l’hôpital Henri Mondor comme dans le superbe jardin de la Fondation Claude Monet à Giverny.

A la fin de sa vie, Maurice Leperchey encore valide, n’aura de cesse d’améliorer la « grelinette » avec l’accord de son inventeur Mr Grelin. La « fourche à bêcher » qui sert à aérer la terre de son jardin sans la retourner. Retourner la terre, pour Maurice était une grave erreur. Il utilisait la « houe maraichère » pour désherber et préparer la terre avant de la cultiver.

Sa devise fut de prôner l’écologie, dispensant souvent à bon nombre de clients, des conseils judicieux pour rester en bonne santé, en se nourrissant sainement à partir de ce que la nature nous offre, sans arrière-pensée démagogique ou politique comme le décrit l’article paru dans GMD information en 1982.

Au fil de sa production il incorpora des compléments naturels aux matières premières, bases de ses composts, comme des algues marines, des déchets végétaux, du sable, de la terre de bruyère, des écorces de pin, de la corne broyée, des minéraux, pour obtenir des fumures équilibrées de qualité supérieure, but atteint dès 1989, après vingt-cinq années d’effort et de ténacité.

Je crois qu’il est certain que ses idées lui survivront ce qui est avéré à l’instar de l’Hora de Pierre Rabhi, ardéchois d’adoption, né en 1938 en Algérie, essayiste, romancier, agriculteur et fondateur du mouvement Colibris (agro écologie).

En 2003, Le rouennais pure souche s’est éteint à l’âge de 96 ans.
Extrait de l’article biographique que j'ai rédigé avec les membres de sa famille en 2020
Maurice Leperchey 1907-2003, un Yvetotais défenseur précurseur de l'écologie.

 

 

Dans la fin de sa vie, encore valide il améliora la « grelinette » qui sert à aérer la terre de son jardin sans bêcher. Il utilisait un autre engin à roue pour désherber naturellement.

Crédit photo M. & D. Bazire

3 - Humus et compost

        Maurice Leperchey, yvetotais

Un artisan de l’humus[1]

Maurice Leperchey

Par-dessus la haie

 

« En plein cœur du pays de Caux, à Yvetot (Seine-Maritime), c’est un jardinier pas comme les autres que nous avons rencontré.

De l’école d’Horticulture de Versailles à son métier actuel de fabricant d’amendements organiques, l’itinéraire de Maurice Leperchey a été celui d’un amoureux de la terre. Il a consacré toute sa vie au jardin – le sien et celui des autres.

« Jardinier et producteur d’humus », voilà quelle pourrait être sa carte de visite.

Quand on arrive chez lui, il est impossible de se tromper : les immenses tas de terreau et de fumier se voient de loin, derrière la haie d’ifs proprement taillés.

A soixante-douze ans, Maurice Leperchey ne pense pas encore à la retraite. Pourquoi abandonnerait-il ce chantier artisanal où, visiblement, il est à l’aise comme un poisson dans l’eau ?

M. Leperchey : j’ai fait à peu près tous les métiers touchant à l’horticulture avant de trouver ma véritable vocation : la transformation des déchets organiques en humus. Vocation tardive, car c’est à soixante ans que j’ai cessé mon activité d’entrepreneur de jardins pour me consacrer au compostage !

Les Quatre saisons : Vous êtes en quelque sorte un « récupérateur » de matière organique ?

M.L : Il faut croire que l’endroit était prédestiné, car mes deux voisins sont eux aussi des récupérateurs, dans la ferraille et le chiffon.

Moi, ce qui m’intéresse, c’est tout ce qui est organique et qui finit habituellement dans les décharges ou dans les chaudières : écorces, son de moutarde, déchets de lin, de papeterie, etc. Je traite aussi de grandes quantités de fumier, de la tourbe et même des boues de lavage de betteraves.

Mon travail consiste à broyer tout cela, à faire de savants mélanges, et à aider la nature à fabriquer un produit utilisable par l’horticulteur et le jardinier.

L.Q.S. : Quels sont les mélanges qui font du bon terreau ?

M.L. : Je fais surtout des mélanges fumier + écorce de pin sylvestre et fumier (de cheval) + son de moutarde.

L.Q.S. : La moutarde n’est-elle pas un peu trop …forte pour les plantes ?

M.L. : J’ai essayé d’en répandre directement de l’herbe.  Le résultat a été excellent. De toute façon, lors du compostage qui dure plusieurs semaines, les substances irritantes du son de moutarde disparaissent.

L.Q.S. : N’y a -t-il pas des risques de pollution lorsque vous utilisez des sous-produits de l’industrie ?

M.L. : Effectivement, j’ai eu un « coup dur » il y a quelques années avec des matériaux issus de l’industrie du lin. Il y avait trop de bore dedans, ce qui a provoqué des « brûlures » de la végétation. Depuis, j’ai appris à être prudent !

 L.Q.S. : Quel est le secret d’un bon compostage ?

M.L. : Il faut tout d’abord choisir une matière première de composition bien équilibrée. Le broyage est très important pour rendre le produit homogène.

Ensuite, il faut faire attention à l’humidité. Dans nos régions où il pleut souvent, les tas sont fréquemment gorgés d’eau et la fermentation a du mal à démarrer. Si tout se passe bien, la température dépasse les 50°C., preuve que les micro-organismes sont actifs. J’incorpore de la chaux, de la magnésie ou des phosphates naturels à mes matériaux de base. Cela neutralise un éventuel excès d’acidité.

L.Q.S. : Et votre jardin ?

M.L. : Vous vous doutez bien qu’il est le premier servi en compost. D’ailleurs, voyez les résidus d’écorce qui couvrent le sol.

Une chose est certaine : les plantes sensibles aux pucerons, comme les artichauds, les capucines, les rosiers, ne subissent jamais une attaque chez moi. Je pense que le compost aide au sol à trouver son équilibre ; la plante est mieux nourrie donc elle résiste mieux.

Le seul problème grave que j’ai, c’est le ver de la carotte. Je vais essayer un produit naturel dérivé de la résine de pin.

J’ai essayé de cultiver des légumes directement dans le compost. Bien sûr, ce n’est pas à la portée de tous les jardiniers, mais j’ai pu constater que pendant au moins deux ans il est inutile d’apporter un engrais complémentaire.

Le tour du propriétaire étant terminé, j’accompagne Maurice Leperchey à l’intérieur de sa petite maison. En entrant, je remarque de curieux bacs pleins d’eau.

M.L. : Non, ce ne sont pas des aquariums ! ce sont mes radiateurs à moi. Ils pompent la chaleur dans le circuit d’eau qui circule sous les tas de compost. C’st économique, car la seule dépense – faible – provient de la consommation des pompes électriques. C’est une variante du chauffage « à eau froide » qu’on appelle aussi pompe à chaleur.

Ecologiste tranquille mais efficace. C’est l’impression que donne Maurice Leperchey. A une époque où l’on parle de « biomasse », de « pétrole vert », de valorisation des déchets agricoles, il est rassurant de voir quelqu’un qui depuis ans quinze est passé à la pratique. Encore trop rares sont ceux dont la mission est de remettre sur la bonne voie certains déchets organiques qui autrement seraient perdus – voire même polluants. Cette bonne voie, c’est celle du retour au sol après transformation en humus.

 

[1] In : revue « les quatre saisons » du jardinage. Bimestriel n°1, mars-avril 1980, Editions Terre Vivante, Paris, p.51 et p. 63.

Crédit photo M. & D. Bazire

   4 - Denis Langlois,

        "Le jardin biologique du manoir du Fay, Yvetot"

  Humus et compost

       

Le manoir du Fay et son jardin biologique, Denis Langlois, Robert Tougard, autoédition A.N.E.T.H., Manoir du Fay à Yvetot, fin des années 1990.

les premiers instants de la vie de la renaissance du jardin clos pour devenir un jardin biologique avec l'A.N.E.T.H. au début des années 1990 ( archives de Denis Langlois)

 

Le jardin biologique pris en 1996 par Pascal Levaillant

 

Le succès de la production végétale dépend de la présence d’un sol vivant. En effet, un sol fertile est peuplé de milliards d’êtres vivants : bactéries, champignons, algues, lichens, acariens, mille-pattes, vers de terre et d’innombrables autres êtres vivants.

Tous remplissent une fonction précise dans le cycle de la nature.

Les êtres vivants dans le sol remplissent encore une importante fonction de stockage ; ils empêchent le lessivage des éléments nutritifs excédentaires libérés par la dégradation de la matière organique et l’altération des roches, en les emmagasinant dans leur corps jusqu’à leur mort et leur propre décomposition. Leurs besoins sont donc étroitement liés à ceux de la végétation, c’est un perpétuel échange. Plus ils sont prospères : plus grande est la réserve d’éléments nutritifs à la disposition des plantes et plus fertile est le sol.

On trouve parmi les plus gros habitants du sol :

Les lombrics ou vers de terre, ils digèrent les végétaux morts de la terre, ils aèrent également le sol grâce à leurs galeries. Toutes les espèces de vers de terre exigent un sol régulièrement humide et beaucoup de matière organique. Les engrais chimiques, facilement solubles leur nuisent et les chassent. Utilisez donc un bon compost, compost signifie engrais composé et désigne un fertilisant à base de fumier, feuille, paille, résidus de récolte, tonte de gazon, déchets de cuisine et d’autres matières organiques déchiquetées, mélangées et mises en tas.

Le compostage n’est au fond rien d’autre qu’un élevage de micro-organismes qui trouve dans le compost des conditions idéales de chaleur, humidité et alimentation pour une multiplication rapide.

Pour bien réussir son compost les bactéries ont absolument besoin de matières organiques riches en azote pour se multiplier et échauffer le compost à 60° C minimum.

Le fumier convient très bien à cet usage et devrait entrer pour environ un cinquième dans la composition du tas. Ce tas doit avoir un certain volume pour bien composter, au minimum 1 m2 à la base sur 1 m de hauteur environ. Vous pourrez ajouter l’activateur de compost biologique qui permet d’améliorer et d’accélérer efficacement le processus de maturation du substrat. Le produit naturel est à la base de micro-organismes spécifiques à bactéries, levures et enzymes. Il existe un autre moyen d’apporter au sol de la matière organique, c’est l’engrais vert. Il consiste à semer sur une surface hors culture une espèce produisant beaucoup de racines. Dès qu’on a de nouveau besoin du terrain, on coupe cette végétation.         

Les racines restent au sol, se décomposent et nourrissent les bactéries puis les plantes.

Si votre sol est pauvre en azote la vesce (légumineuse) l’enrichira naturellement en fixant l’azote de l’atmosphère.

Votre terrain est en friche avec beaucoup de chiendent : semez du sarrasin.

Vous désirez protéger votre sol des rigueurs de l’hiver : semez en octobre de la moutarde, vous n’aurez pas à vous soucier du broyage car les basses températures des mois d’hiver feront le travail à votre place, il vous suffira de travailler votre terre au mois de mars.

La moutarde blanche est appelée ainsi à cause de la couleur de ses graines, cependant ses fleurs sont jaunes d’or. Semée au début de l’automne, elle protégera votre planche des rigueurs de l’hiver et facilitera l’aération du sol au printemps. Dose du semis : 20 grammes pour 10 m2.

La vesce produit beaucoup de matières organiques, elle fixe l’azote de l’air qu’elle restitue au sol après l’enfouissement. Elle aime les sols lourds et permet d’améliorer sensiblement leur structure, les rendant ainsi plus faciles à travailler. Dose semis : 100 grammes pour 10 m2.

Le sarrasin est idéal en terre pauvre et acide, sur des planches qui restent inoccupées pendant tout l’été. Il permet de nettoyer le sol après défrichement en étouffant les plantes indésirables. Très mellifères, cet engrais vert favorise aussi la présence de nombreux insectes utiles au jardin. Dose de semis : 70 grammes pour 10 m2.

On complètera avec des amendements naturels. On en trouve toute une série convenant à la culture biologique. Ils contiennent des composés organiques ou minéraux peu solubles :

  • Le guano[2] du Pérou, engrais complet 100% naturel, récolté sur les rivages des côtes péruviennes. Il est très riche en éléments fertilisants moyens à action rapide.
  • La corne broyée[3], engrais avec un effet fertilisant beaucoup plus prolongé dans le temps.
  • La corne torréfiée[4], engrais azoté naturel. Son action est progressive et durable, sans risque de brûlure pour les racines.
  • Le basalte[5], exceptionnellement riche en magnésium, très riche en oligo-éléments et en silice, le basalte facilite l’absorption par les plantes des éléments nutritifs présents dans le sol.
  • Le lithothamnium[6] est un produit naturellement riche en calcium, magnésium et autres oligo-éléments. Il rétablit les équilibres biologiques, chimiques et physiques du sol en augmentant l’activité microbienne. Il renferme la résistance des plantes aux maladies.

En été, à l’époque de la plus forte croissance, les jus d’herbes rendent de bons services. On fait macérer dans un récipient rempli d’eau un sac plein d’herbes fertilisantes jusqu’à ce qu’on obtienne un jus brunâtre. Avant on le dilue pour lui donner la couleur d’un thé.

  • Le jus d’ortie produit un précieux engrais foliaire, évite les pucerons, évite le mildiou.
  • La grande consoude fournit aussi un excellent engrais ainsi que la camomille. Pour neutralise l’odeur nauséabonde, ajouter de la poudre d’os[7] ou de roche.

 

On peut se faire une idée sur la nature d’un sol par sa flore, voici quelques exemples :

Laiteron : terre fraîche et argilo-calcaire

Coquelicot, trèfle blanc, moutarde : sol à tendance calcaire

Plantain, prêle : terre lourde, acide et humide

Bouton d’or, liseron, oseille sauvage, pâquerette : terre lourde, acide et souvent humide

Ravenelle : terre légère, manquant de phosphore assimilable

Chiendent : terre légère et siliceuse

Chardon : terre calcaire

Ortie : terre humifère

La terre neutre, ayant un pH égal à 7, convient à la plupart des plantes potagères, mais un sol ayant un pH compris entre 6,5 et 7 (légèrement acide et neutre) se prête aussi à leur culture. Pour corriger le pH d’une terre trop acide il est conseillé d’y faire des apports de lithothamme ; lorsqu’elle est calcaire (pH basique) par des apports réguliers de compost, de poudre de roches.

[2] Guano - In : Engrais coup de fouet. Engrais organique complet en provenance des Mers du Sud (oiseaux de mer). Utilisable en Agriculture Biologique. En savoir plus Référence : CPJA1259 EAN : 3252640012593 – https://agrifournitures.fr/engrais-bio-universels-jardin/9610-guano-marin-800g.html

5 – Composts et humus au jardin

Guylaine Goulfier

Extraits transmis par l’auteure.

Extraits de Révolution au potagerGuylaine Goulfier, Manifeste pour une nouvelle approche du jardin, Rustica Editions, 2012.

 

Zoom

Le sol, issu de l’union du minéral et du végétal


Au départ de tour sol, la pierre. Une roche mère qui, soumise aux éléments (le gel, la pluie, l'érosion...) se fendille, se morcelle, se fragmente. Ce monde minéral, en conditions extrêmes… le demeure ; c’est ainsi le cas des déserts arides. Mais lorsque les conditions climatiques sont favorables, la surface de la pierre dégradée est vite colonisée par le végétal : lichens tout d’abord, puis mousses et enfin touffes de graminées et autres plantes pionnières. Leurs racines mais aussi leur appareil végétatif, en mourant, forment une litière où se mêlent cadavres et déchets d’animaux, feuilles sèches, brindilles portées par le vent, etc. Une grande chaîne de recyclage se met alors en marche, qui transforme immédiatement toute matière organique.
L’altération de la roche-mère fournit des micelles d’argile (des molécules en forme de feuillets superposés), tandis que la décomposition de la matière organique aboutit à la création d’humus. Ces deux substances sont « colloïdales ». À la façon d’une éponge, elles ont la capacité de retenir, mais aussi de restituer, l’eau et les oligoéléments, ces particules minérales qui composent les nutriments des plantes. Elles s'associent pour former ce qu'est vraiment le sol : un "complexe argilo-humique".

 

Zoom

Indispensables vers de terre

Le ver de terre est unanimement populaire. Ou plutôt, devrais-je dire, Les vers de terre. En effet, on trouve communément dans les sols de nos jardins 700 espèces de Lombriciens. Et dans un sol de bonne qualité, c’est-à-dire accueillant une grande diversité d’êtres vivants, on peut compter jusqu’à 1,5 million de vers de terre. Chasseurs infatigables ces animaux se nourrissent essentiellement de bactéries, même s’ils ne négligent pas, à l’occasion, quelques protozoaires, nématodes et champignons. Ils ingèrent la matière organique pour capturer les micro-organismes qu’elle accueille. Ce faisant, ils participent activement à la dégradation des débris végétaux et animaux, qu’ils broient et qu’ils transportent dans des couches plus profondes du sous-sol. On estime que sans les vers de terre, une litière de feuilles qui se dégrade en quelques mois mettrait de 1 à 2 ans pour être décomposée.

Epandeurs d’engrais

Les lombrics projettent dans le sol une lèvre allongée, le prostomium, ainsi que leur pharynx. En se rétractant, ces organes permettent à la matière organique de pénétrer dans le corps du ver. Les particules, mouillées de salive, sont alors grossièrement broyées. Elles sont ensuite stockées dans le jabot, puis dirigées vers le gésier. Celui-ci, partiellement rempli de sable et d’autres particules minérales, est un muscle puissant, qui se rétracte et se relâche, hachant finement les particules organiques. Après avoir été arrosées de carbonate de calcium liquide, celles-ci sont libérées dans l’intestin où vivent des bactéries. Les enzymes microbiens libèrent les nutriments qui passent à travers la paroi de l’intestin pour rejoindre le flux sanguin. Tout ce qui reste, les particules de terre liées à l’humus (grâce au carbonate de calcium), les éléments minéraux ainsi que plusieurs micro-organismes rescapés de la digestion, sont des déchets qui sont alors évacués. Il s’agit des fameux turricules, les « tortillons » des vers de terre. L’analyse des turricules montre leur grande richesse, comparée à celle d’une terre qui ne serait pas passée par la digestion des vers de terre.

On comptabilise ainsi : • 50 % d’humus en plus ; • 10 fois plus de potasse ; • 7 fois plus de phosphore ; • 5 fois plus d’azote ; • 3 fois plus de magnésium ; • 1,5 fois plus de calcium. Quand on sait que les vers de terre peuvent produire 10 à 15 tonnes de turricules par hectare et par an, on réalise leur importance pour la fertilité du sol.

Inlassables mineurs

Les lombrics font de nombreux allers-retours entre la surface, où ils vont chasser les bactéries, et les profondeurs du sol où ils vont rechercher les particules minérales nécessaires pour le fonctionnement de leur gésier. Ce faisant, ils creusent des galeries (ils peuvent déplacer des particules faisant jusqu’à 6 fois leur poids), qu’ils remplissent plus ou moins de turricules. Une aubaine pour les racines qui trouvent ainsi un cheminement tout tracé. Sans compter que certains vers se déplacent horizontalement, participant à un gigantesque réseau de galeries dans le sol. Grâce à ces galeries, la porosité du sol est améliorée, mais aussi la circulation de l’eau et de l’air. Les lombrics déplaceraient ainsi 36 tonnes de terre par hectare et par an !

Taxi drivers

Par leur intense circulation dans le sol, et en tous sens, les vers de terre diffusent la matière organique et leurs turricules enrichissants. Ils transportent aussi les micro-organismes (qui sont collés à leur corps ou qui résistent à la digestion) d’un endroit à un autre : un avantage non négligeable pour les bactéries qui ont une mobilité réduite.

Victimes collatérales

Quel est le principal ennemi des vers de terre ? Pas réellement les oiseaux, ni les quelques poules qui ne les mangent que ponctuellement. Le fléau du lombric est bel et bien le jardinier. Celui qui utilise des pesticides et des engrais chimiques qui s’avèrent irritants ou toxiques pour les vers de terre. Et, surtout, celui qui bêche ou pire encore : qui passe le motoculteur. Un engin de destruction massive qui détruit les œufs de nos bestioles (oui, le ver de terre pond !), qui défait les galeries, et qui tue les lombrics en les sectionnant

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Engrais ou amendement ?

Chacun possède une définition bien précise. Les engrais sont des produits qui ont une composition en azote (N), phosphore (P), potassium (K) supérieure à 3 %. Leur nature d’engrais est signalée sur leur emballage par la mention NFU 42-001. Ils peuvent être issus de la chimie de synthèse... ou être d’origine naturelle : extraction de carrière comme la dolomie, résidus organiques comme le guano, la vinasse de betterave… Cette définition montre, par exemple, que le purin d’ortie n’est pas un engrais car il ne contient pas suffisamment d’éléments fertilisants.  Les amendements, organiques ou minéraux, sont désignés par la mention NFU 44-051 sur leur emballage. Ils ne sont pas destinés à nourrir les plantes ni même le sol mais à AMELIORER la nature de la terre : alléger les terrains argileux, baisser l’acidité… Les amendements organiques, comme les fumiers bien décomposés permettent de maintenir et d’augmenter le taux d’humus du sol.

 

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Bouses, crottins et fumiers : ne les utilisez jamais frais

À une époque où les élevages étaient présents dans toutes les campagnes (et dans les villes où la circulation était hippomobile), le fumier, ce mélange de paille et de déjections, était un amendement fertilisant (une "fumure") le plus employé dans les champs et les jardins. Si vous avez la possibilité de récupérer du fumier frais qu'en faire ? Quand et comment l’appliquer sur le sol ? Une règle s’impose : le fumier ne s'emploie jamais frais ! Et encore moins en automne hiver. Le fumier est en effet un mélange de paille très riche en carbone et d'excréments et d'urine très riche en azote. Déposés sur un sol froid, alors que les acteurs de la décomposition sont au repos et qu'aucune racine ne peut intervenir, l'azote ne peut être retenu par la terre et il est entrainé vers les nappes phréatiques. Il s'agit de la "pollution aux nitrates". Sans cette source d'azote, au printemps la paille restante prendra bien du temps à se décomposer. Sans compter que les bactéries à l'œuvre, risquent de prélever ce précieux élément minéral dans le sol et ce au détriment des plantes, créant ce que l'on nomme "la faim d'azote", alors s’enfouissent jamais. Si vous avez accès à du fumier frais il est impératif de le mettre en tas afin qu'il puisse composter. Les bactéries thermophiles alors à l'œuvre vont faire rapidement monter la chaleur de ce tas. Ce qui est très visible en hiver, ce tas fume... d'où son nom de "fumier".

 

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Favoriser le compostage de surface

Pour reproduire les mécanismes naturels de la décomposition de la litière, il suffit de verser les déchets de la cuisine et du jardin, non pas sur un tas mais sur le sol, entre les légumes.  Je vous l’accorde, il faut une grande tolérance pour accepter l’aspect visuel d’un méli-mélo d’épluchures, coquilles d’œufs, marc de café et nouilles s’étalant entre les carottes et les laitues. Si vous possédez un broyeur, vous pouvez passer dedans le contenu de votre poubelle à compost : le mélange qui en sort, homogène, n’est pas si laid. Ou bien vous pouvez camoufler le compostage de surface sous un paillage : tontes, fougères…

 

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Tous les déchets sont-ils bons à mettre dans le compost ?

Il faut éviter de glisser dans le compost toutes les matières synthétiques, non biodégradables. Les papiers et cartons imprimés y ont aujourd'hui leur place, l’encre qui autrefois pouvaient contenir des métaux lourds étant depuis de nombreuses années interdite. Les déchets de taille des thuyas, contenant de la thuyone, une substance antigerminative, sont également déconseillés en compostage. En déchetterie on peut toutefois trouver un compost à base de taille de thuya tout à fait utilisable. Les rameaux sont en effet compostés en tas immenses, mécaniquement retournés, montant très fort en température. Des conditions que l’on n’obtient peut-être pas toujours lorsque l’on fait un compost familial. Les pommes et fruits pourris, les feuilles malades ? Allez-y, la chaleur dégagée par la fermentation détruira les germes pathogènes. Et quand bien même vous douteriez de cet assainissement, soyez assuré que les spores de la moniliose des pommes n’ont aucun impact sur les plantes potagères, pas plus que les germes d'oïdium des courgettes n'ont d'effet sur d'autres plantes. Les maladies se spécialisent : elles n'attaquent qu'un végétal ou, au pire, une famille botanique.
 

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Engrais verts…spontanés

Et si nous jetions un autre regard sur les adventices, ces « mauvaises herbes » qui nous exaspèrent souvent en poussant au milieu des légumes ? En effet, elles pourraient être considérées comme des engrais verts, occupant l’espace pendant leur développement, à couper pendant leur floraison pour les laisser se décomposer sur le sol qu’elles couvrent alors. Bien sûr, on ne parle pas ici des vivaces et problématiques chardon, chiendent, potentille et autres renoncules, mais des mourons, véroniques… Des adventices annuelles qui étalent sur le sol un feuillage léger et qui sont très faciles à arracher avant qu’elles ne montent à graines. Certains pensent même que ces plantes spontanées « réparent » le sol en lui apportant des éléments nutritifs qui lui font défaut, en le restructurant, en atténuant les effets d’accidents climatiques…

 

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Un engrais vert inattendu  

Dans le "potager des cultures associées" de Gertrud Franck (responsable d'un parc maraîcher durant l'entre-deux guerres), la vedette des engrais verts est incontestablement l’épinard. C’est lui qui occupe, au démarrage du potager, toutes les interlignes, ces « passe-pieds » qui permettent de circuler entre les légumes. Plante compagne, il favorise la croissance des végétaux qu’il côtoie grâce à ses racines qui émettent, entre autres, de la saponine et de l’acide oxalique. En utilisant ses différentes variétés (« d’hiver » ou « d’été »), on peut semer l’épinard durant toute la belle saison dans le potager. Sa croissance rapide (deux à trois mois) en fait un parfait précédent cultural et, coupé, il se décompose très vite. Sans compter que rien n’empêche le jardinier gourmand de consommer ses feuilles !

 

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De la nécessité de la rotation  

La rotation est l’une des bases du jardinage et, au-delà, de l’agriculture. Effectivement, si l’on considère qu’une culture (é)puise certains éléments minéraux du sol (qu’elle ne peut restituer puisqu’on la récolte), on comprend parfaitement la nécessité de la faire suivre par une plante ayant des besoins nutritionnels différents. Ainsi nous conseille-t-on d’alterner les légumes « gourmands » en compost avec des cultures sans exigence. Ce qui, entre parenthèses, ne facilite pas les associations de plantes sur une même ligne. Mais si l’on considère que le végétal ne « pompe » pas sa nourriture dans le sol : tout change ! Il n’y a concurrence que lorsque plusieurs individus se partagent une ressource limitée. Or, le sol est une réserve perpétuellement renouvelée par la vie que favorisent les racines des plantes qu’on y cultive. Puisqu’elles laissent, après la cueillette, une biomasse microbienne riche en éléments minéraux. Les légumes n’ont donc pas à entrer en compétition pour accéder aux nutriments. Et la rotation n’apparaît plus comme indispensable.

 

Guylaine Goulfier, extraits "Révolution au potager", Rustica éditions, 2012

avec l'aimable autorisation de Guylaine Goulfier 2024

 

 

6 - Veragrow Humus, biostimulants et lombricompost 

              Biostimulants agricoles - Veragrow :  biostimulants fabriqués à partir de lombricompost.

              Avec l'aimable autorisation de VERAGROW.

            Site de production : 1 voie des Vendaises 27100 Val-de-Reuil Parc d’activités du Vauvray France

 

Humus et lombricompostage Veragrow, made in France Comment venir à parler de Veragrow ? Tout d’abord on a lu Gaspard Koenig : Humus On a ensuite vu un reportage d’Hugo Clément « sur le front » diffusé par France TV. On a vu ainsi l’expérience de lombricompostage non loin de Rouen On a cherché ces acteurs de la transition agro-écologie Et nous voici au contact d’Alexande Bocage et de Veragrow Nous remercions Veragrow pour leur réactivité et la transmission iconographique et textuelle que nous avons le plaisir de diffuser ici, avec leur aimable autorisation.

Pascal et Roselyne, mars 2024

Tout est parti d’une connivence d’ingénierie, d’un intérêt commun pour devenir acteur de la transition agro-écologique et d’un prototype de lombricomposteur : naissance d’un biostimulants grâce à la flore intestinale du ver de terre.

 

 

Crédit images©VERAGROW 2024

Qu’est ce que le lombricompostage ?

"Le lombricompostage est une méthode de compostage qui utilise des vers de terre pour transformer les déchets organiques en un compost riche en nutriments. Cette technique a de nombreux avantages pour l’agriculture et est de plus en plus utilisée par les agriculteurs pour améliorer la qualité de leurs sols. En plus de produire un compost de haute qualité, le lombricompostage est également plus écologique que d’autres méthodes de compostage. Les déchets organiques générés par les fermes et les jardins peuvent être utilisés pour nourrir les vers de terre, qui les transforment ensuite en lombricompost. Cette pratique émet moins de gaz à effet de serre que le compostage classique et le lombricompost générés possèdent des performances agronomiques plus efficaces qu’un compost classique.

A Veragrow, nous produisons du lombricompost de très haute qualité par une méthode de lombricompostage optimale unique en France permettant de transformer des déchets organiques (fumier équin, marc de café, drèche de bière) en lombricompost aux milles vertus agronomiques. Le lombricompost permet d’améliorer la biodiversité et la qualité des sols, de même qu’il améliore la qualité des cultures et leur résilience face aux stress rencontrés. Le lombricompost Le lombricompost est une matière exceptionnellement riche formée par la dégradation de la matière organique par les vers de terre et les microorganismes de leur système digestif. L’association de ces deux facteurs permet de créer une matière très riche en substances humiques (acides humiques et fulviques) et en autres composés biostimulants tels que des hormones végétales. Par ailleurs, les microorganismes associés aux vers de terre se retrouvent dans le lombricompost et sont connus pour leurs capacités à stimuler les cultures, on parle de PGPR (bactéries symbiotiques de la rhizosphère)."

In : https://veragrow.fr/nos-activites/

Crédit images©VERAGROW 2024

 Christophe Jean-Damien

La bouse : historique, importance et écosystème. Thèse d'exercice, Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse - ENVT, 2004. 

 

Goulfier Guylaine

Extraits du pdf transmis par l’auteure. Révolution au potager, Manifeste pour une nouvelle approche du jardin, Rustica Editions, 2012 - accessible sur demande auprès de l'auteure : ohunjardin@gmail.com

 

 koenig  Gaspard

Gaspard Kœnig, Humus, Editions de l’Observatoire / Humensis, Paris, 2023.

 Denis Langlois et R. Tougard

Le manoir du Fay et son jardin biologique, autoédition : Association A.N.E.T.H., Yvetot, fin des années 90.

 M. Leperchey  

        Biographie de Maurice Leperchey, Levaillant Pascal et M. &D. Bazire, 2024.

Bimestriel n°1, Mars-Avril 1984, Editions Terre Vivante, Paris, 1980, p.51

Roger Jean-Marie

      Revue « les quatre saisons » du jardinage. Bimestriel, Editions Terre Vivante, Paris.

 

 

 

 

 

 

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Publié le 15 Janvier 2024

 

 

Le Collectif Corblin-Levaillant

présente
 

 

Avertissement
Les sources et les contenus cités ne peuvent être utilisés sans l’autorisation 
des auteurs et du collectif Corblin-Levaillant, concepteurs et rédacteurs de ce document. 

Ces contenus  textuels et iconographiques pourront évoluer au fur et à mesure jusqu'au 31 mars 2024

Crédits photos Corblin-Levaillant 

 

Remerciements

 

à M. le Maire de Cahors ;

à Mme Faubert, 1ere Adjointe au Maire de Cahors ;

à M. le Président du Grand Cahors ;

à M. le Président du Département du Lot ;

M. le Président du Département de la Seine-Maritime[1] ;

à M. Dominique Burdin, le Président de l’Association juin jardins,

à Mme Jeanne Lecompte, la directrice du Chai ;

à Mme Isabelle Marrou, directrice artistique de juin jardins.

 

Aux autrices et auteur et aux experts : 

Bourguignon Claude et Lydia ; Boullard Bernard ; Christophe Jean-Damien ; Cauquelin Anne ; Clément Gilles; Ernaux Annie ; Feller Christian ; Goulfier Guylaine ; Jabiol Bernard ; Koenig Gaspard ; Langlois Denis ; Leperchey et M. & D. Bazire ; Pessis Céline ; Roger Jean-Marie ; Selosse Marc-André ;  Strullu-Derrien Christine ; Tassin Jacques ; Terre Vivante et la revue les quatre saisons ; Touyre Patricia et Veragrow.

 

Pour la communication et l'information notamment :

Les Abattoirsprogrammation d'art contemporain des Abattoirs, Musée - FRAC OCCITANIE TOULOUSE en région Occitanie de mars à décembre 2024, double page Cahors, Humus miraculum.

https://www.lesabattoirs.org/Expositions/humus-miraculum/

La Depeche et Actu 46

en mars : https://www.ladepeche.fr/2024/03/11/une-exposition-sur-les-nuances-dhumus-au-chai-11818108.php

en février :

https://www.ladepeche.fr/2024/02/25/une-exposition-nature-a-lauberge-du-chai-11786721.php

https://www.ladepeche.fr/2024/02/14/cahors-juin-jardins-la-premiere-exposition-de-la-saison-demarre-avec-une-installation-dherbiers-11764467.php

 

Contemporanéités de l'Art

https://contemporaneitesdelart.fr/nature-au-crible-collectif-corblin-levaillant-cahors/

https://contemporaneitesdelart.fr/occitanie-pyrenees-mediteranee/lot/cahors/le-chai/

Le Grand Cahors

https://www.calameo.com/books/00003226969c73c4df34c

https://cahorsagglo.fr/nature-au-crible-nuances-dhumus-et-levees-botaniques

Blog des Bourians :

https://www.blogdesbourians.fr/un-voyage-vegetal-a-cahors-pour-rendre-hommage-au-miracle-de-lhumus/

et 

https://www.facebook.com/CJJ46/?locale=fr_FR

https://www.alvinet.com/similaires/cahors-une-exposition-nature-a-l-auberge-du-chai/66216664

ARTISTES D'OCCITANIE

https://www.artistes-occitanie.fr/total_evenement/evenement_expo/collectif-corblin-levaillant-plasticiens-botanistes-nature-au-crible/7

 

 

 

 

 

Aux autres intervenants : 

Spécial remerciement à Alice Freytet, paysagiste de Cahors Juin pour sa contribution graphique avec son rouleau  de paysage de la Bouriane, Dessin en marche 2021.

Spécial remerciement pour le reportage story et inauguration de Diane Boutet, photographe pour l'aide du régisseur et artiste peintre Bastien Lemaître et de l'intervention de Solal.

Guy Chapouillé[2] pour l'autorisation de diffusion de l'affiche de son dernier film : "Prendre soin de la terre" ; le Poète BMB ; Claude Bourguignon ; L’Atelier du Père Castor ; Niculae I. Herescu ; Martine Lafon Catherine & Raphaël Larrère ; Le Littré ; la Revue MICHEL ; Quercy.net ; Bernardin de Saint-Pierre ; Olivier de Serres ; La commune de Thégra et France Culture ; le Guide Belin…


[1] Le Département de la Seine-Maritime nous a permis de recueillir un peu des déchets de la tourbière d'Heurteauville le 15 février 2024. En effet nous avons prélevé des matériaux dans des anciens tas de tourbe issus de l'ancienne exploitation du site. Ce n'est pas sensus stricto de la tourbe mais le résultat visuel est équivalent, tant par la couleur que par son aspect humide (bloc).

[2] Nous avons pu échanger à la mi-février 2024 avec le réalisateur Guy Chapouillé. Nous avons visionné son dernier opus et nous pensons que l'affiche de son film coïncide fort bien avec la thématique de notre exposition, aussi nous voulons lui rendre hommage ici et à tous les artisans de l'humus qu'il a pu rencontrer sur le parcours de la réalisation de son film.

 

 

 

ide
 

 

 
 

Nature au crible

 

 Nuances d’humus, levées botaniques

 

 

Collectif Corblin-Levaillant, plasticiens-botanistes

 

LE CHAI (auberge de jeunesse),

52, avenue André-Breton

Cahors


1er - 31 Mars 2024

 

10h-12h > 14h-18h

 

 

" La vie était revenue. […]

Kevin s’empara de la bêche, fit quelques pas pour choisir le meilleur emplacement et se mit à creuser. La lame s’enfonça facilement dans le sol. La terre était noire et brillante.

Elle dégageait une odeur de sous-bois capiteuse. Dans une des mottes qu’il dégageait,

Kevin remarqua une belle troupe d’anéciques, grouillants et humides, en pleine forme. […]"

Humus, Gaspard Kœnig, 2023


Gaspard Kœnig, Humus, Editions de l’Observatoire / Humensis, Paris, 2023, p. 376-377.

 

 

 

Introduction

 

Cette exposition s’inscrit dans la thématique 2024 de Cahors Juin Jardins :« Humus Miraculum ». Nous avons focalisé sur le territoire du Quercy en explorant : humus, litière, compost…

Nous avons collecté des ressources végétales et botaniques que nous vous présentons dans ces différentes installations.

 

Dans le Quercy[1] historique, rattaché à l’est à l’Auvergne, la nature du sol est variable selon l’exposition, le relief, les vallées, les causses, la forêt, les coteaux et les trois grandes rivières qui le traversent, la Dordogne, le Lot et jadis au sud le Tarn. La nature des terrains à vocation agricole varie selon que les sols soient calcaires comportant les herbes les plus savoureuses, qu’ils soient granitiques ou argileux et marneux et au sud-ouest vers l’Aquitaine ou qu’ils soient calcaire d’eau douce et de molasses.

 

Les terres agricoles du département du Lot actuel occupent la plus grande partie du Quercy historique cependant elles ignorent les terres sud rattachées depuis deux siècles à la création du Tarn-et Garonne en 1808 (terroirs de Caussade, Moissac et Montauban) Dans ce paysage diversifié la plaine du Limargue[2] lotoise reste la plus fertile avec ses sols argilo-marneux calcaires et gréseux.

Ces sols profonds lotois sont réputés depuis la Gaule romaine, on y cultivait le lin qui a besoin de sols limoneux et profonds à tel point que Pline[3] au temps de César avait repéré que les qualités des sols des cadurces équivalaient à certains paysages de Normandie où se cultivait abondamment le lin, indicateur privilégié de la présence de sols riches et profonds propices au lin, chanvre et céréales.

Cependant les fonds de causses lotois possèdent des prairies dont les sols sont peu profonds mais dont l’herbe est qualitative.

Force est de constater que la richesse des terroirs du Quercy dans leur ensemble est une opportunité permettant une diversification des cultures notamment des fruits, truffe, tabac, jadis du lin et du chanvre et des céréales sans évincer l’élevage et le réputé agneau du Quercy, sylviculture (chêne), noyers et la vigne.

Deux millénaires sont passés et force est de constater depuis le 19e siècle que les sols se sont appauvris[4], que le climat, les ruissèlements, les apports phytosanitaires excessifs modifient aussi la nature des sols et que l’homme doit adopter des pratiques nouvelles sur des sols devenus dégradés, pollués, bétonnés, bitumés à cause de l’activité frénétique et insensée humaine qui progressivement raréfie les terres arables grignotées par l’artificialisation. Les surfaces maraichères potagères et agricoles à Cahors, au temps de l’atlas Trudaine, occupaient pour moitié l’espace de la ville actuelle du grand boulevard Gambetta à la rivière.

Aujourd’hui, un retour et un recours à une horticulture et agriculture vertueuses s’avère capital.

Focaliser aujourd’hui sur l’humus est indispensable. De même faire du compost en valorisant nos déchets organiques permettra d’éviter de recourir à des engrais néfastes à notre alimentation et à notre santé comme nous l’a dit Maurice Leperchey[5], il y a près de 80 ans.

 

[3] Botaniste romain au temps de César

[5] Voir le chapitre 3 et 4 du document de synthèse.

Paysage du Lot (Bouriane)

Humus lotois

 

Humus normand ( Seine-Maritime) 

Paysage normand (tourbière d'Heurteauville - 76)

A propos de l’humus,

du compost

et

du terreau

 

Regards croisés entre scientifiques et experts

 

Petit lexique de l’humus

 

 Nos références littéraires et botaniques :

(Gaspard Koenig, Marc-André Selosse, Patricia Touyre, Christian Feller, Bernard Jabiol, Jacques Tassin, Christine Strullu-Derrien, Céline Pessis, Anne Cauquelin, Terre Vivante, Guylaine Goulfier, Maurice Leperchey, Denis Langlois, J.D. Christophe, Bourguignon Claude et Lydia et Bernard Boullard ...)

 

 

Avertissement 
Les sources et les contenus cités ne peuvent être utilisés sans l’autorisation 
des auteurs et du collectif Corblin-Levaillant, concepteurs et rédacteurs de ce document.

 

Petit lexique[1] de l’humus

 

Humus

Substance issue de la transformation de la matière organique, dans le sol ou dans le tas de compost. C’est l’humus qui donne à la terre du jardin sa couleur noire, sa consistance légère et grumeleuse.

 

Compost

C’est ce qu’obtient le jardinier lorsqu’il fait fermenter des matières organiques fraîches en les disposant en tas (ou en couche sur le sol à fertiliser). Ce sont les micro-organismes et les vers de terre qui sont les principaux agents de cette transformation en humus.

 

Terreau

C’est du compost très mûr, c’est-à-dire assez « vieux ». Le terreau est composé d’éléments fins de couleur noirâtre ; il ressemble à de la terre légère.

 

Matière organique

Pour le jardinier et l’agriculteur, c’est tout ce qui est issu des êtres vivants et qui peut retourner au sol : feuilles, paille, herbes, épluchures, fumier, compost, terreau, tourbe, humus, etc. La teneur des sols en matière organique est variable : autour de 5% dans un jardin.

 

Micro-organismes

Ce terme désigne tous les êtres vivants visibles seulement au microscope (bactéries, champignons microscopiques, etc.) Ceux-ci sont très nombreux dans le sol et dans les tas de composts ; ils jouent un rôle très important dans la fertilité (en fabriquant l’humus, par exemple).

 

Les quatre saisons :

Premier magazine à se revendiquer “0 phyto” dès 1980, les 4 saisons est aujourd’hui le magazine référent du jardinage bio.
Des experts du jardinage, des essais menés dans les jardins du Centre Terre vivante et des échanges constants avec ses lecteurs, lui permettent de donner les meilleurs conseils pratiques au potager, au verger et au jardin d’ornement.
Et parce que la quête d’autonomie ne se limite pas au potager, il s’intéresse à toute l’écologie pratique : permaculture, habitat, alimentation, santé, alternatives…

In : https://www.terrevivante.org/contenu/le-magazine-les-4-saisons/

[1] In : revue « les quatre saisons » du jardinage. Bimestriel n°1, mars-avril 1980, Editions Terre Vivante, Paris, p.63

 

 

Ectrait :  In : n°2 mai-juin 1980; Les quatre saisons, article le compost

In : Le bon terreau, Revue les quatre saisons, n° 55, mars-avril 1989.

Extrait

 

 

 

Quelques repères bibliographiques et historiques


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Les sources et les contenus cités ne peuvent être utilisées sans l’autorisation des auteurs et du collectif Corblin-Levaillant, concepteurs et rédacteurs de ce document avec l’aimable autorisation des auteurs.

"Les Romains le savaient bien : Homo vient d'humus. Homo vit d'humus.

Puis Homo a détruit humus. Et sans humus, pas d'Homo. Simple."

 

Humus, Gaspard Kœnig, 2023

 

 

 

Quelques repères bibliographiques

et historiques

 

 

 

 

Avertissement 
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des auteurs et du collectif Corblin-Levaillant, concepteurs et rédacteurs de ce document. 

 

 

 

 

Les lichens : ceux qui sont généralement acceptés datent d'environ 410 millions d'années.

Contrairement à ce que l'on peut lire sur le web, rapportant que le lichen se transforme en humus depuis 600 millions d'années,

nous avons cherché à vérifier ces informations auprès de plusieurs spécialistes (Monsieur M.A. Selosse, Monsieur B. Jabiol).

Pour clarifier, selon l'état des connaissances scientifiques actuelles, Madame Christine Strullu-Derrien, chercheuse et

paléobotaniste de renom, nous a autorisé à transmettre ses conclusions :

" Les lichens ne sont pas des plantes. Les premières plantes à avoir colonisé la terre ressemblaient à des mousses.

Les plus anciennes fossiles de macroplantes datent de 430 millions d'années, les plus anciennes spores de 470 millions

d'années. Je ne pense pas qu'on puisse dire que le lichen mort se transforme en humus. L'humus il y a environ 400

millions d'années devait être formé par des débris de plantes, des champignons, des restes de petits

arthropodes, des cyanobactéries, des amibes ...". C.Strullu-Derrien, 2024.

Nos ancêtres chasseurs cueilleurs(2) et les romains

« Nos ancêtres chasseurs-cueilleursdevinrent agriculteurs à plusieurs reprises indépendantes dans l’histoire de

l’humanité. Mais jamais sans légumineuses ! […] ces pratiques-là sont apparues à plusieurs reprises, par exemple

chez les Romains, les chinois et les Incas, qui utilisèrent indépendamment ces plantes que nous appelons à présent

des « engrais verts ». Columelle, un agronome romain du 1er siècle (4-70), recommande « de planter la

plus grande quantité de cytise [une légumineuse arbustive] que l’on pourra, parce que cet arbrisseau est très utile […]

aux bœufs et à toutes sortes de bestiaux parce qu’il les engraisse en peu de temps et qu’il donne beaucoup de lait aux

brebis […] la sagesse populaire a partout admis la vertu des engrais verts. » Marc-André Selosse, 2017.

1 Humus, Gaspard Kœnig, 2023, page 249.

2 In : Marc-André Selosse, jamais seul, ces microbes qui construisent les plantes, les animaux et les civilisations, Essai Babel, Actes Sud, 2017, p.17

 

1er siècle - Humus, terme latin, rapporté par Olivier de Serres (1600) citant Columelle du 1er siècle.

 

« Ouvrir et creuser la terre, est asseuré moyen de cognoistre sa portée : car estant chose confessée de

tous, que la meilleure fertile est en sa superficie, ainsi tant plus, en profondant, on y en trouvera de

semblable à celle du dessus, tant plus le terroir sera fertile. Mais en peu d’endroits rencontre-on, que sa

bonté enfonce guières avant et y aura de quoi se contenter, si elle penètre en bon pied dans terre

(mesme telle mesure, ou peu davantage, suffira pour les arbres fruictiers).(3)»

Le mot latin humus désignant la « terre » est cité par Curtius (I er siècle) comme provenant d'un

mot grec signifiant « à terre », locatif d'un substantif hors d'usage. Le mot latin humus, comme d'ailleurs

le mot homo « homme », provient de la racine indo-européenne *dh(e)ghyōm- qui signifie terre.

Un article intitulé Homo-Humus-Humanitas(4), Préface à un humanisme contemporain de Niculae I. Herescu

dans le Bulletin de l'Association Guillaume Budé Année 1948 -5- pp. 64-76, p.66 fait mention d’une étude sur

l’étymologie de l’humus/Homo.

Selon C. et L. Feller(5)on peut également citer l'hébreux avec le mot Adamah qui signifie sol ou terre et

dont est dérivé le mot Adam puisque Adam a été façonné à partir de terre. Voici un extrait à la section 2.3. :

< Adamah est bien sûr le matériau dont a été créé Adam traduit en français (dans la TOB) par l’« être

humain » ou l’« Homme » (au sens de l’ « être humain »). >

Humus – l’humus passe du latin au français(6) au 18e siècle : Emprunté du latin humus, « terre, sol ».

Matière organique formant la couche superficielle de certains sols, et qui provient essentiellement de la

décomposition des végétaux(7).

1796 - L'édition du « Cours complet d'agriculture » . . . de l'Abbé Rozier(8) s'étalera, suppléments compris,

sur 24 ans à « Terre. . . la terre calcaire est donc la seule terre végétale, le véritable humus soluble dans l'eau

et la seule qui établisse et constitue la charpente des plantes . . . si on amoncelle les plantes. . . si on les laisse

se décomposer. . . on obtiendra en dernière analyse, la terre calcaire pure, le véritable humus . . . Cultivateurs

ne songez qu'à créer ce précieux humus. . . qui est une vraie terre animalisée. . . la seule qui entre dans leur

composition. . . « (les plantes). »

1803 - Virey, à l'article « Alimens(9) », affiche une opinion : « ce ne sont ni la terre, ni l'eau, ni l'air qui

nourrissent la plante mais l'humus « débris de corps organisés » selon le principe que seules les substances

qui ont été vivantes et organisées peuvent être des substances nourricières. Remarquons qu'ici Humus est

utilisé dans le sens de constituant. » 

(3) Olivier de Serres cite Columelle, in : “Le” théâtre d'agriculture et mesnage des champs, d'Olivier de Serres ...

De Olivier de Serres, 1600, p.4 - « Columelle dit, au contraire, qu’il faut pour les fromens, deux pieds de bon humus et qu’il suffit de quatre pieds de

bonne terre pour les arbres (Colum. Liv.2, ch.2.) - Lucius Iunius Moderatus Columella dit Columelle est un agronome romain de la première moitié du 1er siècle

de notre ère, né en 4 à Gadès (aujourd'hui Cadix), dans la province de Bétique, et mort en 70 à Tarente. In : “Le” théâtre d'agriculture et mesnage des champs, d'Olivier ...

google.fr https://books.google.fr › books Olivier de Serres · 1804.

(4) In : https://www.persee.fr/doc/bude_0004-5527_1948_num_1_5_4846

(5) In : Feller C. et Feller L., 2023 - Le sol et sa genèse dans la Genèse (Bible), Étude et Gestion des Sols, 30, 323-331 - file:///

C:/Users/rosel/Downloads/Sol-Bible%20EGS_2023_30_Feller_323-332.pdf

(6) In : La réapparition du mot humus au 18e siècle et sa signification agronomique, C. Feller, Jean Boulaine, Revue forestière française, 1987, 39 (6), pp.487-495.  :

https://hal.science/hal-03424720/document , p. 489.

(7) In : https://www.la-definition.fr/definition/humus - Parution de 1876 (dictionnaire le Littré).

(8) Abbé Rozier : (1781-1805 — 1796, tome 9, pp . 390-401, in : La réapparition du mot humus au 18e siècle et sa signification agronomique, C. Feller, Jean Boulaine,

Revue forestière française, 1987, 39 (6), pp.487-495.  : https://hal.science/hal-03424720/document, p. 489.

(9) In : Dans le « Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle », (1803, tome 1, pp . 222-233) – in : La réapparition du mot humus au 18e siècle et sa signification

agronomique : https://hal.science/hal-03424720/document , p. 490.

 

1809 – Thaer. Signification de l’humus comme constituant : Christian Feller[1] et J. Boulaine concluent

leur recherche sur la réapparition du mot humus au 18e siècle et sa signification agronomique ainsi :

Conclusions – « Le mot humus réapparaît dans le langage scientifique vers la moitié du XVlll e siècle avec le sens de

« terre végétale » (Diderot, 1755). Il lui faudra au moins trente ans (Abbé Rozier, 1781) pour commencer à être diffusé

avec d'ailleurs des significations variables (et parfois non précisées) telles que sol, horizon organique ou organo-minéral,

constituant organique du sol. Ce n'est qu'à partir de 1800 que l'on peut considérer son emploi dans les écrits scientifiques

comme courant, et c'est probablement Thaer (1809) qui lui attribue très précisément la signification de constituant.

Il conservera, toutefois, jusqu'à nos jours, sa double signification d'horizon et de constituant. C'est, bien évidemment,

à cette même époque (début XIX e siècle) que naît la « chimie de l'humus ', sans que pour autant apparaissent rapidement

les qualificatifs « humine » et « humique ». Mais ceci est une autre histoire ».

1815 - « Ces cocos y avaient produit des palmiers qui, par la chute de leurs feuilles et de leurs fruits, couvraient chaque

année leur sol aride d’une couche légère d’humus.[2] »

Bernardin de Saint-Pierre

1880 – « Avant P.E. Müller la notion d’humus « couche de sol » ne fait qu’émerger. Et même si Müller la

précise, quasiment même jusqu’à parler d’une succession de couches, et malgré la formalisation et l’interprétation biologique de ces principales couches (L, F, H) par Hesselman en 1926, la première moitié du XXe siècle ne

verra guère émerger de typologie claire des formes d‘humus au-delà de ce qu’avaient décrit ces précurseurs.

Il faudra attendre Kubiena (1953) pour voir établies les bases solides d’une typologie plus complète. »

B. Jabiol, Ch. Feller et M. H. Grève.[3]

« Des humus contrastés. Notes de M.A. Selosse. Mull, mor, moder…Peut-être vous demandez-vous pourquoi les

humus parlent danois ? La faute en revient à Peter Müller (1840-1926), un Danois comptant au nombre des fondateurs

de la pédologie, qui introduit leur usage vers 1879-1884. Il fut le premier à discerner les différentes dynamiques des

humus et ses propres mots furent ensuite repris, modifiés et popularisés par des chercheurs allemands, familiers de

ces étymologies saxonnes si peu transparentes aux langues latines.[4]»

1940 - Henri Erhart, le directeur de l’Institut Pédologique du Bas-Rhin, institution pionnière créée en 1930,

estimait que : Le sol se transforme pareillement à un être organisé. Il naît par l’altération d’une roche ; puis

il se développe, et avec lui se développent les associations végétales. Plus tard le sol meurt, et meurent avec lui

les associations végétales qu’il supporte. (Erhart, 1940, p.11) - Celine Pessis[5]

 1962 - Bernard Boullard, Vie intense et cachée du sol – essai de pédobiologie végétale, Flammarion, 1967.

Docteur ès sciences naturelles (Bordeaux, 1958). - Professeur émérite de biologie végétale, Université de Rouen.

« En métropole, c’est des sciences forestières que vient le premier livre majeur sur le « sol vivant ». En 1962, Richard Moreau

et Bernard Boullard, l’unique spécialiste français des mycorhizes - tentent de dire l'Unité de ce monde complexe (...) à

l'harmonieux équilibre qu'est le Sol vivant (Boullard & Moreau, 1962, p. 11). Le Sol vivant, qu’ils érigent en titre des

deux premières parties de leur ouvrage, recouvre selon eux des relations d'antagonisme ou d'entraide réciproque

(des « amitiés particulières ») que, dans une perspective d’écologie, il convient d’étudier en elles-mêmes.[6] »

 

[1] (10) Feller C., Boulaine J., La réapparition du mot humus au XVIIIe siècle et sa signification agronomique.

Revue forestière française, 1987, 39 (6), pp.487-495. - In : https://horizon.documentation.ird.fr/exldoc/pleins_textes/pleins_textes

_5/b_fdi_18-19/25068.pdf

[2] In Bernardin de Saint-Pierre (Hamonies de la nature : t. 2) - in : https://www.la-definition.fr/definition/humus

[3] Quand l’humus est à l’origine de la pédologie 2. Avant et après P.E. Müller : évolution des conceptions sur la description et la typologie

« des humus » in : https://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/divers15-07/010035451.pdf

[4] Marc-André Selosse, L’origine du monde, Une histoire naturelle du sol à l’intention de ceux qui le piétinent, Actes Sud, France, 2021, p. 229.

[5] In : Céline Pessis « Histoire des “sols vivants” : genèses, projets et oublis d’une catégorie actuelle », Revue d’anthropologie des connaissances, 

vol. 14, n°4, 2020/4., chapitre De la pédologie à l’agronomie : étudier le sol comme un organisme vivant (1929-1946), paragraphe 13.

[6] In : Céline Pessis, « Histoire des “sols vivants” : genèses, projets et oublis d’une catégorie actuelle », Revue d’anthropologie des connaissances, 

vol. 14, n°4, 2020/4., Chapitre Le repeuplement des études sur le sol, paragraphe 57-58.  doi.org/10.4000/rac.12437, https://

journals.openedition.org/rac/1243

Extrait : « de la litière aux matériaux pratiquement encore intacts, on passe vers une zone où la « fermentation »

active conduit au démantèlement complet, à la matière humifiée. Ces quelques centimètres – à quelques décimètres

– superficiels, reçoivent des pédologues la désignation d’horizon A0. La litière de feuilles mortes masque donc l’humus,

ce « produit de la matière vivante et sa source » (cf. Thaer et Waksman, 1936). Cette tâche exaltante des ternes résidus

se poursuit aussi bien dans l’intimité des pâtures, des marais, qu’au sein des forêts mystérieuses. Mais il est certain que,

c’est là, sous la voûte de feuillage, que sa présence se manifeste avec le plus de générosité. Cette générosité n’avait pas

échappé à E. Herriot (1925). [1] »

1988 - « le stock d’humus, cette substance-miracle[2]  qui donne sa couleur sombre et sa structure grumeleuse

à la terre arable. »

Jean-Marie Roger, 1988.

1994 – à écouter le témoignage de Claude Bourguignon, agronome dans l’émission « les nuits magnétiques » de France

Culture, 1994. Le rôle et l’importance de la terre et des sols vivants.

1995 - Publication des travaux de Jabiol, Brêthes, Ponge, Toutain et Brun : l’humus sous toutes ses formes, ENGREF,

Nancy, 1995

2001 - Le sol, un monde vivant, formation, faune, flore, Patricia Touyre, Guide Delachaux, Delachaux et Niestlé, Paris, 2001

2020 - Céline Pessis « Histoire des “sols vivants” : genèses, projets et oublis d’une catégorie actuelle », Revue d’anthropologie

des connaissances, vol. 14, n°4, 2020/4.

Céline Pessis est enseignante-chercheuse à AgroParisTech, historienne des sciences et de l’environnement. Ses travaux

éclairent diverses formes de conflictualité socio-écologiques dans la France du second XXe siècle. […] Elle travaille

actuellement à une histoire de l’agriculture biologique. In : https://lhistoireavenir.eu/invite/473/

2021 - Marc-André Selosse, L'origine du monde, Actes Sud, 2021

Une histoire naturelle du sol à l'intention de ceux qui le piétinent

« Dans « L’origine du monde », j’ai voulu expliquer cette logique des sols, leurs propriétés et leur importance, comme

un préliminaire à une meilleure gestion. Dans cette histoire naturelle des sols, j’esquisse des perspectives pour mieux

les gérer, ou en tout cas pour essayer de les transmettre aux générations futures auxquelles nous les devons et pour

permettre de maintenir la capacité des sols à faire le monde qui nous entoure et que nous aimons. » M.A. S.[3] 

Humus (singulier) ou (pluriel) !

Bernard Boullard[4]  citant Pochon et Barjac, des maîtres dès que l’on parle du Sol : « Il n’y a pas « un » humus,

mais « des » humus » (1958, p. 521). 

En 2021, dans son opus, L’origine du monde, Marc-André Selosse [5] revient sur la définition de « humus » :

« Les trois définitions du mot « humus » : (1) toute la matière organique du sol ; (2) la matière organique issue

d’humification qui résiste à la dégradation et que nous avons qualifié d’« humus stable» pour bien la distinguer ;

(3) définition retenue dans cet ouvrage, l’horizon purement organique, ou horizon O, qui se trouve au-dessus du sol […]. »


[1] Bernard Boullard, Vie intense et cachée du sol, essai de pédobiologie végétale, collection la terre, Flammarion, Paris, 1967, p.7-21.

[2] L’association Terre Vivante publie une revue « les quatre saisons » du jardinage. Bimestriel n°49, mars-avril 1988, Editions Terre Vivante, Paris, p.18-24.

[4] Bernard Boullard, Vie intense et cachée du sol, essai de pédobiologie végétale, collection la terre, Flammarion, Paris, 1967, p.7-21.

[5] Marc-André Selosse, L’origine du monde, Une histoire naturelle du sol à l’intention de ceux qui le piétinent, Actes Sud, France, 2021, p. 220.

Et puis il y a Jacques Tassin qui nous invite à une écologie du sensible et son témoignage

est éloquent.

"L’humain est convié à réhabiter la Terre dans la multiplicité des mondes qui la constituent.

Il est invité à en redevenir l’humus, selon un ferment fécond, qui faute d’humilité, continuera de

se transmuer en venin."
Jacques Tassin, Pour une écologie du sensible, Paris, Édition Odile-Jacob, 2020, p. 182.

A propos de l’humus,

du compost

et

du terreau


Avertissement 
Les sources et les contenus cités ne peuvent être utilisés sans l’autorisation 
des auteurs et du collectif Corblin-Levaillant, concepteurs et rédacteurs de ce document. 

 

 

Regards scientifiques d’experts

 

A - les praticiens et artisans de l'humus

1 - La bouse[1], engrais naturel

Par Christophe Jean-Damien, vétérinaire vendéen

2 - Humus

TERRE VIVANTE[1] et Jean Marie Roger[2]

[2] Jean Marie Roger a été agriculteur, chef de culture, conseiller agricole, puis documentaliste à la Chambre d’agriculture. Il a été,

en France, un des pionniers de la culture biologique.

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3 - Humus et compost

Maurice Leperchey, yvetotais

Le compost parfait et idéal de Maurice Leperchey

par Pascal Levaillant et M. et D. Bazire

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4 - Humus et compost

Maurice Leperchey, yvetotais

Un artisan de l’humus[1]

Maurice Leperchey

Par-dessus la haie

[1] In : revue « les quatre saisons » du jardinage. Bimestriel n°1, mars-avril 1980, Editions Terre Vivante, Paris, p.51 et p. 63.

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5 - Humus et compost et engrais verts

Denis Langlois, A.N.E.T.H., Jardin biologique du manoir du Fay, Yvetot, années 1990-2000.

Un artisan de l’humus, du compost, du jardin biologique

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6 - Humus et jardin -

Zooms de  Guylaine Goulfier, extrait de manifeste pour une nouvelle approche du jardin

compost et engrais verts

 

 

B - les scientifiques et experts de l'humus

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7 - Humus et litières

par Patricia Touyre[1], spécialiste des litières et des sols, 2001

[1] Le sol, un monde vivant, formation, faune, flore, Patricia Touyre, Guide Delachaux, Delachaux et Niestlé, Paris, 2001,2015.

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8 - L’Humus

Extraits de l’ouvrage conçu en 1995

par le collectif B. Jabiol, A.Brêthes, J.F. Ponge, F.Toutain et J.J.Brun

Edition Ecole Nationale du Génie Rural, des Eaux et Forêts, Nancy, 1995

L’Humus sous toutes ses formes

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9 - L’Humus

et "l'origine du monde"

Marc-André Selosse, 2021

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10 - l'Humus

Bernard Boullard, « Vie intense et cachée du sol »

Essai de pédobiologie végétale, 1967

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11 - Taupophilie et humus

Texte de Gilles Clément, 2018

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12 - Claude Bourguignon 

transcription  écrite de l'extrait d'émission "les nuits magnétiques" sur France Culture en 1994

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13 - Veragrow et humus - lombricompost

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1 - La bouse[1], engrais nature

Par Christophe Jean-Damien, vétérinaire vendéen

La bouse de vache un engrais de qualité.

La bouse est le produit de la digestion des végétaux ingérés par les bovidés. Les différents remaniements dans les « estomacs » puis le tube digestif de ces végétaux permettent une assimilation et une intégration d’une partie seulement des matières ingérées, le reste étant éliminé dans les bouses. Ces dernières sont donc riches en différents éléments organiques. C’est pour cette raison que la bouse représente un engrais de qualité notamment pour sa forte teneur en azote, élément primordial pour le développement des végétaux. Probablement depuis que le bœuf a été domestiqué pour aider au travail des champs, la bouse a été utilisée comme engrais améliorant considérablement le rendement des cultures. Aujourd’hui encore la pratique de l’épandage est très répandue dans le milieu de l’élevage. L’emploi de la bouse sous forme de fumier (mélange de bouse et de litière) ou de lisier (bouse, urine, eau et débris pailleux) sur les cultures ou dans les champs pour en améliorer le rendement par l’apport d’agents fertilisants (en particulier l’azote), représente certainement l’emploi le plus important et le plus courant des excréments de vache. Le dépôt d’une bouse entraîne un enrichissement du sol sous-jacent en différents bioéléments nécessaires au développement végétal. Cette pratique connue de tous et encore largement utilisée consiste, en général au printemps, quand le besoin des végétaux en croissance est maximal, à épandre sur la surface des sols le mélange de litière et de bouse ou de lisier, accumulé pendant la saison hivernale quand les bêtes sont à l’étable. Cette méthode simple représente l’utilisation la plus courante et la plus importante en quantité, des déjections du bétail, et s’applique encore aujourd’hui.

2 - Humus

TERRE VIVANTE[1] et Jean Marie Roger[2]

A chaque sol son jardinage

L’humus, remède universel

 

« Un apport circonstancié de matières organiques augmente le potentiel dynamique de la vie microbienne, en fournissant à cette dernière habitat et nourriture. Par des apports répétés, vous transformerez en qualité les défauts de votre sol.

  • Le sol argileux compact, craignant le dessèchement deviendra souple, frais et plus facile à travailler.
  • Le sol limoneux tournera moins au souvent au béton et, moins tassé, laissera volontiers grossir les racines
  • Le sol sableux, léger, prendra du corps et craindra moins la chaleur, le vent, la pluie…
  • Le sol calcaire sera moins collant, moins facilement soufflé par le gel, et les plantes sensibles à la chlorose y jauniront moins facilement.

Autre avantage, les matières organiques, avant même de devenir humus, subissent des transformations qui ont pour effet d’enrichir le sol en libérant de la roche les inépuisables réserves minérales qu’elle recèle. Si on ajoute à cela les minéraux contenus dans les matières organiques apportées, le problème de la fertilisation est résolu de manière favorable à la santé du sol, des plantes et du consommateur. »                                       

Jean-Marie Roger insiste sur la richesse du sol qui grâce à l’humus assure sa fertilité véritable.

« Le travail qui met le sol en sa meilleure condition est celui qui fatigue le moins l’intervenant. […] Il est indispensable de le laisser ressuyer une terre avant de la travailler, et que, si le sol est trop dur ou trop sec, il vaut mieux attendre les effets d’une pluie ou d’un arrosage copieux, ou celui d’un « mulching » (paillage) prolongé, ou bien encore vous contenter d’un travail superficiel ou d’un « piquage » avec un outil multi-dents. […]

Les sols argileux

Les sols argileux profitent de labours d’hiver profonds, des buttages et sarclages répétés. Ny passez jamais la fraise quand ils sont humides. […] Les sols argileux ont de très gros besoins en apports de matières organiques. […]  En surface : matières organiques brutes si un « mulching » de longue durée est possible, mais seulement après complet ressuyage du sol (été). Un paillage de printemps est nuisible si le sol est encore frais. Pour améliorer le drainage, vous mélangerez au sol des matières organiques bien décomposées (compost), sur une épaisseur supérieure à la couche arable habituelle.  L’incorporation naturelle des matières organiques sera facilitée par un épandage en été  (grâce aux fentes  profondes du sol desséché), ou un travail à la grelinette ou à la fouilleuse, et un épandage d’automne avant labour profond à grosses mottes et su ce labour (sans le piétiner) […] Vous rendrez un sol argileux vivant en profondeur  en y faisant pousser des engrais verts, si possible plusieurs espèces semées ensemble : ray-grass d’Italie, qui divise les mottes par son chevelu de racines abondant, radis fourrager, moutarde ou colza, qui pénètrent en profondeur, vesce d’hiver, féverole,  fève, trèfles divers, qui vivifient la terre d’une manière extraordinaire, seigle, qui apporte une masse importante de cellulose et donc d’humus futur, si vous pouvez le garder en place jusqu’en avril-mai. Enfin, des bandes d’engrais verts alternant avec des bandes cultivées vous permettront d’éviter de piétiner ces dernières pour leur entretien d’été ou leur récolte tout au long de l’hiver. »

Les plantes typiques des sols argileux sont la mauve, la mercuriale annuelle, le laiteron, des champs, la persicaire…

Les sols limoneux

Ils craignent le tassement, et la croissance des racines peut être « étranglée ». Le drainage y est plus ou moins défectueux. La surface ayant tendance à croûter, les semis sont facilement asphyxiés. Ils exigent de fréquents binages. Ne les travaillez pas à la fraise, évitez de faire de la terre fine, gardez en surface des mottes moyennes, et n’utilisez pas le rouleau. Le labour peut souvent être remplacé par des façons sans retournement. […]  Apports de matières organiques : n’incorporez que des matières organiques bien décomposées et gardez en surface une couche   protectrice peu décomposée si le « mulching » peut se prolonger plus de 2 à 3 mois, ou à demi-décomposée si seulement 1 à 2 mois sont disponibles. Les sols limoneux tirent un large bénéfice des engrais verts répétés chaque année en hiver.

La plante typique des sols limoneux : le chénopode polysperme (Chenopodium polyspermum), aux nuances rougeâtres caractéristiques.

Les sols sableux

Ce sont les plus légers. Ils peuvent être divisés en deux principaux types :

  • Le type siliceux acide craint la sècheresse, se tasse sous l’effet de l’humidité, il est souvent pauvre, certaines carences en oligo-éléments pouvant se déclarer […] Evitez de tels sols. […] Si la surface ne durcit pas, vous pouvez incorporer du compost, peu ou pas décomposé. Si la surface croûte, reportez-vous au passage sur les sols limoneux […]
  • Le type siliceux calcaire est souvent rocheux, mince, très séchant. Il colle aux outils et croûte plus ou moins en surface. Il se réchauffe presque aussi vite que le type siliceux. Il gonfle à la pluie, à la sécheresse, surtout au gel, déchaussant et faisant geler les racines […] et « momifie » l’humus après avoir retardé l’évolution des matières organiques. […]  Apports organiques : traitez ce type de sol avec beaucoup de précautions, car l’excès de calcaire stérilise les matières organiques, les « momifie », bloque l’humus et les éléments minéraux.

Plante typique des sols sableux : le pourpier (Portucala oleracea). Autres espèces : mouron rouge, anthémis des champs et petite oseille (sols acides), etc.

Les sols argilo-calcaires

Ils se composent d’environ 50% d’argile et 50% de calcaire. Ce sont eux qui collent le plus aux outils. […] on y constate une bonne reprise des cultures repiquées […] Ils profitent beaucoup des façons d’entretien : hersages, buttages, sarclages. […] Le labour peut souvent être remplacé par d’autres façons culturales (selon les années. Apports de matières organiques :  le « mulching » d’été est utile, mais ce n’est indispensable que là où la sécheresse est à craindre. Le sol argilo-calcaire supporte assez bien l’incorporation de matières organiques incomplètement transformées en humus, s’il est travaillé correctement. Moins exigeant que le sol argileux proprement dit, il profite cependant à merveille des mêmes techniques d’apport.

Plante typique des sols argilo-calcaires : le sureau yèble (Sambucus ebubus), qui, contrairement aux autres sureaux, n’est pas un arbuste. Autres espèces : chicorée sauvage, tussilage, etc.

Les sols humifères

Comme leur nom l’indique, ils sont caractérisés par leur richesse extrême en humus (10% et plus). Tous les sols peuvent devenir humifères par nos soins persévérants !  Mais nous distinguerons les deux cas extrêmes :

  • Les sols humifères francs de nature ou par amélioration, très fertiles, faciles à travailler, aptes à toute culture, ne demandant que des fumures d’entretien, souples quant aux formes et aux dates d’apport.
  • Les sols humifères par infertilité, trop riches d’un humus imparfait constitué de matières organiques qui n’ont pas pu évoluer convenablement à cause d’un excès d’eau, acide ou trop calcaire, et qui ont donné de la tourbe. […]. Après amélioration, toute culture peut être implantée dans ce type de sol[3]

 

Les sols francs

Leurs constituants s’équilibrent pour donner une terre à la fois facile à travailler et solide face aux intempéries, s’égouttant rapidement et résistant à la sécheresse. […] Vous pourrez apporter les matières organiques sous toutes leurs formes, à condition de les varier en fonction de la culture prévue […].

Les apports de matière organique (essentiellement d’origine végétale)

Ils sont profitables, ils entretiennent le stock d’humus, cette substance-miracle qui donne sa couleur sombre et sa structure grumeleuse à la terre arable.

  • Les matières organiques brutes (ou fraiches) : feuilles mortes, résidus de culture (fanes, collets, tiges…), épluchures, paille, tourbe blonde, sciure de bois, tontes de gazon, engrais verts (culture que l’on fait spécialement pour enrichir le sol), fumier frais, algues, etc.
  • Les matières organiques plus ou moins décomposées et transformées en humus : terreaux, composts, fumiers décomposés, tourbes brunes, etc.

Les premières ne seront pas incorporées directement au sol (ou, à la rigueur, à l’automne) : elles doivent être compostées en tas ou épandues à même le sol du jardin, éventuellement entre les rangs de cultures, le temps qu’elles évoluent vers l’humus et soient peu à peu assimilées par les vers de terre et autres êtres vivants du sol. Les secondes peuvent être indifféremment incorporées au sol ou épandues en surface. »

 

[2] Jean Marie Roger a été agriculteur, chef de culture, conseiller agricole, puis documentaliste à la Chambre d’agriculture. Il a été, en France, un des pionniers de la culture biologique.

[3] Le mot « maraîchage » vient du mot « marais », rappelons-le.

Dans les sols humifères on trouve la tourbe

comme évoqué ci dessus par Patricia Touyre

 

                    Nous avons pu prélevé un peu de déchets dans des anciens tas de tourbe issus de l'ancienne exploitation du site. Ce n'est pas sensus stricto de la tourbe mais le résultat  visuel est équivalent, tant par la couleur que par son aspect humide (bloc)

eN sEINE-mARITIME : "UN MILIEU NATUREL EXCEPTIONNEL 

Nichée au sein de la Vallée de Seine et bordant le fleuve, à proximité de Jumièges, la Tourbière d’Heurteauville est un écrin de verdure permettant une totale reconnexion avec la nature. Considérée comme l’un des espaces naturels les plus riches de Normandie, grâce à son fort intérêt écologique, elle est reconnue au niveau régional, national et européen.

Une tourbière est une zone humide, où l’eau stagne en permanence. Elle est colonisée par la végétation, et réclame des conditions écologiques particulières (climat froid et humide) permettant la formation d’un sol constitué d’un dépôt de tourbe. Issues d’une évolution naturelle particulière, les tourbières sont des milieux naturels abritant une faune et une flore particulièrement riches.

Bois, végétation de berge, prairies, landes humides, étangs, points d’eau et fossés, tant de milieux naturels à explorer et habités par plus de 1 500 espèces, dont certaines strictement protégées.

Purification de l’air et de l’eau, stockage du carbone, régulation des crues, soutien des étiages, la tourbière joue un rôle majeur dans l’environnement et sa protection est nécessaire."

In : https://www.seinemaritime.fr/mes-activites/sorties-nature/amenagement-de-la-tourbiere-dheurteauville.html

L'espace de la tourbière désormais protégée

 

Nous avons reconstitué  un carottage symbolique avec des déchets de tourbe, des briques de tourbe reconstituée, et nous avons déshydraté des déchets de la tourbe pour en faire un pigment pour l'aquarelle sur papier dessin supérieur pour des empreintes de couleur.

L'effet tourbe

 briques de déchets de tourbe en cours de séchage avant démoulage

 

 

3 - Humus et compost

Maurice Leperchey, yvetotais

Le compost parfait et idéal de Maurice Leperchey

 

Il doit la réussite de son produit final (BIOTERO) à un subtil mélange de fumier de cheval d'un club hippique à Mont-Saint-Aignan avec des brisures d'écorce de pin sylvestre ou pin maritime (pin des Landes) ce qui explique le port du béret basque pour ceux qui l'ont bien connu.

Récupérant le fumier de cheval, Maurice Leperchey le préférait au fumier de vaches (fumier froid) soignées aux antibiotiques et porteuses de familles de bactéries. Il aimait dire " C'est Pasteur qui m’a aidé à découvrir l'intérêt du fumier de cheval ». Il avait fait le constat que les bactéries cassaient les molécules nécessaires à la vie des plantes. Il disait encore que "si le sol est fécond, avec un bon équilibre carbone-azote, les plantes finissent par s'immuniser contre les maladies et n'ont pas de pucerons".

Le secret d’un bon compostage de ces éléments transformés en plusieurs étapes jusqu'au « produit » prêt à l'emploi, résidait à répartir en tas linéaires de deux mètres de largeur, sur un mètre cinquante de hauteur, de manière à favoriser une bonne fermentation.

La réussite tint à l'idée d'aérer et de brasser ces tas mis en andains pour faciliter le compostage.

Effectivement, il fallait de l’oxygène (principe du compostage en aérobie) et de l'humidité, il fallait remuer les petits tas contrairement à d’autres procédés de fermentation anaérobie des résidus. Les andains étaient remués et aérés par soulèvement à l’aide d’engins de levage. En cas de sécheresse, l’arrosage des andains étaient nécessaire afin de maintenir l'humidité propice à la mise en température.

L'objectif de ce processus était la recherche d’une bonne « combustion » pouvant atteindre presque quatre-vingt degrés afin d’éliminer, parasites, bactéries. Pour ce faire, les tas étaient soulevés, aérés, humidifiés si besoin, régulièrement jusqu'à la phase finale du broyage. Cette ultime étape permettait d'affiner le produit final avant un passage éventuel au crible.

Le produit fini, le compost était friable, il avait une couleur brunâtre et dégageait la seule odeur subtile d'humus de sous-bois.

De 1973 à 1989, ses différents composts étaient destinés aux pelouses d’exception, aux greens des golfs d’Octeville, de Belgique, d’Erquy jusqu’à ceux de la Riviera comme celui de Cannes. Clients fidèles. Ces apports de qualité permettaient aussi de les employer pour couvrir le sol, après carottage de terrain de sport.

Si l’activité des greens fut un succès, celle-ci gagna en diffusion par la qualité remarquable du produit.

Le produit BIOTERO est une fumure biologique à l’ancienne, fruit d’une longue phase d’expérimentation menée par l’homme au béret basque. Il fut soutenu par sa seconde épouse Anne-Marie et efficacement ensuite par sa fille Martine et plus tard par son gendre Daniel. Son concept fut récompensé à plusieurs reprises. Entre autres, l’entreprise a reçu en 2001 l’ECO-Trophée pour son avancée dans le cadre du « développement durable » lancé par le Parc des Boucles de la Seine Normande. La société BIOTERO reçu la somme de 15000 francs.

La reconnaissance enfin !

BIOTERO devint une marque déposée mais Maurice, le « rebelle » n’a jamais voulu déposer un brevet.

La fumure biologique à base de fumier de cheval était appréciée par les jardiniers de la Ville de Paris et utilisée dans les espaces verts de plusieurs arrondissements de la capitale, entre-autre, aux pieds des rosiers des jardins de Bagatelle, des arbustes du square Georges Brassens ou de l’hôpital Henri Mondor comme dans le superbe jardin de la Fondation Claude Monet à Giverny.

A la fin de sa vie, Maurice Leperchey encore valide, n’aura de cesse d’améliorer la « grelinette » avec l’accord de son inventeur Mr Grelin. La « fourche à bêcher » qui sert à aérer la terre de son jardin sans la retourner. Retourner la terre, pour Maurice était une grave erreur. Il utilisait la « houe maraichère » pour désherber et préparer la terre avant de la cultiver.

Sa devise fut de prôner l’écologie, dispensant souvent à bon nombre de clients, des conseils judicieux pour rester en bonne santé, en se nourrissant sainement à partir de ce que la nature nous offre, sans arrière-pensée démagogique ou politique comme le décrit l’article paru dans GMD information en 1982.

Au fil de sa production il incorpora des compléments naturels aux matières premières, bases de ses composts, comme des algues marines, des déchets végétaux, du sable, de la terre de bruyère, des écorces de pin, de la corne broyée, des minéraux, pour obtenir des fumures équilibrées de qualité supérieure, but atteint dès 1989, après vingt-cinq années d’effort et de ténacité.

Je crois qu’il est certain que ses idées lui survivront ce qui est avéré à l’instar de l’Hora de Pierre Rabhi, ardéchois d’adoption, né en 1938 en Algérie, essayiste, romancier, agriculteur et fondateur du mouvement Colibris (agro écologie).

En 2003, Le rouennais pure souche s’est éteint à l’âge de 96 ans.
Extrait de l’article biographique que j'ai rédigé avec les membres de sa famille en 2020
Maurice Leperchey 1907-2003, un Yvetotais défenseur précurseur de l'écologie.

 

 

Dans la fin de sa vie, encore valide il améliora la « grelinette » qui sert à aérer la terre de son jardin sans bêcher. Il utilisait un autre engin à roue pour désherber naturellement.

Crédit photo M. & D. Bazire

4 - Humus et compost

        Maurice Leperchey, yvetotais

Un artisan de l’humus[1]

Maurice Leperchey

Par-dessus la haie

 

« En plein cœur du pays de Caux, à Yvetot (Seine-Maritime), c’est un jardinier pas comme les autres que nous avons rencontré.

De l’école d’Horticulture de Versailles à son métier actuel de fabricant d’amendements organiques, l’itinéraire de Maurice Leperchey a été celui d’un amoureux de la terre. Il a consacré toute sa vie au jardin – le sien et celui des autres.

« Jardinier et producteur d’humus », voilà quelle pourrait être sa carte de visite.

Quand on arrive chez lui, il est impossible de se tromper : les immenses tas de terreau et de fumier se voient de loin, derrière la haie d’ifs proprement taillés.

A soixante-douze ans, Maurice Leperchey ne pense pas encore à la retraite. Pourquoi abandonnerait-il ce chantier artisanal où, visiblement, il est à l’aise comme un poisson dans l’eau ?

M. Leperchey : j’ai fait à peu près tous les métiers touchant à l’horticulture avant de trouver ma véritable vocation : la transformation des déchets organiques en humus. Vocation tardive, car c’est à soixante ans que j’ai cessé mon activité d’entrepreneur de jardins pour me consacrer au compostage !

Les Quatre saisons : Vous êtes en quelque sorte un « récupérateur » de matière organique ?

M.L : Il faut croire que l’endroit était prédestiné, car mes deux voisins sont eux aussi des récupérateurs, dans la ferraille et le chiffon.

Moi, ce qui m’intéresse, c’est tout ce qui est organique et qui finit habituellement dans les décharges ou dans les chaudières : écorces, son de moutarde, déchets de lin, de papeterie, etc. Je traite aussi de grandes quantités de fumier, de la tourbe et même des boues de lavage de betteraves.

Mon travail consiste à broyer tout cela, à faire de savants mélanges, et à aider la nature à fabriquer un produit utilisable par l’horticulteur et le jardinier.

L.Q.S. : Quels sont les mélanges qui font du bon terreau ?

M.L. : Je fais surtout des mélanges fumier + écorce de pin sylvestre et fumier (de cheval) + son de moutarde.

L.Q.S. : La moutarde n’est-elle pas un peu trop …forte pour les plantes ?

M.L. : J’ai essayé d’en répandre directement de l’herbe.  Le résultat a été excellent. De toute façon, lors du compostage qui dure plusieurs semaines, les substances irritantes du son de moutarde disparaissent.

L.Q.S. : N’y a -t-il pas des risques de pollution lorsque vous utilisez des sous-produits de l’industrie ?

M.L. : Effectivement, j’ai eu un « coup dur » il y a quelques années avec des matériaux issus de l’industrie du lin. Il y avait trop de bore dedans, ce qui a provoqué des « brûlures » de la végétation. Depuis, j’ai appris à être prudent !

 L.Q.S. : Quel est le secret d’un bon compostage ?

M.L. : Il faut tout d’abord choisir une matière première de composition bien équilibrée. Le broyage est très important pour rendre le produit homogène.

Ensuite, il faut faire attention à l’humidité. Dans nos régions où il pleut souvent, les tas sont fréquemment gorgés d’eau et la fermentation a du mal à démarrer. Si tout se passe bien, la température dépasse les 50°C., preuve que les micro-organismes sont actifs. J’incorpore de la chaux, de la magnésie ou des phosphates naturels à mes matériaux de base. Cela neutralise un éventuel excès d’acidité.

L.Q.S. : Et votre jardin ?

M.L. : Vous vous doutez bien qu’il est le premier servi en compost. D’ailleurs, voyez les résidus d’écorce qui couvrent le sol.

Une chose est certaine : les plantes sensibles aux pucerons, comme les artichauds, les capucines, les rosiers, ne subissent jamais une attaque chez moi. Je pense que le compost aide au sol à trouver son équilibre ; la plante est mieux nourrie donc elle résiste mieux.

Le seul problème grave que j’ai, c’est le ver de la carotte. Je vais essayer un produit naturel dérivé de la résine de pin.

J’ai essayé de cultiver des légumes directement dans le compost. Bien sûr, ce n’est pas à la portée de tous les jardiniers, mais j’ai pu constater que pendant au moins deux ans il est inutile d’apporter un engrais complémentaire.

Le tour du propriétaire étant terminé, j’accompagne Maurice Leperchey à l’intérieur de sa petite maison. En entrant, je remarque de curieux bacs pleins d’eau.

M.L. : Non, ce ne sont pas des aquariums ! ce sont mes radiateurs à moi. Ils pompent la chaleur dans le circuit d’eau qui circule sous les tas de compost. C’st économique, car la seule dépense – faible – provient de la consommation des pompes électriques. C’est une variante du chauffage « à eau froide » qu’on appelle aussi pompe à chaleur.

Ecologiste tranquille mais efficace. C’est l’impression que donne Maurice Leperchey. A une époque où l’on parle de « biomasse », de « pétrole vert », de valorisation des déchets agricoles, il est rassurant de voir quelqu’un qui depuis ans quinze est passé à la pratique. Encore trop rares sont ceux dont la mission est de remettre sur la bonne voie certains déchets organiques qui autrement seraient perdus – voire même polluants. Cette bonne voie, c’est celle du retour au sol après transformation en humus.

 

[1] In : revue « les quatre saisons » du jardinage. Bimestriel n°1, mars-avril 1980, Editions Terre Vivante, Paris, p.51 et p. 63.

Crédit photo M. & D. Bazire

        5 - Denis Langlois,

        "Le jardin biologique du manoir du Fay, Yvetot"

  Humus, compost

       

Le manoir du Fay et son jardin biologique, Denis Langlois, Robert Tougard, autoédition A.N.E.T.H., Manoir du Fay à Yvetot, fin des années 1990.

les premiers instants de la vie de la renaissance du jardin clos pour devenir un jardin biologique avec l'A.N.E.T.H. au début des années 1990 ( archives de Denis Langlois)

 

Le jardin biologique pris en 1996 par Pascal Levaillant

 

Le succès de la production végétale dépend de la présence d’un sol vivant. En effet, un sol fertile est peuplé de milliards d’êtres vivants : bactéries, champignons, algues, lichens, acariens, mille-pattes, vers de terre et d’innombrables autres êtres vivants.

Tous remplissent une fonction précise dans le cycle de la nature.

Les êtres vivants dans le sol remplissent encore une importante fonction de stockage ; ils empêchent le lessivage des éléments nutritifs excédentaires libérés par la dégradation de la matière organique et l’altération des roches, en les emmagasinant dans leur corps jusqu’à leur mort et leur propre décomposition. Leurs besoins sont donc étroitement liés à ceux de la végétation, c’est un perpétuel échange. Plus ils sont prospères : plus grande est la réserve d’éléments nutritifs à la disposition des plantes et plus fertile est le sol.

On trouve parmi les plus gros habitants du sol :

Les lombrics ou vers de terre, ils digèrent les végétaux morts de la terre, ils aèrent également le sol grâce à leurs galeries. Toutes les espèces de vers de terre exigent un sol régulièrement humide et beaucoup de matière organique. Les engrais chimiques, facilement solubles leur nuisent et les chassent. Utilisez donc un bon compost, compost signifie engrais composé et désigne un fertilisant à base de fumier, feuille, paille, résidus de récolte, tonte de gazon, déchets de cuisine et d’autres matières organiques déchiquetées, mélangées et mises en tas.

Le compostage n’est au fond rien d’autre qu’un élevage de micro-organismes qui trouve dans le compost des conditions idéales de chaleur, humidité et alimentation pour une multiplication rapide.

Pour bien réussir son compost les bactéries ont absolument besoin de matières organiques riches en azote pour se multiplier et échauffer le compost à 60° C minimum.

Le fumier convient très bien à cet usage et devrait entrer pour environ un cinquième dans la composition du tas. Ce tas doit avoir un certain volume pour bien composter, au minimum 1 m2 à la base sur 1 m de hauteur environ. Vous pourrez ajouter l’activateur de compost biologique qui permet d’améliorer et d’accélérer efficacement le processus de maturation du substrat. Le produit naturel est à la base de micro-organismes spécifiques à bactéries, levures et enzymes. Il existe un autre moyen d’apporter au sol de la matière organique, c’est l’engrais vert. Il consiste à semer sur une surface hors culture une espèce produisant beaucoup de racines. Dès qu’on a de nouveau besoin du terrain, on coupe cette végétation.         

Les racines restent au sol, se décomposent et nourrissent les bactéries puis les plantes.

Si votre sol est pauvre en azote la vesce (légumineuse) l’enrichira naturellement en fixant l’azote de l’atmosphère.

Votre terrain est en friche avec beaucoup de chiendent : semez du sarrasin.

Vous désirez protéger votre sol des rigueurs de l’hiver : semez en octobre de la moutarde, vous n’aurez pas à vous soucier du broyage car les basses températures des mois d’hiver feront le travail à votre place, il vous suffira de travailler votre terre au mois de mars.

La moutarde blanche est appelée ainsi à cause de la couleur de ses graines, cependant ses fleurs sont jaunes d’or. Semée au début de l’automne, elle protégera votre planche des rigueurs de l’hiver et facilitera l’aération du sol au printemps. Dose du semis : 20 grammes pour 10 m2.

La vesce produit beaucoup de matières organiques, elle fixe l’azote de l’air qu’elle restitue au sol après l’enfouissement. Elle aime les sols lourds et permet d’améliorer sensiblement leur structure, les rendant ainsi plus faciles à travailler. Dose semis : 100 grammes pour 10 m2.

Le sarrasin est idéal en terre pauvre et acide, sur des planches qui restent inoccupées pendant tout l’été. Il permet de nettoyer le sol après défrichement en étouffant les plantes indésirables. Très mellifères, cet engrais vert favorise aussi la présence de nombreux insectes utiles au jardin. Dose de semis : 70 grammes pour 10 m2.

On complètera avec des amendements naturels. On en trouve toute une série convenant à la culture biologique. Ils contiennent des composés organiques ou minéraux peu solubles :

  • Le guano[2] du Pérou, engrais complet 100% naturel, récolté sur les rivages des côtes péruviennes. Il est très riche en éléments fertilisants moyens à action rapide.
  • La corne broyée[3], engrais avec un effet fertilisant beaucoup plus prolongé dans le temps.
  • La corne torréfiée[4], engrais azoté naturel. Son action est progressive et durable, sans risque de brûlure pour les racines.
  • Le basalte[5], exceptionnellement riche en magnésium, très riche en oligo-éléments et en silice, le basalte facilite l’absorption par les plantes des éléments nutritifs présents dans le sol.
  • Le lithothamnium[6] est un produit naturellement riche en calcium, magnésium et autres oligo-éléments. Il rétablit les équilibres biologiques, chimiques et physiques du sol en augmentant l’activité microbienne. Il renferme la résistance des plantes aux maladies.

En été, à l’époque de la plus forte croissance, les jus d’herbes rendent de bons services. On fait macérer dans un récipient rempli d’eau un sac plein d’herbes fertilisantes jusqu’à ce qu’on obtienne un jus brunâtre. Avant on le dilue pour lui donner la couleur d’un thé.

  • Le jus d’ortie produit un précieux engrais foliaire, évite les pucerons, évite le mildiou.
  • La grande consoude fournit aussi un excellent engrais ainsi que la camomille. Pour neutralise l’odeur nauséabonde, ajouter de la poudre d’os[7] ou de roche.

 

On peut se faire une idée sur la nature d’un sol par sa flore, voici quelques exemples :

Laiteron : terre fraîche et argilo-calcaire

Coquelicot, trèfle blanc, moutarde : sol à tendance calcaire

Plantain, prêle : terre lourde, acide et humide

Bouton d’or, liseron, oseille sauvage, pâquerette : terre lourde, acide et souvent humide

Ravenelle : terre légère, manquant de phosphore assimilable

Chiendent : terre légère et siliceuse

Chardon : terre calcaire

Ortie : terre humifère

La terre neutre, ayant un pH égal à 7, convient à la plupart des plantes potagères, mais un sol ayant un pH compris entre 6,5 et 7 (légèrement acide et neutre) se prête aussi à leur culture. Pour corriger le pH d’une terre trop acide il est conseillé d’y faire des apports de lithothamme ; lorsqu’elle est calcaire (pH basique) par des apports réguliers de compost, de poudre de roches.

[2] Guano - In : Engrais coup de fouet. Engrais organique complet en provenance des Mers du Sud (oiseaux de mer). Utilisable en Agriculture Biologique. En savoir plus Référence : CPJA1259 EAN : 3252640012593 – https://agrifournitures.fr/engrais-bio-universels-jardin/9610-guano-marin-800g.html

[7] Poudre d’os – in : https://www.graines-baumaux.fr/284016-poudre-d-os.html

 

Extrait  "les vers de terre", article de la Revue les quatre saisons n°3, juillet-août 1980

 

6 – Humus

Guylaine Goulfier

Extraits transmis par l’auteure.

Extraits de Révolution au potagerGuylaine Goulfier, Manifeste pour une nouvelle approche du jardin, Rustica Editions, 2012.

 

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Le sol, issu de l’union du minéral et du végétal


Au départ de tour sol, la pierre. Une roche mère qui, soumise aux éléments (le gel, la pluie, l'érosion...) se fendille, se morcelle, se fragmente. Ce monde minéral, en conditions extrêmes… le demeure ; c’est ainsi le cas des déserts arides. Mais lorsque les conditions climatiques sont favorables, la surface de la pierre dégradée est vite colonisée par le végétal : lichens tout d’abord, puis mousses et enfin touffes de graminées et autres plantes pionnières. Leurs racines mais aussi leur appareil végétatif, en mourant, forment une litière où se mêlent cadavres et déchets d’animaux, feuilles sèches, brindilles portées par le vent, etc. Une grande chaîne de recyclage se met alors en marche, qui transforme immédiatement toute matière organique.
L’altération de la roche-mère fournit des micelles d’argile (des molécules en forme de feuillets superposés), tandis que la décomposition de la matière organique aboutit à la création d’humus. Ces deux substances sont « colloïdales ». À la façon d’une éponge, elles ont la capacité de retenir, mais aussi de restituer, l’eau et les oligoéléments, ces particules minérales qui composent les nutriments des plantes. Elles s'associent pour former ce qu'est vraiment le sol : un "complexe argilo-humique".

 

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Indispensables vers de terre

Le ver de terre est unanimement populaire. Ou plutôt, devrais-je dire, Les vers de terre. En effet, on trouve communément dans les sols de nos jardins 700 espèces de Lombriciens. Et dans un sol de bonne qualité, c’est-à-dire accueillant une grande diversité d’êtres vivants, on peut compter jusqu’à 1,5 million de vers de terre. Chasseurs infatigables ces animaux se nourrissent essentiellement de bactéries, même s’ils ne négligent pas, à l’occasion, quelques protozoaires, nématodes et champignons. Ils ingèrent la matière organique pour capturer les micro-organismes qu’elle accueille. Ce faisant, ils participent activement à la dégradation des débris végétaux et animaux, qu’ils broient et qu’ils transportent dans des couches plus profondes du sous-sol. On estime que sans les vers de terre, une litière de feuilles qui se dégrade en quelques mois mettrait de 1 à 2 ans pour être décomposée.

Epandeurs d’engrais

Les lombrics projettent dans le sol une lèvre allongée, le prostomium, ainsi que leur pharynx. En se rétractant, ces organes permettent à la matière organique de pénétrer dans le corps du ver. Les particules, mouillées de salive, sont alors grossièrement broyées. Elles sont ensuite stockées dans le jabot, puis dirigées vers le gésier. Celui-ci, partiellement rempli de sable et d’autres particules minérales, est un muscle puissant, qui se rétracte et se relâche, hachant finement les particules organiques. Après avoir été arrosées de carbonate de calcium liquide, celles-ci sont libérées dans l’intestin où vivent des bactéries. Les enzymes microbiens libèrent les nutriments qui passent à travers la paroi de l’intestin pour rejoindre le flux sanguin. Tout ce qui reste, les particules de terre liées à l’humus (grâce au carbonate de calcium), les éléments minéraux ainsi que plusieurs micro-organismes rescapés de la digestion, sont des déchets qui sont alors évacués. Il s’agit des fameux turricules, les « tortillons » des vers de terre. L’analyse des turricules montre leur grande richesse, comparée à celle d’une terre qui ne serait pas passée par la digestion des vers de terre.

On comptabilise ainsi : • 50 % d’humus en plus ; • 10 fois plus de potasse ; • 7 fois plus de phosphore ; • 5 fois plus d’azote ; • 3 fois plus de magnésium ; • 1,5 fois plus de calcium. Quand on sait que les vers de terre peuvent produire 10 à 15 tonnes de turricules par hectare et par an, on réalise leur importance pour la fertilité du sol.

Inlassables mineurs

Les lombrics font de nombreux allers-retours entre la surface, où ils vont chasser les bactéries, et les profondeurs du sol où ils vont rechercher les particules minérales nécessaires pour le fonctionnement de leur gésier. Ce faisant, ils creusent des galeries (ils peuvent déplacer des particules faisant jusqu’à 6 fois leur poids), qu’ils remplissent plus ou moins de turricules. Une aubaine pour les racines qui trouvent ainsi un cheminement tout tracé. Sans compter que certains vers se déplacent horizontalement, participant à un gigantesque réseau de galeries dans le sol. Grâce à ces galeries, la porosité du sol est améliorée, mais aussi la circulation de l’eau et de l’air. Les lombrics déplaceraient ainsi 36 tonnes de terre par hectare et par an !

Taxi drivers

Par leur intense circulation dans le sol, et en tous sens, les vers de terre diffusent la matière organique et leurs turricules enrichissants. Ils transportent aussi les micro-organismes (qui sont collés à leur corps ou qui résistent à la digestion) d’un endroit à un autre : un avantage non négligeable pour les bactéries qui ont une mobilité réduite.

Victimes collatérales

Quel est le principal ennemi des vers de terre ? Pas réellement les oiseaux, ni les quelques poules qui ne les mangent que ponctuellement. Le fléau du lombric est bel et bien le jardinier. Celui qui utilise des pesticides et des engrais chimiques qui s’avèrent irritants ou toxiques pour les vers de terre. Et, surtout, celui qui bêche ou pire encore : qui passe le motoculteur. Un engin de destruction massive qui détruit les œufs de nos bestioles (oui, le ver de terre pond !), qui défait les galeries, et qui tue les lombrics en les sectionnant

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Engrais ou amendement ?

Chacun possède une définition bien précise. Les engrais sont des produits qui ont une composition en azote (N), phosphore (P), potassium (K) supérieure à 3 %. Leur nature d’engrais est signalée sur leur emballage par la mention NFU 42-001. Ils peuvent être issus de la chimie de synthèse... ou être d’origine naturelle : extraction de carrière comme la dolomie, résidus organiques comme le guano, la vinasse de betterave… Cette définition montre, par exemple, que le purin d’ortie n’est pas un engrais car il ne contient pas suffisamment d’éléments fertilisants.  Les amendements, organiques ou minéraux, sont désignés par la mention NFU 44-051 sur leur emballage. Ils ne sont pas destinés à nourrir les plantes ni même le sol mais à AMELIORER la nature de la terre : alléger les terrains argileux, baisser l’acidité… Les amendements organiques, comme les fumiers bien décomposés permettent de maintenir et d’augmenter le taux d’humus du sol.

 

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Bouses, crottins et fumiers : ne les utilisez jamais frais

À une époque où les élevages étaient présents dans toutes les campagnes (et dans les villes où la circulation était hippomobile), le fumier, ce mélange de paille et de déjections, était un amendement fertilisant (une "fumure") le plus employé dans les champs et les jardins. Si vous avez la possibilité de récupérer du fumier frais qu'en faire ? Quand et comment l’appliquer sur le sol ? Une règle s’impose : le fumier ne s'emploie jamais frais ! Et encore moins en automne hiver. Le fumier est en effet un mélange de paille très riche en carbone et d'excréments et d'urine très riche en azote. Déposés sur un sol froid, alors que les acteurs de la décomposition sont au repos et qu'aucune racine ne peut intervenir, l'azote ne peut être retenu par la terre et il est entrainé vers les nappes phréatiques. Il s'agit de la "pollution aux nitrates". Sans cette source d'azote, au printemps la paille restante prendra bien du temps à se décomposer. Sans compter que les bactéries à l'œuvre, risquent de prélever ce précieux élément minéral dans le sol et ce au détriment des plantes, créant ce que l'on nomme "la faim d'azote", alors s’enfouissent jamais. Si vous avez accès à du fumier frais il est impératif de le mettre en tas afin qu'il puisse composter. Les bactéries thermophiles alors à l'œuvre vont faire rapidement monter la chaleur de ce tas. Ce qui est très visible en hiver, ce tas fume... d'où son nom de "fumier".

 

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Favoriser le compostage de surface

Pour reproduire les mécanismes naturels de la décomposition de la litière, il suffit de verser les déchets de la cuisine et du jardin, non pas sur un tas mais sur le sol, entre les légumes.  Je vous l’accorde, il faut une grande tolérance pour accepter l’aspect visuel d’un méli-mélo d’épluchures, coquilles d’œufs, marc de café et nouilles s’étalant entre les carottes et les laitues. Si vous possédez un broyeur, vous pouvez passer dedans le contenu de votre poubelle à compost : le mélange qui en sort, homogène, n’est pas si laid. Ou bien vous pouvez camoufler le compostage de surface sous un paillage : tontes, fougères…

 

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Tous les déchets sont-ils bons à mettre dans le compost ?

Il faut éviter de glisser dans le compost toutes les matières synthétiques, non biodégradables. Les papiers et cartons imprimés y ont aujourd'hui leur place, l’encre qui autrefois pouvaient contenir des métaux lourds étant depuis de nombreuses années interdite. Les déchets de taille des thuyas, contenant de la thuyone, une substance antigerminative, sont également déconseillés en compostage. En déchetterie on peut toutefois trouver un compost à base de taille de thuya tout à fait utilisable. Les rameaux sont en effet compostés en tas immenses, mécaniquement retournés, montant très fort en température. Des conditions que l’on n’obtient peut-être pas toujours lorsque l’on fait un compost familial. Les pommes et fruits pourris, les feuilles malades ? Allez-y, la chaleur dégagée par la fermentation détruira les germes pathogènes. Et quand bien même vous douteriez de cet assainissement, soyez assuré que les spores de la moniliose des pommes n’ont aucun impact sur les plantes potagères, pas plus que les germes d'oïdium des courgettes n'ont d'effet sur d'autres plantes. Les maladies se spécialisent : elles n'attaquent qu'un végétal ou, au pire, une famille botanique.
 

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Engrais verts…spontanés

Et si nous jetions un autre regard sur les adventices, ces « mauvaises herbes » qui nous exaspèrent souvent en poussant au milieu des légumes ? En effet, elles pourraient être considérées comme des engrais verts, occupant l’espace pendant leur développement, à couper pendant leur floraison pour les laisser se décomposer sur le sol qu’elles couvrent alors. Bien sûr, on ne parle pas ici des vivaces et problématiques chardon, chiendent, potentille et autres renoncules, mais des mourons, véroniques… Des adventices annuelles qui étalent sur le sol un feuillage léger et qui sont très faciles à arracher avant qu’elles ne montent à graines. Certains pensent même que ces plantes spontanées « réparent » le sol en lui apportant des éléments nutritifs qui lui font défaut, en le restructurant, en atténuant les effets d’accidents climatiques…

 

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Un engrais vert inattendu  

Dans le "potager des cultures associées" de Gertrud Franck (responsable d'un parc maraîcher durant l'entre-deux guerres), la vedette des engrais verts est incontestablement l’épinard. C’est lui qui occupe, au démarrage du potager, toutes les interlignes, ces « passe-pieds » qui permettent de circuler entre les légumes. Plante compagne, il favorise la croissance des végétaux qu’il côtoie grâce à ses racines qui émettent, entre autres, de la saponine et de l’acide oxalique. En utilisant ses différentes variétés (« d’hiver » ou « d’été »), on peut semer l’épinard durant toute la belle saison dans le potager. Sa croissance rapide (deux à trois mois) en fait un parfait précédent cultural et, coupé, il se décompose très vite. Sans compter que rien n’empêche le jardinier gourmand de consommer ses feuilles !

 

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De la nécessité de la rotation  

La rotation est l’une des bases du jardinage et, au-delà, de l’agriculture. Effectivement, si l’on considère qu’une culture (é)puise certains éléments minéraux du sol (qu’elle ne peut restituer puisqu’on la récolte), on comprend parfaitement la nécessité de la faire suivre par une plante ayant des besoins nutritionnels différents. Ainsi nous conseille-t-on d’alterner les légumes « gourmands » en compost avec des cultures sans exigence. Ce qui, entre parenthèses, ne facilite pas les associations de plantes sur une même ligne. Mais si l’on considère que le végétal ne « pompe » pas sa nourriture dans le sol : tout change ! Il n’y a concurrence que lorsque plusieurs individus se partagent une ressource limitée. Or, le sol est une réserve perpétuellement renouvelée par la vie que favorisent les racines des plantes qu’on y cultive. Puisqu’elles laissent, après la cueillette, une biomasse microbienne riche en éléments minéraux. Les légumes n’ont donc pas à entrer en compétition pour accéder aux nutriments. Et la rotation n’apparaît plus comme indispensable.

 

Guylaine Goulfier, extraits "Révolution au potager", Rustica éditions, 2012

avec l'aimable autorisation de Guylaine Goulfier 2024

 

 

 

7 - Humus

L’humus par Patricia Touyre[1], des Hauts-de-France

 

L’écosystème dit « semi-naturel » de la forêt recycle des débris végétaux constitutifs de la litière dont les écailles, les bourgeons tombés au printemps, les écorces, des petits bois morts, des déjections et cadavres d’animaux etc. et les feuilles tombant en grande quantité participant à la survie de la forêt.

Les litières forestières et humus

 Observons la litière et les phénomènes en vigueur

Les   matières organiques en présence formées de carbone se transforment en CO2 dont le processus se nomme « la décomposition de la matière organique ». Plus ou moins abondante et épaisse la litière se décompose lentement ou rapidement selon les milieux et selon les essences d’arbre, la température, l’humidité, l’acidité…

On peut observer une première de décomposition par la présence de pourriture blanche attribuée à l’activité des champignons basidiomycètes dont le phénomène s’appelle la « ligninolyse ». Sont observables également la pourriture blanche et brune du bois.

Parmi eux y contribuent notamment la Collybie butyracée, le Marasme guêtré, le Pied bleu…

On peut observer également les feuilles en dentelle dues à l’action des collemboles, animaux « litiérophages » un des agents de la décomposition des feuilles dont témoignage la couche appelée « horizon coprogène ».

Quant aux feuilles fragmentées elles résultent d’une désintégration mécanique par l’intervention des animaux qui a pour effet d’augmenter la surface des contours des feuillesEt donc l’attaque par des microorganismes (bactéries et microchampignons) la surface d’attaque est augmentée par le grignotage des animaux.

La faune litiéricole comporte des protures, des collemboles, des pathlelminthe, des collemboles, des acariens… que l’on peut retrouver dans un échantillon de terrain.

Feuilles en dentelle. Crédits photos © Corblin-Levaillant 2024

Observons l’humus

Ce qui le caractérise est son odeur de terreau révélant   la présence de certaines bactéries : les Streptomycètes appartenant à la famille des Actinomycètes participant au cycle de l’azote par l’effet de la pluie le ramenant à la terre qui sera récupéré par les plantes.

Dans une forêt où le recyclage est lent, se forme un humus appelé « mor » ; il est constitué d’une couche noire très distincte du sol sous-jacent.

Quant dans une forêt l’activité biologique est intense, l’humus formé est le « Mull » dans lequel il est difficile de distinguer les résidus végétaux des minéraux malgré que la couche supérieure soit plus noirâtre.

L’humus intermédiaire en forêt sur une activité moyenne se nomme le « moder » (couche brunâtre sombre où se distinguent couche de débris et couche du sol minéral)

Un milieu racinaire interdépendant, la rhizosphère : regard sur symbiose où les acteurs - bactéries et champignons - sont interdépendants qui sont essentiels.

Son intérêt est écologique et ses bactéries inhérentes bénéfiques. Les radicelles jouent un rôle d’échanges intimes entre champignons et essences ligneuses. Le mycélium de certains champignons se forment autour des terminaisons des racines pour constituer une « symbiose », milieu des espèces de champignons mycorhiziens ainsi le plus célèbre d’entre eux est la truffe, estimé des gastronomes dont le lien intime avec le chêne est bien connu.

D’autres éléments sont des bactéries que l’on trouve dans des nodosités, petites vésicules apparaissant sur des radicelles des légumineuses… ces bactéries vient de l’azote gazeux qui se trouve dans l’atmosphère. Les nodosités se décomposant les bactéries se propagent dans le milieu proche. (ce qu’on retrouve en engrais vert) la plante utilisant la source d’azote non assimilable    directement par elle, la bactérie utilisant un milieu nutritif favorable qui permet dans ses échanges de mieux « respirer » l’azote de l’air.

NB : Bien avoir à l’esprit que les plantes ne peuvent capter l’azote de l’air qui se trouve pourtant en bonne quantité èl’intérêt des nodosités

Le sol, palper et lire un sol[2]

On peut observer par le prisme des ornières, des fossés, des talus, des champs labourés, des jardins bêchés… des éboulements, des coulées sachant que c’est en forêt une fois encore qu’on trouvera des sols les plus « intacts ».

La couleur de la terre variera selon la composition chimique de la terre. Patricia Touyre nous met sur la voie :

Un sol noir traduite une présence de matière organique

Un sol clair est peu riche en matière organique

Un sol de couleur dominante rouille est signe de présence de fer oxydé – fer ferrique.

Un sol vert révèle la présence de glauconie -minéral du groupe des micas (micro grains verts).

Couleurs de sol, crédit photo © Corblin Levaillant 2024

Si la terre crisse sur le papier, le sol est riche en quartz ; les traces noires figurent la présence de charbon de bois écrasé ; les grains de couleur rouge brique s’émiettant figurent des fragments de terre cuite (trace de feux anciens à l’endroit observé)

Autres indicateurs

La texture du sol reflète la fertilité d’un sol et sa capacité à retenir l’eau, l’enracinement des plantes, le type de roche mère, sa richesse en éléments minéraux.

Le sol[3] par conséquent peut être argileux – particulièrement plastique et collant aux doigts ; limoneux qui n’est pas un sol idéal dont les particules fines sont trop élevées, demeure trop collant et se tasse avec les pluies le rendant imperméable superficiellement ; sableux ne possédant aucune structure, coulant entre les doigts.

Le sol idéal voudrait comporter des proportions équilibrées entre les trois éléments granulométriques c’est-à-dire assez de sable pour qu’air et eau circulent tranquillement, assez de limons pour qu’il y ait une certaine tenue, et assez d’argiles pour qu’eau et air ne fassent pas que passer et pour que des échanges importants puissent se faire

A ces composants il faut ajouter la présence de matière organique, dont le rôle est similaire à celui de l’argile.

Le sol argileux a la particularité de voir s’y installer des plantes s’adaptant à des sols gorgés d’eau aussi ce sol est peu propice aux cultures. L’argile est un colloïde et forme une solution colloïdale qui a la caractéristique de contenir des particules d’argile relativement grandes « dissoutes » qui diffractes la lumière se dispersant dans l’eau sans s’y dissoudre.

Les particules de matière organique formant l’humus sont, elles aussi, des colloïdes comme certains oxydes de fer et d’alumine.

Autrement dit l’eau pénètre dans le sol, argile et humus agissent comme des        éponges à bioéléments appelées « complexes argilo-humides ainsi les plantes pompent par leurs racines une partie des éléments mis à leur disposition.

Les sols travaillés[4]

Aux facteurs climatiques et géologiques locaux, les sols des champs, des jardins ou des prairies herbagères sont le creuset de l’activité et de l’action quasi constante de l’homme et de ses pratiques culturales, des sols jeunes pour lesquels la pédogenèse est périodiquement modifiée, voire interrompue. Donc ils restent immatures

L’interruption de la pédogenèse[5]  par le labour, le broutage ou la récolte de la production supprime ou réduit une matière importante de la constitution du sol : la matière organique. En forêt on assiste à un circuit fermé par le renouvellement de la litière, dans un pâturage la litière est constituée en majeure partie par le système racinaire des végétaux qui meurt et est renouvelé périodiquement. 

S’ajoute l’apport organique des organes aériens (graminées et mulch).

Spécifiquement sur une prairie pâturée il faudra un apport de purin ou de lisier du bétail. Sur les sols labourés le système souterrain des plantes peut constituer un apport s’il n’est pas arraché. Pour l’exploitation de ces écosystèmes agricoles il faut recourir à un apport de matière organique.

L’horticulteur, l’agriculteur, le jardinier s’intéressera au profil cultural qui subit régulièrement des remaniements dans le but d’améliorer la fertilité du sol.

NB au niveau de la rhizosphère il y a aussi des mycorhizes elles sont dans les cellules des racines des plantes herbacées. On peut se procurer différents mycorhizes adaptés à certaines cultures potagères.

 La taupinière[6]

La terre rejetée par les taupes et émiettée par ces   dernières provient de la partie proche de la surface. Sa structure est typiquement fragmentaire à grumeaux (le spécialiste parle de « structure grumeleuse »).


[1] Le sol, un monde vivant, formation, faune, flore, Patricia Touyre, Guide Delachaux, Delachaux et Niestlé, Paris, 2001,2015.

[2] Le sol, un monde vivant, formation, faune, flore, Patricia Touyre, Guide Delachaux, Delachaux et Niestlé, Paris, 2001,2015, p. 42

[3] Le sol, un monde vivant, formation, faune, flore, Patricia Touyre, Guide Delachaux, Delachaux et Niestlé, Paris, 2001,2015, p. 47

[4] Le sol, un monde vivant, formation, faune, flore, Patricia Touyre, Guide Delachaux, Delachaux et Niestlé, Paris, 2001,2015, p. 59.

[5] Phénomène lent qui s’étale sur des siècles, et on parlera plus souvent de « maturité » d’un sol. Un rocher sous un lichen est un sol « nouveau-né » La nature de la roche mère est prépondérante.  in : Le sol, un monde vivant, formation, faune, flore, Patricia Touyre, Guide Delachaux, Delachaux et Niestlé, Paris, 2001,2015, p. 42-43.

[6] Le sol, un monde vivant, formation, faune, flore, Patricia Touyre, Guide Delachaux, Delachaux et Niestlé, Paris, 2001,2015, p. 68.

8 - L’Humus

Extraits de l’ouvrage conçu par le collectif B. Jabiol, A.Brêthes, J.F. Ponge, F.Toutain et            J.J.Brun

Edition Ecole Nationale du Génie Rural, des Eaux et Forêts, Nancy, 1995

 

L’Humus sous toutes ses formes

 

Cet ouvrage[1] est un guide de présentation et d’analyse des principales formes d’humus forestier.

Après une introduction qui redéfinit les termes « formes d’humus, l’ouvrage est articulé en trois chapitres : le premier donne des précisions concernant les descriptions de terrain et l’intervention des organismes du sol dans la transformation des litières ; les suivants décrivent les différentes couches résultant de cette transformation puis leurs successions (formes d’humus). La troisième partie de l’ouvrage expose une typologie des formes d’humus reposant sur les conceptions les plus récentes du Référentiel pédologique de 1992.

 

Il existe une deuxième édition (2007) Bernard Jabiol, Alain Brêthes, Jean-François Ponge, François Toutain, Jean-Jacques Brun. L'humus sous toutes ses formes, deuxième édition. Jabiol, B. ; Brêthes ; A. Ponge, J.F. ; Toutain, F. ; Brun, J.J. ENGREF, 2ème édition, pp.68, 2007, 978-2-85710-077-5. hal-00508410

Synthèse que m’a transmis Bernard Jabiol le 4 février 2023.

Définitions de termes généraux

– Humification - humus : ensemble des transformations, par les animaux du sol, ses champignons, ses bactéries …, des matières organiques « fraiches » (arrivant au sol) en molécules nouvelles formant l’humus sensu stricto.

Litière : en forêt, couche de feuilles encore peu transformées, recouvrant le sol

On parle beaucoup de l’humus des sols cultivés et jardins, mais bien sûr l’humus existe dans tous les milieux naturels. Dans ces derniers, on va le voir, il ne représente pas toujours l’or brun dont on parle !

Processus de transformation des matières organiques retombant au sol

La production de biomasse (toute la matière vivante) dans un écosystème se traduit, à la mort des organismes ou des organes, par le « retour » au sol des matières dites « fraiches » : en forêt, parties aériennes tombées qui composent la litière (feuilles et aiguilles principalement, mais aussi fleurs, brindilles et bien sûr bois des branches et des troncs morts), ou souterraines (racines fines à grosses).

En pelouse, les retours dominants se font par le renouvellement annuel des racines fines.

En forêt ce sont plusieurs kilos de matière morte sèche qui retournent annuellement au sol par mètre carré. Nous serions vite submergés si ces matières organiques fraîches n’étaient pas consommées et transformées par les différents organismes décomposeurs du sol dont en particulier des champignons (dits « saprophytes », de sapros » pourri), des animaux du sols (différents types de vers de terre, arthropodes dont petits insectes et leurs larves, …) et des bactéries ...

Ces organismes ont des actions dont les résultats seront très divers et que l’on peut classer en trois grands types : i) fragmentation (animaux) ; ii) digestion (transformations chimiques : enzymes secrétées par les champignons, bactéries, sucs digestifs) ; iii) incorporation de la matière organique à la matières minérale (par des animaux fouisseurs, gros vers de terre ou lombrics en particulier)

Le résultat de ces actions peut être étudié sous deux aspects :

- L'aspect chimique : devenir des constituants des matières organiques fraîches

Les constituants simples des contenus des cellules (lipides, sucres, protéines, cellulose …) sont vite dégradés et vont libérer des éléments nutritifs directement assimilables par les végétaux vivants (azote, calcium, potassium, phosphore…).  La lignine qui constitue le bois, différents tanins, vont former par contre des molécules organiques complexes (humification), formant l’humus sensu stricto, de nature variable on va le voir et pouvant se lier aux argiles du sol.

- Les transformations morphologiques des retombées :

La disparition de la litière en surface peut s’opérer en moins d’une année si les conditions de vie sont bonnes pour les organismes du sol : températures suffisamment élevées, faible acidité, bonne aération du sol. Les vers de terre alors abondants consomment rapidement les litières. Lors du transit intestinal et avec l’aide des champignons, s’opèrent les transformations chimiques en même temps qu’un mélange intime avec la matière minérale (la « terre ») que les vers ingèrent en creusant leurs galeries. Ces matières noirâtres sont rejetées en surface (les « turricules ») et s’accumulent peu à peu, formant un horizon organo-minéral appelé A de plusieurs centimètres d’épaisseur. Cet horizon est très aéré et riche chimiquement, c’est lui que les jardiniers et cultivateurs cherchent à imiter en remplaçant (ou accompagnant) les vers de terre par leurs outils, en remplaçant les retombées de litière par leurs apports de compost ou fumier. C’est là que l’on peut parler d’or brun lorsque cet humus est abondant. Cette succession en surface d’une litière très décomposée, peu épaisse voire discontinue, sur un horizon A foncé et très aéré définit ce qu’on appelle une « forme d’humus mull »

Mais lorsque les conditions ne sont pas favorables à la vie du sol, lorsque les litières sont de mauvaise qualité (trop de bois et donc de carbone par ex.) les vers de terre peuvent disparaître. Les petits animaux du sol et les champignons deviennent alors les principaux acteurs de la décomposition, avec deux conséquences majeures : i) les transformations chimiques sont incomplètes, les boulettes fécales, peu transformées et de faible richesse chimique, s’accumulent (on est loin de la « qualité » des turricules des vers de terre) ii) les animaux, de taille millimétrique, ne provoquent pas de mélange des constituants (ni les champignons !). Il y a alors individualisation, à la surface du sol, de couches (horizons appelés O) de matières organiques plus ou moins transformées selon leur âge et non mélangées à de la matière minérale ; leur succession verticale, des couches les moins fragmentées et décomposées en surface (la litière en fait) aux plus transformées (de quelques centimètres d’épaisseur généralement à parfois une vingtaine de centimètres), définit ce que l’on appelle des "formes d’humus" que les spécialistes appellent « moder » ou « mor ». Dans les cas extrêmes, on est en présence de terre de bruyère (milieux très acides) ou de tourbe (milieux gorgés d’eau), dans lesquelles les matières organiques peuvent avoir plusieurs dizaines à … milliers d’années. Dans ces cas, l’humus n’apporte pas au sol la richesse escomptée car la matière organique est « inerte ». Elle ne l’apporterait (libération d’éléments nutritifs en particulier) que si on améliorait les conditions de vie des organismes : c’est ce qui se passe quand on mélange ces matériaux à un sol cultivé plus riche … action qui passe (on devrait dire « passait ») par la destruction des milieux naturels d’origine (tourbières, landes acides …).

Rôle intégrateur des formes d’humus et variabilité spatiale

L’importance des conditions de vie des organismes sur la décomposition (« les facteurs de milieu ») entraine dans la nature une grande variabilité des formes d’humus entre les deux extrêmes décrits ci-dessus.

Aux grands facteurs cités (climat général jouant sur l’humidité et la température du sol ; oxygénation du sol ; acidité du sol) on peut ajouter la nature des litières (aiguilles, feuilles de composition variable selon l’espèce, bois ...) ou d’autres facteurs plus complexes ayant une action indirecte : lumière (car elle influe à la fois sur le pédoclimat et la végétation au sol), texture du sol, porosité et compacité du sol etc…    

On peut donc dire que la forme d’humus, observée à un endroit donné, intègre l’ensemble des facteurs du milieu intervenant sur l’activité biologique. Elle permet donc parfois de faire des hypothèses sur ces conditions (pH, …)

En conséquence, à l’échelle du globe, la « zonalité climatique » (que l’on retrouve dans les séquences altitudinales) se traduit par une distribution des formes d’humus dites « zonales » selon la latitude :

En zones froides (exemple la taïga en zone boréale), les activités biologiques sont réduites, en particulier celle des vers de terre, et les accumulations sont dominantes.

En zones chaudes, il se produit de fortes activités (sauf autre contrainte non climatique), avec disparition rapide des matières organiques de la surface du sol (ex en forêt tropicale).

En zones tempérées, les facteurs climatiques sont moins déterminants, les autres facteurs auront une forte influence d’où parfois une forte variabilité d’un lieu à l’autre en fonction de la géologie et du type de sol, de l’exposition, l’altitude, etc. …

Une variabilité très locale (décamétrique voire métrique) est parfois possible, souvent en relation avec l’hétérogénéité du peuplement forestier.

Variabilité temporelle des formes d’humus

Lorsque des conditions de milieu sont changeantes, elles entrainent donc des modifications des formes d’humus dans le temps, parfois à l’échelle de l’année : transformations suite à des hivers très secs, à des étés pluvieux, à des modifications importantes du peuplement forestier (coupes rases).

L’étude de la dynamique des humus n’en est qu’à ses débuts car elle nécessitait de bonnes bases morphologiques et biologiques. Les modifications suite aux changements climatiques actuels ne sont pas encore renseignées dans la littérature mais sont hautement prévisibles en montagne ou dans les latitudes septentrionales.

Comment observer les formes d’humus en forêt ?

Prendre une bèche plate (ou pioche en sol caillouteux), couteau tranchant

Choisir un endroit à l’écart de buissons, d’arbres, creux, bosses : faire une petite tranchée jusqu’à l’horizon A et observer les différentes couches (le plus souvent sur moins de 20 cm d’épaisseur).

Dans les horizons O,  en OL (la litière) on trouve des résidus arrangés selon des plans horizontaux de feuilles à peine transformées puis, en dessous, envahies et collées par  des mycéliums de champignons ; dans l’horizon appelé OF, inférieur, on observe un mélange de débris de quelques millimètres à centimètres, issus de la fragmentation par la faune, mélangés à des amas millimétriques constitués de déjections d’organismes eux-mêmes très petits ; dans l’horizon dit OH, encore inférieur, les débris ont disparu (consommés ou digérés par l’action des champignons), on n' observe plus que ces amas millimétriques globulaires (déjections remaniées) à allure de terre de bruyère ou de compost bien mûr  ; l’horizon A inférieur est minéral (c’est de la « terre »), mais sa couleur sombre indique qu’il est riche en matière organique tellement bien incorporée au sol que ses constituants ne sont pas directement visibles. En cas de forte activité de vers de terre on peut y observer des agrégats centimétriques irréguliers mamelonnés, poreux (grumeaux). 

 9 - l’humus et « l’origine du Monde »

 Marc-André Selosse

 

L’origine du monde, Marc-André Selosse

Description du livre in : https://www.actes-sud.fr/catalogue/sciences-humaines-et-sociales-sciences/lorigine-du-monde7

« Le sol est l'origine du monde, car il le porte, le nourrit et le protège.
Il est construit par sa biodiversité, qui représente 25 % des espèces connues. Il fourmille d'animaux et de microbes qui vivent et se nourrissent de façons incroyablement variées : cette diversité assure tout simplement... le fonctionnement des écosystèmes terrestres. Le sol fait aussi la fertilité des océans, régule le cours des rivières et modifie le climat. C'est une puissante et étonnante construction du monde vivant.
Hélas ! Méconnaissant le sol, qui nous paraît opaque et sale, nous l'avons endommagé depuis des millénaires. Urbanisation, agricultures inadaptées, salinisation, pollution... l'empêchent d'assurer ses services inestimables et il disparaît sous nos yeux par érosion.
Marc-André Selosse nous invite à un magnifique périple souterrain, accessible à tous, entre les composants du sol et sa vie débordante. Il nous fait découvrir la partie souterraine et méconnue des plantes. Enfin, il conclut avec optimisme sur les gestes grâce auxquels nous transmettrons des sols intacts aux générations futures. Car ceux-ci peuvent devenir des outils de développement durable.
Avec sa faconde habituelle et un brin d'humour dans l'illustration, l'auteur nous raconte simplement le sol et éclaire de nombreuses observations banales. En comprenant ce sol que nous piétinons, nous retisserons notre lien perdu au monde naturel. »

 

Marc-André Selosse, parlez-nous de votre livre L’origine du monde. Une histoire naturelle du sol à l’intention de ceux qui le piétinent : in : Marc-André Selosse | **L'origine du monde** - YouTube

Extraits : « ça ne se voit pas mais le sol est densément habité. D’abord, il contient les racines des plantes, et ces racines représentent un tiers de la biomasse des plantes. Il contient tout un tas de petits animaux, et puis surtout des microorganismes comme des champignons et des bactéries. Dans un gramme de sol, il y a plusieurs milliers d’espèces de bactéries, un bon millier d’espèces de champignons et des centaines s’espèces d’amibes. C’est là que ça se passe, c’est là qu’est la diversité biologique et que se trouvent 25% des espèces connues. Le paradoxe du sol, c’est que ces hordes de petites choses sont capables d’énormes conséquences pour le monde qui nous entoure. D’abord, en travaillant la roche, en travaillant la matière organique morte qui arrive au sol, cette vie du sol nourrit les plantes et leur permet de se développer, et finalement, de nous nourrir. Le sol, aussi, est une gigantesque éponge à eau : quand il pleut, le sol retient l’eau le fournit aux plantes, évite que les rivières ne débordent brutalement mais va le fournir plus tard aux rivières et soutenir leur débit entre deux pluies […] Et puis quand il rend cette eau aux rivières, et ensuite aux océans, c’est une eau enrichie en fertilité, en sels minéraux qui vont permettre le développement d’algues, de poissons. Et de nouveau quand nous pêchons, nous nous nourrissons des sols.

Les sols vraiment nous nourrissent. Les pouvoirs des sols s’étendent aussi jusqu’à la régulation du climat : ils émettent des gaz qui évitent que la terre ne devienne un bloc de glace. D’ailleurs demain nous pourrions gérer les sols pour justement arriver à limiter le réchauffement climatique.

Au total, le sol est capable de choses énormes, il construit en réalité l’environnement et la nature qui nous entourent. […] Et pourtant, et pourtant, nous maltraitons nos sols… Nous les maltraitons par exemple lorsque nous y déposons des engrais minéraux ou des pesticides qui altèrent la vie du sol et sa capacité à fabriquer les sols de demain et entretenir les propriétés des sols. Nous les abimons aussi lorsque nous les labourons. Il faut savoir qu’un sol labouré érode, perd du sol dix fois plus que le même sol non labouré, surtout s’il est laissé nu en hiver. Bien plus, nous méprisons tellement l’importance des sols que nous sommes capables de les enterrer sous l’extension de nos villes et de nos infrastructures de transport. C’est ainsi que tous les ans, en France, nous perdons l’équivalent d’un département de surface de sol. Aujourd’hui, nous ne sommes pas à même d’entretenir ces sols et pourtant nous n’en sommes que les héritiers. Effectivement, il faut des millénaires pour faire un sol et nous les devons aux générations futures. Dans l’origine du monde, j’ai voulu expliquer cette logique des sols, leurs propriétés et leur importance, comme un préliminaire à une meilleure gestion.

Dans cette histoire naturelle des sols, j’esquisse des perspectives pour peut-être les gérer mieux, en tout cas essayer de les transmettre aux générations futures auxquelles nous les devons et pour permettre de maintenir la capacité des sols à faire le monde qui nous entoure et que nous aimons. »

 10 - Bernard Boullard,

« Vie intense et cachée du sol »

Essai de pédobiologie végétale, 1967

Collection la terre, Flammarion, Paris, 1967, p.7-21.

« Sous les pieds du promeneur, comme sous ceux du semeur, du vigneron, de l’arboriculteur, s’active là, jour et nuit, la foule laborieuse et grouillante des serviteurs microscopiques du monde entier. […].

Le sol dérive initialement de la roche qui en constitue la matrice. Cette partie est très stable. Mais s’il n’y avait que les phénomènes physicochimiques du monde inanimé cela ne conduirait pas loin. Fort heureusement des forces biologiques interviennent : aux matériaux inertes s’ajoutent des débris organiques, des glucides, des lipides, des protides, une foule de substances. Champignons, Bactéries, Algues, Lichens, Mousses etc., colonisent hardiment et élaborent ou dégradent. […]. »

A la surface du sol : la litière puis l’humus

« Pour beaucoup la litière n’a la valeur que d’un manteau triste et annonciateur des jours sombres et froids de l’hiver, manteau que le vent soulève et roule, tel un gigantesque mais invisible balai. Cette litière, sous-estimée par beaucoup, n’en retient pas moins l’attention de certains : collectée au râteau elle vient apporter son aide au jardinier préparant ses couches, éliminée ailleurs à la faveur des opérations d’étrépage elle libère le sol pour le culture ultérieure, réétalée à l’étable il lui arrive de reprendre du service sous les animaux. Mais c’est réellement le biologiste qui accorde leurs lettres de noblesse à ces « reliquats de frondaisons printanières et estivales ». Il y voit là le prodigieux travail de la dégradation s’amorcer et se poursuivre quelques centimètres plus bas. En effet, de la litière aux matériaux pratiquement encore intacts, on passe vers une zone où la « fermentation » active conduit au démantèlement complet, à la matière humifiée. Ces Quelques centimètres – à quelques décimètres – superficiels, reçoivent des pédologues la désignation d’horizon A0. La litière de feuilles mortes masque donc l’humus, ce « produit de la matière vivante et sa source » (cf Thaer et Waksman, 1936). Cette tache exaltante des ternes résidus se poursuit aussi bien dans l’intimité des pâtures, des marais, qu’au sein des forêts mystérieuses. Mais il est certain que, c’est là, sous la voûte de feuillage, que sa présence se manifeste avec le plus de générosité. Cette générosité n’avait pas échappé à E. Herriot (1925). A l’issue de sa description des strates végétales de la « Forêt Normande », n’écrivait-il pas : « Plus bas encore la forêt qui nous parait morte vit et travaille sous l’amoncellement des aiguilles et des fruits, des brindilles et des lambeaux d’écorce. C’est le vêtement, l’épiderme délicat et sensible qui protège le sol lui-même contre les excès de la chaleur ou du froid, amortit le choc de la pluie, retient les éléments nourrissants de l’air, abrite ce qu’il faut de vie animale pour ameublir cette terre où ne vient pas le laboureur. Ces feuilles que vous croyez inanimées travaillent pour l’arbre dont elles se sont séparées. Pa elles, par leur labeur mystérieux mais continu s’achève ce rythme qui fait de la forêt une harmonie, depuis les profondeurs du sol jusqu’à la cime de l’arbre le plus dominant. De haut en bas, de bas en haut, la vie monte et descend… »

Nous pourrions rapprocher de ces propos-là très juste sentence de Pochon et de Barjac (1958, p.21) : « La matière organique forme la différence essentielle qui sépare un sol productif proprement dit d’une simple masse de débris rocheux. »

La litière doit surtout son existence à la chute saisonnière des feuilles et des menus rameaux, en forêt, à la décomposition des pailles, chez les Céréales. Un bois de chêne peut supporter en plein été 10 tonnes de litière par hectare. L’apport automnal élève bientôt cette valeur de 3.5 tonnes environ. Mais les infatigables et discrets microorganismes entreprennent, de février en août, la destruction d’une partie de ce manteau déchiqueté et ramènent les 13,5 tonnes de la litière hivernale aux 10 tonnes de la litière estivale. Cet exemple, déjà nous incite à penser que la litière d’un sous-bois est quelque chose d’éminemment mouvant, qu’elle s’épaissit et se minimise, comme si le vent d’automne gonflait ce tapis moribond que les promeneurs printaniers plaqueraient à nouveau sur le sol. Ce « mécanisme compensateur » attribué aux germes dégradateurs de la litière se produit sous tous les climats, dans tous les bois, feuillus comme résineux, mais sa vitesse est variable. Ainsi la litière de résineux dure beaucoup plus longtemps que celle de feuillus. […] C’est à son caractère acide, aéré, riche en Champignons et, corrélativement, plus pauvre en Bactéries, que ce milieu doit la lenteur de sa dégradation. Par oppositions les litières qui se constituent sous les feuillus font figure de linceuls, épais souvent de quelques centimètres seulement. […]

Quittant un instant la forêt pour rejoindre les sols de Céréales nous devons remarquer que la décomposition des pailles (dont un aperçu de la décomposition moyenne […] est en général fort lente, freinée par la pauvreté du milieu en azote. […].

La vie dans la litière est extraordinairement intense. Selon Waksman un gramme de sol renfermerait 3 milliards de germes en surface, et 1,5 milliard à 10 cm de profondeur. […]

L’humus, matière organique complexe, résulte donc de la prodigieuse activité des microorganismes qui constituent la « microflore tellurique ». C’est grâce à eux que les constituants des Végétaux Supérieurs, ou plutôt de leurs cadavres, sont démantelés, simplifiés ou remodelés.

Mille Bactéries peuvent participer à cette œuvre d’intérêt mondial aux côtés de centaines de Champignons (Aspergillus, Pénicillium, etc.) et, très certainement, d’Actinomycètes. Il s’agit là d’un travail gigantesque dont le chimisme intense « saute aux yeux » lorsque le tas de fumier « fume » dans la cour de la ferme, lorsque la couche du maraîcher ou le compost de l’horticulteur « chauffent ».

C’est une œuvre coopérative, que marquent de leur empreinte propre des groupements successifs de germes. […] Il serait malvenu de penser que l’opération de dégradation touche à son terme dans les plus brefs délais. C’est une oeuvre de longue haleine.  (…] 

La diversité des matériaux de départ, l’hétérogénéité du petit monde qui les prend en charge, tout contribue à justifier l’opinion de Pochon et de Barjac, des maîtres dès que l’on parle du Sol : « Il n’y a pas « un » humus, mais « des » humus » (1958, p. 521). »

 

Litière forestière, sapins de l'Aigle, épines et feuilles de chêne, Beaufai en Normandie, 2018.

11 - Humus et Taupophilie

Gilles Clément, paysagiste et jardinier

Texte de 2018 - avec son aimable autorisation

 

 

Taupophilie

Le sol est un lieu et un milieu.

Il existe à un endroit déterminé et fait partie du « topos » espace de vie que l'on peut regarder comme un territoire cadastré ou comme un tableau.

En tant que paysagiste et jardinier je suis intéressé par l'espace de vie - le milieu - et par la composition de cet espace : le paysage. Dans les deux cas je suis un topophile car le lieu, le topos, me concerne et me questionne.

On ne peut dissocier ces deux composantes du topos. Les arbres créent un paysage dont les espèces dépendent de la nature du sol. Les roches – sol matriciel – accueillent des mousses et des lichens, micro-paysages vivant. Entre les plantes et le « substrat » qui leur permet de vivre le lien est d'ordre vital.

L'expression de la vie apparaît à nos yeux par ce qui émerge du sol, nous ignorons presque tout ce qui se passe au-dessous de cette étrange ligne d'horizon séparant le visible des ténèbres.

Il nous a fallu des siècles et de l'entêtement scientifique bien placé pour apprécier la richesse de cet invisible, établir la liste d'une diversité biologique surprenante allant des bactéries aux mammifères en passant par le monde mystérieux des champignons.

Par le jardinage je me suis intéressé au plus détesté des habitants de la terre : la taupe. Ultime maillon d'une chaîne de prédation dans le monde souterrain, la taupe, mammifère délicat à la robe moirée et douce, se nourrit des annélides, des larves et des insectes du sol, elle est carnivore et ne fait aucun mal aux plantes du jardin.

Pattes avant en pelleteuse, corps ovoïde et souple, la taupe avance dans la nuit (ses organes de vue sont insignifiants) avec un GPS parfait bien planté dans le museau. Elle roule au pif et tout va bien. Pour elle.

Crédit photo© GILLES CLEMENT 2019

Pour les amateurs de gazon, les énervés du sol plan, net et nu, c'est une calamité : la taupe fait des taupinières, elle construit des obstacles en terrils bruts sur les parcours de golfs impeccables, on la chasse à tout va. On invente des pièges et des poisons, on veut sa mort, sa disparition.

Encore adolescent, poussé par les règles de la bienséance j'ai participé au jeu qui tue. On récoltait les vers de terre, on les plaçait dans un bocal, on les saupoudrait d'un produit aujourd'hui interdit en les faisant mourir dans d'atroces convulsions sous l'effet radical de la strychnine, principal composant de ce qu'on appelait alors « taupicine ». Munis de gants on plaçait les cadavres mous et verdis de poison dans les galeries sous les taupinières. Puis on attendait.

Le silence qui suivait ces stratégies misérables laissait planer le doute sur l'efficacité du piège, plus connu pour éliminer les chiens errants et les belles-mères que les animaux visés.

Suite à l'interdiction du foudroyant poison on vit apparaître une batterie de suppléants autorisés sous forme de gaz toxiques ou de pilules, voire de faux vers pré-empoisonnés que l'on sortait d'un tube « modèle-dentifrice » afin de choisir la longueur à sa guise. L'ultime stade de la stupidité guerrière eut lieu chez un nerveux du fusil au tout début de mon activité professionnelle où j'avais encore une clientèle privée. Installé dans la cuisine, la fenêtre grande ouverte au ras du jardin, le propriétaire armé se tenait en position de tir à trois moments de la journée : sept heures le matin, douze heures et cinq heures le soir. Je ne saurai dire si le coup de fusil tiré depuis l'intérieur de la maison en direction d'une taupinière naissante, (histoire de me montrer comment on fait avec l'ennemi quitte à nous crever les tympans), fut à l'origine d'un dégout absolu de ce « jardinage » ou à une empathie directe avec l'animal traqué par les fous mais cela coïncida avec le désir d'en savoir plus sur la taupe et de tenter d'élaborer une version positive de son travail au jardin. Je suis devenu taupophile.

Pour y parvenir il me fallait un jardin. Ce n'est qu'à partir de l'achat de mon terrain en Creuse en 1977 que j'ai pu enfin observer avant d'agir et cesser d'appliquer les méthodes mortifères issues d'une totale illusion de la maîtrise. Trois ans plus tard j'établis le constat suivant : les plantes à cycles courts, les annuelles et bisannuelles, se comportent en pionnières des terrains nus. La taupinière constitue un excellent territoire d'accueil à ces espèces dont les graines ne germent pas au milieu d'une prairie déjà occupée par un tapis d'herbes ou dans un sous-bois trop ombragé. Les messicoles – plantes annuelles des moissons considérées comme ennemies des cultures (nielles, nigelles, bleuets, coquelicots etc.) - ont depuis longtemps disparues de notre paysage, massacrées par des tonnes d'intrants toxiques dont nous ne faisons qu'entrevoir les dégâts collatéraux.

Par son travail de petit laboureur la taupe ouvre le sol et permet la germination des plantes à cycle court ayant échappé à la guerre chimique. Les graines en dormance attendent le moment propice pour germer dans un sol évidement non traité. De mon point de vue de paysagiste jardinier privilégiant la diversité, (donc la vie au jardin), je considère la taupe comme un assistant de grande utilité visant au maintien d'une diversité en péril et je l'appelle Raoule. La dynastie Raoule fait un travail fou dans mon jardin, elle multiplie les digitales, les euphorbes épurges, les pavots et les molènes à foison. Elle fait ce que je ne pourrai faire sans me casser le dos : préparer en toutes saisons le terrain d'accueil aux espèces mal aimées et magnifiques.

Trente-huit années ont passées et me voici en devoir de revenir sur l'urgence du topos vivant. Pour Lausanne Jardin 2019 le thème est le sol. On m'a demandé une intervention. Le comité de sélection vient d'accepter ma proposition : le cadran solaire de la taupe. Dans le talus sud du parc de Pully, un gnomon bien orienté viendra porter son ombre sur trois rochers disposés à sept heures, midi et dix-sept heures : trois temps du fouissage de la taupe à partir desquels viendront germer les annuelles et bisannuelles. On expliquera aux visiteurs le rôle du mammifère souterrain et celui des plantes pionnières. On ne leur dira pas que ces horaires pointés « à la suisse » avec précision résultent d'une observation maladive d'un tueur en série mais du constat d'un rythme prandial bien cadencé de l'animal souterrain. La taupe fait comme nous : trois repas par jour.

La nuit elle dort.

Gilles Clément

5 novembre 2018

 

les molènes installées sur les taupinières

Crédit photo© GILLES CLEMENT 2019

 

 

           

         12 - Humus et recherche  en Laboratoire d’analyse microbiologique           des sols

          Claude Bourguignon 

           Transcription  écrite de l'extrait d'émission par moi-même

          "les nuits magnétiques" sur France Culture en 1994

       

 

« Cette terre provient d’un phénomène tout à fait extraordinaire qui est l’attache de la matière organique – le problème toutes les feuilles qui tombent tous les ans au sol, toutes les herbes mortes normalement devraient être mangées par des animaux, des vers de terre, des acariens, des collamboles, souvent des animaux de petites tailles qui vont les transformer et ensuite les champignons, les bactéries vont cette matière en humus.
Et c’est l’attache des argiles et des humus qui va former le sol donc c’est un milieu tout à fait extraordinaire [… le sol incroyablement vivant puisqu’un sol vivant c’est un milliard de microbes par gramme, vous avez à peu près 3000 tonnes de sol à l’hectare […] quand vous avez une poignée de terre dans la main, vous avez des milliards de microbes dans la main... »  Claude Bourguignon, 1994

Extrait rediffusé In : Sols : les pieds sous terre, France Culture 


Claude Bourguignon est parmi les premiers, dans les années 1970, à avoir alerté sur la dégradation rapide de la biomasse (perte d'humus) et l'amenuisement de la richesse des sols en micro-organismes (bactéries et champignons), ainsi que sur la baisse de productivité des sols agricoles européens ou des sols tropicaux ou subtropicaux auxquels on applique les mêmes méthodes. Il a contribué à développer des techniques alternatives qui se sont avérées efficaces, mais qui demandent une certaine technicité et une bonne connaissance de la pédologie.
Dans les années 1980, il met au point une méthode de mesure de l'activité micro-biologique des sols et constate depuis 20 ans « une chute constante et absolument régulière de l'activité biologique des sols »9.
Avec sa femme Lydia Gabucci-Bourguignon, maître es-sciences, ils quittent l'INRA pour s'installer à leur compte, et fondent, en 1989, le Laboratoire d’analyse microbiologique des sols (LAMS)10,2 qui analyse sur le plan physique chimique et biologique les sols agricoles, viticoles (ou autres, golfs par exemple), afin d’aider les agriculteurs ou leurs gestionnaires à obtenir de meilleurs rendements, par une meilleure connaissance et prise en compte du fonctionnement des sols. in : source Wikipédia Claude Bourguignon


 

          13 - Veragrow Humus, biostimulants et lombricompost 

              Biostimulants agricoles - Veragrow :  biostimulants fabriqués à partir de lombricompost.

              Avec l'aimable autorisation de VERAGROW.

            Site de production : 1 voie des Vendaises 27100 Val-de-Reuil Parc d’activités du Vauvray France

 

Humus et lombricompostage Veragrow, made in France Comment venir à parler de Veragrow ? Tout d’abord on a lu Gaspard Koenig : Humus On a ensuite vu un reportage d’Hugo Clément « sur le front » diffusé par France TV. On a vu ainsi l’expérience de lombricompostage non loin de Rouen On a cherché ces acteurs de la transition agro-écologie Et nous voici au contact d’Alexande Bocage et de Veragrow Nous remercions Veragrow pour leur réactivité et la transmission iconographique et textuelle que nous avons le plaisir de diffuser ici, avec leur aimable autorisation.

Pascal et Roselyne, mars 2024

Tout est parti d’une connivence d’ingénierie, d’un intérêt commun pour devenir acteur de la transition agro-écologique et d’un prototype de lombricomposteur : naissance d’un biostimulants grâce à la flore intestinale du ver de terre.

 

 

Crédit images©VERAGROW 2024

Qu’est ce que le lombricompostage ?

"Le lombricompostage est une méthode de compostage qui utilise des vers de terre pour transformer les déchets organiques en un compost riche en nutriments. Cette technique a de nombreux avantages pour l’agriculture et est de plus en plus utilisée par les agriculteurs pour améliorer la qualité de leurs sols. En plus de produire un compost de haute qualité, le lombricompostage est également plus écologique que d’autres méthodes de compostage. Les déchets organiques générés par les fermes et les jardins peuvent être utilisés pour nourrir les vers de terre, qui les transforment ensuite en lombricompost. Cette pratique émet moins de gaz à effet de serre que le compostage classique et le lombricompost générés possèdent des performances agronomiques plus efficaces qu’un compost classique.

A Veragrow, nous produisons du lombricompost de très haute qualité par une méthode de lombricompostage optimale unique en France permettant de transformer des déchets organiques (fumier équin, marc de café, drèche de bière) en lombricompost aux milles vertus agronomiques. Le lombricompost permet d’améliorer la biodiversité et la qualité des sols, de même qu’il améliore la qualité des cultures et leur résilience face aux stress rencontrés. Le lombricompost Le lombricompost est une matière exceptionnellement riche formée par la dégradation de la matière organique par les vers de terre et les microorganismes de leur système digestif. L’association de ces deux facteurs permet de créer une matière très riche en substances humiques (acides humiques et fulviques) et en autres composés biostimulants tels que des hormones végétales. Par ailleurs, les microorganismes associés aux vers de terre se retrouvent dans le lombricompost et sont connus pour leurs capacités à stimuler les cultures, on parle de PGPR (bactéries symbiotiques de la rhizosphère)."

In : https://veragrow.fr/nos-activites/

Crédit images©VERAGROW 2024


 

Repères bibliographiques

 

 

       L’Atelier du Père Castor

       De la Fleur à la graine, Noailles et  

Vie intense et cachée du sol. Essai de Pédobiologie végétale. Coll. La Terre Flammarion, 1967.

Bernard Boullard et MOREAU R. (1962) - Sol, Microflore et Végétation. Coll. (clholution des Sciences)), Flammarion éd. (Paris), 310 p. no 20, Masson éd. (Paris).

Cauquelin Anne

Petit traité du Jardin ordinaire, Manuels Payot, Paris, 2003.

Le site et le paysage, Collection : Quadrige ; Éditeur Presses Universitaires de France, 2013.

       Christophe Jean-Damien

La bouse : historique, importance et écosystème. Thèse d'exercice, Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse - ENVT, 2004.

        Feller Christian

C. Feller, Jean Boulaine, La réapparition du mot humus au 18e siècle et sa signification agronomique, Revue forestière française, 1987, 39 (6), pp.487-495.  : https://hal.science/hal-03424720/document , p. 489.

Feller C., 2007. La représentation du sol dans l’art occidental. Etude et Gestion des Sols ,14 (1) : 65-79.

Feller C., Landa E. R., Toland A., Wessolek G., 2015. Case studies of soil in art. SOIL, 1, 543-559, 2015 http://www.soil-journal.net/1/543/2015/ doi:10.5194/soil-1-543-2015.

Feller C., 2010. ART and SOILS. Encyclopedia of Soil Science, R. Lal ed. Accepted on May 2010. In press.

Feller C., Chapuis-Lardy L., Ugolini F., 2010. The representation of soil in the Western Art: from Genesis to Pedogenesis. Chapter 1, pp. 3-22. In Ed. Landa and C. Feller (eds), Soil and Culture. Springer, Dordrecht, Heidelberg, London, New York, Netherlands, 488p. + Color Plates.

Feller C., 2016. Quand la merveille devient œuvre d’art. Chapitre 9, pp. 232-243. In Feller et al., 2015. Une merveille sous nos pieds : le SOL. Paris, Belin ed., 256 p.

Feller C., Jabiol B., Grève M.H. - Quand l’humus est à l’origine de la pédologie 2. Avant et après P.E. Müller : évolution des conceptions sur la description et la typologie « des humus » in : Etude et Gestion des Sols, 12, 2, 2005 - https://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/divers15-07/010035451.pdf

        Feller C. et Feller L

Le sol et sa genèse dans la Genèse (Bible), Étude et Gestion des Sols, 30, 323-331 2023  - file:///C:/Users/rosel/Downloads/Sol-Bible%20EGS_2023_30_Feller_323-332.pdf

       Feller -Lafon

L’objet : "Des taches et des concrétions, le sol est bourré de complexes", coproduction d’un objet dont le texte intérieur est de C. Feller. Le livre d’artiste sur le sol est signé Lafon Martine et Christian Feller. Livre d'artiste (Réf. Lafon, Feller, 2004). Le texte enroulé dans une carotte de verre qui rappelle un profil de sol et la façon de les prélever, ainsi que toutes les gravures (sur le verre et dans le texte) - est de l'artiste.

      Goulfier Guylaine

Extraits du pdf transmis par l’auteure. Révolution au potager, Manifeste pour une nouvelle approche du jardin, Rustica Editions, 2012 - accessible sur demande auprès de l'auteure : ohunjardin@gmail.com

       Herescu Niculae I. Herescu,

Bulletin de l'Association Guillaume Budé, Année 1948.

       Jabiol Bernard

       -    L’Humus sous toutes ses formes, B.Jabiol, A.Brêthes, J.-F. Ponge, F. Toutain, J.-J.

             Brun, Ecole Nationale du Génie Rural, des Eaux et des Forêts, Nancy, 1995.

        -   Feller C., Jabiol B., Grève M.H. - Quand l’humus est à l’origine de la pédologie 2

        -   Avant et après P.E. Müller : évolution des conceptions sur la description et la typologie

            « des humus » in : Etude et Gestion des Sols, 12, 2, 2005

             https://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/divers15-07/010035451.pdf

       koenig  Gaspard

Gaspard Kœnig, Humus, Editions de l’Observatoire / Humensis, Paris, 2023.

       Denis Langlois et R. Tougard

Le manoir du Fay et son jardin biologique, autoédition : Association A.N.E.T.H., Yvetot, fin des années 90.

       Catherine & Raphaël Larrère

Du bon usage de la nature, Pour une philosophie de l’environnement, Champs essais, Flammarion, 2009.

       M. Leperchey  

        Biographie de Maurice Leperchey, Levaillant Pascal et M. &D. Bazire, 2024.

Bimestriel n°1, Mars-Avril 1984, Editions Terre Vivante, Paris, 1980, p.51

       Revue MICHEL,

Art. culture & société en Normandie, SE NOURRIR ? Num2ro 6 – Automne 2022, chapitre 2, paysans conscients, urbains engagés, lanceurs d’alertes, Ils en ont dans le ventre, p.46-82.

        Pessis Céline

« Histoire des “sols vivants” : genèses, projets et oublis d’une catégorie actuelle », Revue d’anthropologie des connaissances, vol. 14, n°4, 2020/4.

      Roger Jean-Marie

      Revue « les quatre saisons » du jardinage. Bimestriel, Editions Terre Vivante, Paris.

      Saint-Pierre, Bernardin de

     Hamonies de la nature : t. 2

      Selosse Marc-André

      Jamais seul, ces microbes qui construisent les plantes, les animaux et les civilisations, Essai Babel, Actes Sud, 2017

     « L’origine du monde », Une histoire naturelle du sol à l’intention de ceux qui le piétinent, Actes Sud, 2021.

      Olivier de Serres

      “Le” théâtre d'agriculture et mesnage des champs, 1600.

       Strullu DerrienChristine

       Current Biology Magazine Current Biology 29, R1–R7, December 2, 2019 © 2019 Published by Elsevier Ltd. R1 The Rhynie                chert Christine Strullu-Derrien1,2, Paul Kenrick1, and Andrew H. Knoll3.

       Genomic and fossil windows into the secret lives of the most ancient fungi, Mary L. Berbee 1 , Christine Strullu-Derrien 2,3,           Pierre-Marc Delaux 4,

       Paul K. Strother5, Paul Kenrick 2, Marc-André Selosse 3,6 and John W. Taylor 7,

       Nature Reviews | Microbiology, Published online, 9 september 2020.

      Tassin Jacques

       Jacques Tassin, Pour une écologie du sensible, Paris, Édition Odile-Jacob, 2020.

      Terre Vivante et la revue « les quatre saisons » du jardinage.

      Hors-série # 25 Avril 2021

      Hors-série # 32 Décembre 2023

      Bimestriel n°1, Mars-Avril 1984, Editions Terre Vivante, Paris, 1980, p.51

     Bimestriel n°2, Mai-Juin 1980, Editions Terre Vivante, Paris, 1980

     Bimestriel n°3, juillet-Aout 1980, Editions Terre Vivante, Paris, 1980

     Bimestriel n°14, Mai-Juin 1982, Editions Terre Vivante, Paris, 1982

    Bimestriel n°24, Jan.-Fév. 1984, Editions Terre Vivante, Paris, 1984

    Bimestriel n°25, Mars-Avril 1984, Editions Terre Vivante, Paris, 1984, p.18

     Bimestriel n°30, Jan.-Fév. 1985, Editions Terre Vivante, Paris, 1985, p. 25

     Bimestriel n°31, Mars-Avril 1985, Editions Terre Vivante, Paris, 1985

     Bimestriel n°35, Nov.-Déc. 1985, Editions Terre Vivante, Paris, 1985

     Bimestriel n°37, Mars-Avril 1986, Editions Terre Vivante, Paris, 1986, p.27

     Bimestriel n°49, Mars-Avril 1988, Editions Terre Vivante, Paris, 1988

     Bimestriel n°54, Jan.-Fév. 1989, Editions Terre Vivante, Paris, 1989

     Bimestriel n°55, Mars-Avril 1989, Editions Terre Vivante, Paris, 1989

     Bimestriel n°264, Nov.-Déc. 2023, Editions Terre Vivante, 2023

     Bimestriel n°264, Jan.-Fév.-2024, Editions Terre Vivante, 2024

    Touyre Patricia

     Le sol, un monde vivant, Guide Delachaux et Niestlé, Paris, 2001 et 2015.

 

 

En 2020 Annie Ernaux m'a témoigné ceci a l'issue de la visite privée  d'une de mes  précédentes installations au cabinet de curiosités  du château de la Roche-Guyon en Val d'Oise.

Je la cite : 

"Par vos œuvres et votre herbier, le temps de l'exposition, 

vous semblez figer le temps, la matière"

Annie Ernaux, château de la Roche-Guyon, Val d'Oise, 2020

Avec son  aimable autorisation

vous pourrez lire présentement le texte qu'elle m'a écrit en 2019, en préface de l'histoire du patrimoine végétal d'Yvetot ville dans laquelle a vécu de 1945 à 1963 (années d'études à Rouen comprises)  rue Clos des Parts ville dans laquelle j'ai vécu de 1964 à 2022 notamment sente des courses non loin de l'épicerie de ses parents.

Son père  a jardiné dans l'ancienne pépinière de PM Legrand, pépinier de renom en Seine- Maritime aux côtés de Godard de Bois-Guillaume et aux côtés de Lacaille de Frichesmenil,  là  exactement il transplantait  jadis des variétés d'élite et de collection des pommes à cidre et de pressoir. Ses créations ont fait le tour du monde.

 

 

 

lien vers Annie Ernaux et son texte de "la pépinière", 2019

https://yvetotpatrimoinevegetal.over-blog.com/2020/11/003-l-histoire-du-patrimoine-vegetal-d-yvetot-1021-2021-preface-d-annie-ernaux.html

 

lien vers Legrand d'Yvetot, pépinier en Seine-Inférieure

https://applesandpeople.org.uk/wp-content/uploads/2022/10/Legrand-et-Michelin-texte-franc%CC%A7ais-2.pdf

 

 

Anne Cauquelin

 

Ce que décrit Anne Cauquelin

qui s'applique à nos installations

 

Extraits du Petit traité du jardin ordinaire d’Anne Cauquelin, 2003.

 

Le jardin nomade, le cabinet de curiosités, le jardin qui s’expose

 

Le jardin qui s’expose

Anne Cauquelin s’attarde sur la notion de jardin qui s’expose car dit-elle il faut qu’il entre dans un dispositif global de l’art d’aujourd’hui et qu’il devienne un « objet d’art ».

L’exposition introduit dans la pratique jardinière des médiations qui oblige à une obligation d’audience - sortie du milieu privé, c’est-à-dire qu’il est nécessaire de gagner un public, et la mise en vue, voire l’ostentation, est nécessaire.

Anne Cauquelin tout en disant que cet aspect transforme le statut du jardin qui perd son caractère intime pour s’exhiber, pour autant il gagne en visibilité. Concernant le jardin exposé Anne Cauquelin insiste sur le rôle d’un projet partagé et conçu pluri disciplinairement, œuvre au final d’une équipe comme ceux de Chaumont-sur-Loire ; les jardins d’artistes, les jardins imaginaires, les jardins naturels en mouvement comme ceux de Gilles Clément […] 

L’exposition appelle l’installation comme mode privilégié et aussi à l’intervention toutes deux se plaint à la règle des médiations culturelles.

 

En ce sens le jardin qui s’expose est « installatif » - jardin d’artiste, jardin de collection, jardin musée, jardin restauré. L’installation - forme contemporaine d’art - prend formes dans 4 axes dans ce type d’œuvres : la temporalité, le lieu, la matière - prélèvement in situ des matériaux - et les acteurs - la théâtralité comme scénographique rend le visiteur acteur à la manière de Duchamp où le regardeur apporte avec lui le sens de l'œuvre, il fait l'œuvre au même titre que l'artiste.

 

Il s’agit donc qu’elle soit éphémère ou non, nomadiste ou pas car il s’agit rapporte Anne Cauquelin d’une mise en place, de mettre en relation un type d’espace avec des objets et des individus. L’exposition et l’installation devient site c’est-à-dire là où elle se monte et se montre hors du musée ou de la galerie ainsi le jardin nomade et/ou le jardin de collection peut se mouvoir.

Une installation n’est pas posée sur un site, ni mise dans un site déjà fabriqué, elle construit un site. Évoquant le jardin il est alors « sans racine » inscrit dans sa fuite prochaine et dans sa fragilité dans l’éphémère.

 

Le jardin nomade[1]

 

Anne Cauquelin définit par jardin nomade : « ici le statut du jardin enraciné est complétement laissé de côté…/… renonçant à l’enracinement, à l’habitus et à l’humus, le jardin plaide pour l’inessentiel, pour une antidéfinition, pour le décor, en somme pour le théâtre. On peut interpréter cette forme de jardin comme « art contemporain » en référence à l’éphémère, au processus-action ou de la loi de l’occasionnel » « Le jardin arrive tout fait et le nomadiste le dépose chez vous, l’espace d’une fête, d’une réception. » Ce jardin prend la forme d’une installation car ici il est question de la matière de l’œuvre comme le souligne Anne Cauquelin[2] : « Elle est hybride, métissage et tissage de tous les supports les plus variés entrainant des catégories inédites de dispositifs. Du temps de l’installation : « il est éphémère (pas question de durer et d’installer l’œuvre dans une éternité d’art » « Du lieu et de l’importance du lieu dans la réflexion et la pratique de l’installation »

 

Le cabinet[3] de curiosités autre jardin construit pour soi et in fine pour les autres

 

Celui qui ne peut être dit à l’air libre, un mi dedans un quasi dehors, entre maison et dehors mais obstinément à se faire valoir c’est aussi le cabinet de curiosités qui est un modèle de jardin fait pour soi et qui cependant veut être vu et être admiré […] Bienvenue, il me semble, la comparaison avec le jardin ; ce sont les mêmes traits que l’on retrouve en l’un comme en l’autre : une narrativité qui seule soutient la chaîne  hétérogène des séquences  disruptives, tel objet, puis tel autre ; comme au jardin tel massif, puis tel autre… une énonciation est nécessaire – écrite ou orale – qui dans l’un et l’autre se dit étiquettes et panneaux, ou par simple inscription du nom. […]

Justement dit-elle ce qui recommande le cabinet de curiosités à l’attention, c’est cependant l’établissement d’une liste où sont répertoriés lieux et dates de l’acquisition, nom de la chose, détails et raison de sa « curiosité ».

Curiosité ne désignant pas ici la qualité de celui qui collectionne mais celle de l’objet collectionné […] Quoiqu’il en soit des objets eux-mêmes, le cabinet est une forme de jardin, dont la clôture peut reculer à chaque nouvelle trouvaille, sans qu’il faille être contraint par les limites d’un territoire. […]  Alors les limites d’un débarras et d’un cabinet deviennent poreuses sans cave ni grenier.

 


[1] Concept d’Anne Cauquelin auteur du " petit traité du jardin ordinaire" et de l'invention du paysage ", " le site et la paysage" in : Anne Cauquelin, Petit traité du Jardin ordinaire, Manuels Payot, Paris, 2003, p. 140-141

[2] Anne Cauquelin, Petit traité du Jardin ordinaire, Manuels Payot, Paris, 2003, p. 126-128

[3] Anne Cauquelin, Petit traité du Jardin ordinaire, Manuels Payot, Paris, 2003, p. 59-61.

 

 

 

 

 

 

 

 

Quelques oeuvres que vous pourrez retrouver au CHAI

du 1er MARS AU 31 MARS 2024

 

La terre humus

Aquarelle à l'humus © Corblin Levaillant 2024

 

Echappées du compost © Corblin Levaillant 2024

Algue et humus © Corblin Levaillant 2024

Levées  botaniques © Corblin Levaillant 2024

Feuilles en dentelle © Corblin Levaillant 2024

Tamis de la vague, graine de chanvre © Corblin Levaillant 2024

Litière forestière © Corblin Levaillant 2024

 

 

 

Le rouleau de paysage ou rouleau de territoire d'Alice Freytet

Alice Freytet nous a fait l'honneur de joindre à l'exposition son rouleau de paysage dont celui de la Bouriane

De même que nos pots, tamis et boites de Pétri racontent la botanique à l'oeuvre dans Nature au crible, de l'humus à la graine en pays lotois du Quercy et de la Bouriane, l'oeuvre d'Alice vient offrir au visiteur un magnifique contrepoint  par son dessin épuré aux tonalités épurées aux couleurs de l'humus...

 

‌"Le rouleau de paysage d'Alice se déroule comme un road movie, en complet décalage du paradoxe du savoir que traduit cette citation  " plus on s'approche de l'horizon, plus on s'en éloigne" ou bien autrement dit "le savoir est comme l'horizon, plus on avance, plus il s'éloigne."

Grâce à son rouleau, Alice nous rapproche du réel au fil de ses pas. Ainsi elle fixe ce que le randonneur n'a pas le temps de saisir happé par son aspiration irrépressible à poursuivre son chemin.

Son rouleau de territoire s'avère une véritable "pervenche" de Rousseau, autrement dit "une madeleine" de Proust qui à chaque séquence nous remémore de jolis souvenirs, presque universels.

A notre échelle, son rouleau nous rappelle nos herborisations photographiques de tous nos chemins parcourus et de nos reportages photographiques réalisés avec Roselyne,  arpentant les rives et les chemins de halage en bord de Seine normande et de ses nombreux méandres qui nous rappellent toujours les délicieux cingles de la rivière Lot.

https://levaillant-pascal.over-blog.com/2015/07/randonnee-pedestre-en-bord-de-seine-normande-de-poses-a-l-estuaire-etape-5-saint-aubin-les-elbeuf-et-le-coteau-en-amont-d-orival-sei


Comme nous, Alice semble aussi figer le temps avec toujours la possibilité de revenir à ces  endroits "





A propos de la "pervenche" de Jean-Jacques Rousseau


On peut noter que pour se remémorer des jours heureux Jean-Jacques Rousseau a évoqué une mémoire sensorielle par la seule vue de la pervenche, que Chateaubriand l’a traduite par l’ouïe - avec la grive – et que Proust l’a sublimée par le goût et l’odorat- avec la madeleine -.
Mais qu’en est-il du toucher ? Le toucher est à notre connaissance absent de la dimension mémorielle (mémoire implicite) et c’est donc peut-être à Flaubert que l’on pourrait attribuer cette dimension avec le linge et le tissu.
"Souvent, lorsque Charles était sorti, elle allait prendre dans l’armoire, entre les plis du linge où elle l’avait lissé, le porte-cigares en soie verte […] et même elle flairait l’odeur de sa doublure, mêlée de verveine et de tabac."

[1] 1e partie, chapitre IX


Pascal Levaillant, 2024

 

à découvrir ou redécouvrir en mars au Chai

 

Extraits  et zooms du rouleau d'Alice Freytet

 

 

Alice Freytet © Rouleau de paysage pour Cahorsjuinjardins

 

Extrait du site grandquercy


" Le rouleau de paysage d'Alice Freytet est un dispositif portatif, créé par la paysagiste Alice Freytet, qui permet de dessiner en marchant les paysages parcourus. En 2021, ce sont 3 parcours, 3 massifs forestiers et 3 balades partagées, réalisés avec les habitants. En bref, une captation vivante des paysages et des ressentis des participants autour d’une méthode paysagère innovante.

Le rouleau a aussi pour ambition de requestionner son rapport sensible au paysage et de laisser un part de retour à ses occupants. "

https://www.grandquercy.fr/2022/03/07/exposition-des-rouleaux-de-paysage-sur-les-forets-du-grand-quercy/

 

 

 

Portrait d'Alice Freytet

 

 

 

Alice Freytet, paysagiste de l'association Juin Jardin

Paysagiste installée dans le Lot depuis 2011, très sensible à la manière dont sont perçus les paysages à travers le temps et le mouvement, elle a mis au point un mode de prise de note particulièrement adapté aux lieux se découvrant par la marche : "les rouleaux de paysage".

 

"j'ai crée un piège à paysage, un diorama portatif, pour travelling pédestre"

Elle dit : "parfois, je bute contre le paysage, comme si j'étais séparée par une vitre. Les collines, les landes, les prairies et les bois, les rivières et les ruisseaux sont là, apparemment inaccessibles. Je ressens, alors, la souffrance lancinante d'une solitude."

Elle dit, encore : "Parfois, aussi, plus souvent d'ailleurs, ma déambulation me fait pénétrer dans l'intimité du paysage, ou, plus précisément, dans un espace circonscrit, une configuration singulière, un élément repéré ici et là. Mon être, alors, se développe à la manière d'un papillon dans sa chrysalide, se dilate et devient lui-même vallée, horizon, miroir d'eau dormante, pin sylvestre dansant immobile, dans ses fibres ligneuses."

Elle voulait, passionnément, saisir les paysages qui la fascinaient lors de ses errance de marcheuse faisant confiance aux anciens chemins d'usages. Par dessin ? La peinture ? Oui mais à condition qu'ils épousent, dans le mouvement, le temps du paysage qui fend le devenir, à la proue du temps des hommes. Elle a donc bidulé un dispositif astucieux consistant en un plateau encastré dans une caisse qu'elle arrime à sa taille au moyen d'une ceinture et, sur ses épaules, par deux courroies reliées à celles de son sac à dos. Sous le plateau, des cylindres en bois qu'elle actionne par de petites manivelles à l'extérieur, permettent à un rouleau de papier Canson de se dérouler ou de s'enrouler en glissant sur la tablette du plateau. Le long des cylindres, une goulotte figure une sorte de plumier dans lequel elle a rangé les crayons, les fusains, les pastels, les pinceaux, les pots d'encre et les godets d'acrylique. Ainsi peut-elle, arpentant, dessiner sur le champ, "en direct", pourrait-on dire, les milieux naturels qu'elle découvre et qui l'accompagnent, qui justifient ses parcours, ses efforts. Sa main s'approprie dans l'instantané de la sensation, de l'émotion, ce qui les suscité. L'objet et les sujets de sa passion, en somme.

Et elle va, ivre de solitude et d'un bonheur inouï, amnésique de la souffrance qui l'anime."

Texte de B. Blot

 

 

avec l'aimable autorisation d'Alice Freytet

 En lien avec les rouleaux réalisés sur le Lot
et des extraits du rouleau de la Bouriane "Alice Freytet, Mars 2024

 

Premiers éléments de l'installation au Chai  avant l'inauguration

reportage de Diane Boutet

Diane au jardin dans le jardin nomade du collectif Corblin-Levaillant

Crédit photo : Pascal Levaillant mars 2024

 

 
Portrait de Diane Boutet
zoom sur son parcours
Boutet Diane
reporter photo
dianephoto@hotmail.fr
 
 
Nous avons rencontré Diane Boutet, lotoise, photographe depuis 25 ans,   lors des préparatifs de l’inauguration du lancement de Humus miraculum 2024 par l’association Juin Jardins pour laquelle elle fait des reportages depuis 2019.

Diane a commencé à s’intéresser à la photographie en prenant en photo les peintures de son père.

Son beau-frère et sa sœur l’ont encouragé à s’inscrire au club photo de Cahors.

Elle a appris la prise de vue et à développer elle-même ses tirages argentiques.

Elle utilise également la photographie numérique.

Diane a été encouragée également par sa mère qui l'a accompagnée dans son évolution lui donnant de la confiance en soi et entretenant l'espoir que son travail soit reconnu. Diane insiste aussi sur le rôle très important qu'a joué Isabelle Marrou en lui confiant des reportages pour l’association Juin Jardins et pour les expositions faites à l'espace culturel sur le paysage nous dit-elle.
Lorsqu’elle avait 16-17 ans elle a obtenu un premier prix lors d’une exposition sur le thème du paysage dans une agence bancaire à Cahors.

Elle aime photographier les paysages, les portraits et les activités de Cahors Juin Jardins.

Diane aimerait faire plus de reportage, des portraits y compris des portraits d’artistes.

La photo dont elle est le plus fière est celle d’une création en osier à Douelle de l’artiste Alice Freytet à l’occasion d’une édition de Cahors Juin Jardins.


Compte rendu de l'interview de Diane Boutet à Cahors le lundi 4 mars 2024

Pascal et Roselyne du Collectif Corblin-Levaillant

Photo reportage de Diane Boutet

Crédit photo ©  Cahors juin jardins - Nature au crible collectif Corblin-Levaillant / Diane Boutet 2024

 

Crédit photo ©  Cahors juin jardins - Nature au crible collectif Corblin-Levaillant / Diane Boutet 2024

 

Crédit photo ©  Cahors juin jardins - Nature au crible collectif Corblin-Levaillant / Diane Boutet 2024

 

Crédit photo ©  Cahors juin jardins - Nature au crible collectif Corblin-Levaillant / Diane Boutet 2024

Avec le Rouleau de paysage d'Alice Freytet( voir ci-dessus)

 

Crédit photo ©  Cahors juin jardins - Nature au crible collectif Corblin-Levaillant / Diane Boutet 2024

 

Crédit photo ©  Cahors juin jardins - Nature au crible collectif Corblin-Levaillant / Diane Boutet 2024

Crédit photo ©  Cahors juin jardins - Nature au crible collectif Corblin-Levaillant / Diane Boutet 2024

Solal nous a aidé à installer les pendulaires de feuilles squelétisées et en dentelle

Crédit photo ©  Cahors juin jardins - Nature au crible collectif Corblin-Levaillant / Diane Boutet 2024

 

Crédit photo ©  Cahors juin jardins - Nature au crible collectif Corblin-Levaillant / Diane Boutet 2024

l'intervention d'Alice Freytet 

Soulignons la présence de l'artiste Bastien Lemaître (à droite de l'image), régisseur de l'association Juin Jardins qui nous a aidé à monter l'exposition

 

Crédit photo ©  Cahors juin jardins - Nature au crible collectif Corblin-Levaillant / Diane Boutet 2024

l'intervention d'Isabelle Marrou

 

Crédit photo ©  Cahors juin jardins - Nature au crible collectif Corblin-Levaillant / Diane Boutet 2024

l'intervention du Président Dominique Burdin

pendant l'intervention de Mme Faubert

Crédit photo ©  Cahors juin jardins - Nature au crible collectif Corblin-Levaillant / Diane Boutet 2024

 

pendant l'intervention du Collectif Corblin-Levaillant

 

Crédit photo ©  Cahors juin jardins - Nature au crible collectif Corblin-Levaillant / Diane Boutet 2024

pendant l'inauguration

Crédit photo ©  Cahors juin jardins - Nature au crible collectif Corblin-Levaillant / Diane Boutet 2024

 

zoom au jardin nomade du patio, à la séminothèque, aux échappées du compost

 

Félicitations et un grand merci à Diane Boutet

 

 

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Publié le 7 Novembre 2023

Roselyne Corblin et Pascal Levaillant

présentent leur herbier contemporain du verger et des fruits de pressoir à la fête  "Sauve ta pomme"  

à Brémontier-Merval le samedi 18 novembre 2023

Pomme Grise Dieppoise du verger conservatoire de Brémontier-Merval, collection de F. Bazerque, créateur du Verger conservatoire de Brémontier-Merval au mitan des années 1980.

Ce verger est conservé aujourd'hui par Hélène Jouve.

Roselyne et moi présenteront un herbier contemporain du verger et des fruits de pressoir avec près de 36 variétés emblématiques de la Seine-Maritime, jadis nommée Seine-Inférieure  comprenant les coteaux de la vallée de la Seine, le pays de Caux et Caux-Rouen-Vexin et le pays de Bray.

Trois ilots d'excellence ont permis la régénération des poires et pommes de table et à cidre au cours du 19e siècle à Yvetot, Rouen-Boisguillaume et Frichemesnil-Belleville-en-Caux avec cinq noms prestigieux qui sont Prévost et Godard de Boisguillaume, Boisbunel et Du Breuil de Rouen et Legrand, Dieppois, Varin, Dieppois d'Yvetot et Lacaille H. et Lacaille F. de Frichemesnil-Belleville-en-Caux

En prime une seconde conférence sur l'état d'avancement de ma recherche sur le rôle qu'ont tenu les pépiniers de Rouen et du pays de Caux dans la régénération des pommes  et poires à cidre au 19e siècle et qui ont été acclimatés dans les meilleurs vergers conservatoires  de pommes et poires dans le monde.

 

 

 

Chaque année en novembre, l’association du domaine de Merval organise une journée complète d’exposition, de conférences, de présentation de ses activités. Dans son format actuel, c’est la cinquième édition depuis novembre 2018 avec une fréquentation qui ne cesse de s’élargir et des animations qui progressent en quantité et en qualité tous les ans.

De nombreuses animations parmi lesquelles les fameuses tartes au four à pain et une foire aux vins. Mais aussi la plus importante exposition permanente de pommes en Normandie avec plus de 400 variétés de pommes.

Gratuit

Vous y découvrirez les variétés emblématiques collectées dans les vergers  conservatoires normands de Carrouges à Barenton ;  d'Yvetot, Pissy-Pôville, Fresquiennes et Thérouldeville en pays de Caux ; en pays de Bray à Brémontier-Merval et du Jardin des Plantes de Rouen ainsi que celui de Bois-Guillaume et de Canteleu.

 

Variétés de pomme à cidre, poire à cidre, pommes de table, poires de table du verger

 

Fruits crées et /ou acclimatés à la Seine-Inférieure depuis le milieu du 18e siècle.

 

Pomme Hauchecorne, Legrand - Yvetot - cidre – Pissy-Pôville - Lambard

Pomme Peau de vache nouvelle, Legrand - Yvetot - cidre

Pomme Vagnon, Legrand - Yvetot – cidre – verger conservatoire Brémontier-Merval

Pomme Michelin, Legrand - Yvetot - cidre – verger conservatoires de Theroudeville et de Brémontier-Merval

Pomme Marabot, Legrand - Yvetot - cidre - verger conservatoire Carrouges

Pomme Bramtot, Legrand - Yvetot - cidre - Pissy-Pôville Lambard

Pomme Binet Gris, Legrand - Yvetot - cidre - verger conservatoire Carrouges

 

 

Pomme Galopin, Seine-Inférieure - cidre - verger conservatoire Brémontier-Merval

Pomme Martin Fessard, Martin Fessard, Sainte Marie des Champs – cidre - 19e

 

Pomme Furcy-Lacaille, Lacaille – Belleville en Caux – Frichemesnil - cidre

Pomme Docteur Blanche, Godard - Boisguillaume, cidre

Pomme Médaille d’or, Godard – Boisguillaume, cidre - vergers conservatoires Barenton, Brémontier-Merval, Carrouges

Pomme Grise Dieppoise, Dieppois - Yvetot – cidre - Verger conservatoire de Brémontier-Merval

 

Pomme Rossignol, Rossignol - Boisguillaume - de table - Verger conservatoire de Brémontier-Merval

Pomme Muscadet de Dieppe – origine inconnue - cidre - verger du Manoir du Fay Yvetot

 

Pomme Reinette de Bihorel (Rambeau) , Boisbunel, - de table - verger conservatoire Brémontier-Merval

Pomme Reinette du Grand Fay, Seine-Inférieure - de table  - verger du Manoir du Fay Yvetot

Pomme Bailleul Hôpital, Thérouldeville - de table - verger conservatoire de Patrick Monville, Thérouldeville

Pomme Reinette de Dieppedalle, Seine-Inférieure - de table, poire ancienne – verger conservatoire Canteleu

Pomme transparente de Boisguillaume, Seine-Inférieure – de table – verger conservatoire Canteleu

Pomme transparente de Croncels, Seine-Inférieure - de table – verger conservatoire du Jardin des Plantes de Rouen

Pomme Reinette grise du Grand Fay - Seine-Inférieure - de table - verger conservatoire du Jardin des Plantes de Rouen

Pomme reinette de Rouen – Seine-Inférieure - de table – Verger conservatoire de Bois-Guillaume

 

Poire plant de blanc - Seine-Inférieure – cidre – Verger Manoir du Fay Yvetot

Poire de Fisée - Seine-Inférieure (pays de Bray) - Verger Manoir du Fay, Verger Jean 23 - à cuire

Poire de coq - Seine-Inférieure et Eure (pays de Caux et Marais vernier) - verger Manoir du Fay et verger Jean 23 - Yvetot - cidre et à cuire

Poire Souris - cidre - vergers conservatoires PNM Carrouges

Poire Carisi - cidre - vergers conservatoires PNM Carrouges

 

Poire Corneille - Seine-Inférieure - de table – verger conservatoire PNM - Carrouges

Poire Vauquelin - Seine-Inférieure - de table - verger conservatoire du Jardin des Plantes de Rouen

Poire Président Héron, Seine-Inférieure - de table – verger conservatoire du Jardin des Plantes de Rouen

Poire Président Mas, Seine-Inférieure - de table – verger conservatoire du Jardin des Plantes de Rouen

Poire Crassane, Seine-Inférieure - de table – verger conservatoire du Jardin des Plantes de Rouen

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Publié le 11 Octobre 2023

 

V'là l'automne 2023 ...

place aux jeunes

et aux 

artistes en herbe

 

en dialogue

avec le land art, l'art environnemental,

l'art écologique,

l'art biologique

 

 

au Parc Urbain des Bruyères

Avec

Roselyne Corblin

et

Pascal Levaillant

Collectif d'artistes-botanistes et plasticiens

 

mardi 10 octobre, mercredi 11 octobre,

jeudi 12 octobre 2023 en résidence 

avec les écoles et les centres de loisirs

et

 

 

le samedi 14 octobre à la ferme pédagogique

installation en extérieur sur le parterre devant la serre et installation de bouteilles végétales  aux contenus céréaliers en suspension dans la serre

et le

le dimanche 15 octobre à la Maison du Parc, présentation de notre herbier contemporain des plantes maraichères et des plantes céréalières à la maison du Parc  

de 14h00 à 17h00

pour tout public

 Parc Naturel Urbain du Champ des Bruyères

PNUCB-MRN

 

[accès allée du champ de Courses]

 

Rive-Gauche

 

 -----------------------------------

Métropole Rouen Normandie

Nous sommes en coopération avec le Champ de Possibles  et Triticum à l'occasion des prochains we

des 4 saisons du Parc, session printemps, été et automne 2023

avec les cultures maraîchères et

céréalières du moment et de la saison

 

Mardi 10 octobre 2023

 

Classe maternelle le matin

atelier land art

 

 

 

à suivre...

 

Mardi 10 octobre

2 classes CP l'après-midi

atelier land art

 

Mercredi 11 octobre  2023

           accueil centre de Loisires de Sotteville-lès-Rouen

 

 

 

 

Jeudi 12 octobre 2023 

Classe CE2 

 

matin

atelier land art

 

 

 

 

 

 

Jeudi 12 octobre 2023 

Classe maternelle grande section 

 

aprés-midi

atelier land art

 

 

Le samedi 14  octobre à la ferme pédagogique

installation en extérieur sur le parterre devant la serre et installation de bouteilles végétales  aux contenus céréaliers en suspension dans la serre

 

Touche japonaise à cette installation "zen"

à la serre de la ferme pédagogique

 

Le dimanche 15  octobre à la maison du parc, 

installation en salle

et

confection de marque-page

Un atelier au fil de l'eau accessible au public

plus de 50 formats composés

 

 

 

 

 

 

 

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Publié le 11 Octobre 2023


Pascal Levaillant & Roselyne Corblin vous ont  donné rendez-vous lsamedi  7 et dimanche 8 Octobre 2023 de 10h30 à 12h30 et de 13h 30 à 17h30 pour la performance d'un jardin nomade éphémère  avec les épluchures des légumes du potager préparées en amont pour leur déshydratation avant d'en faire des fleurs des saveurs du potager.

Notre collectif Corblin-Levaillant a donc participé à "l'heure des récoltes 2023" aux jardins de l'abbaye Saint-Georges.
Ce moment artistique et coopératif a permis à un public de 2 ans et demi à 77 ans de composer avec nous une œuvre land art qui a séduit les visiteurs, les participants, les jeunes et même des  adolescents, adultes et séniors visiteurs aux jardins de l'abbaye Saint-Georges venus les apprécier sous un soleil radieux durant ces deux  jours exceptionnels.

Cette édition restera un moment unique et participatif partagé avec les  200 contributeurs de l'œuvre land art : fleurs des saveurs du jardin potager.


Ces  fleurs éphémères ont illuminé ce jardin du cloitre aux jardins de l'abbaye Saint-Georges accompagné de notre herbier contemporain installé sous le cloitre, le temps d'un week-end.
Nous avons tenus à mettre en valeur la flore de pierre du Chapitre et du cloitre faisant écho à nos installations botaniques. Comme les sculpteurs de pierre de ces œuvres architecturales, nous nous sommes inspirés de l'environnement proche des jardins de l'abbaye Saint-Georges.

Nous tenons à remercier le Département de la Seine-Maritime et l'équipe des jardins de l'abbaye Saint-Georges pour cette édition de "l'heure des récoltes" 2023. 
Nous avons été enchantés par la qualité des rencontres qui se sont opérées à l'occasion de cette édition à laquelle  s'est rendu près de deux milliers de visiteurs, dont 200 ont contribué à l'œuvre land art.

Aux jardins de l'abbaye Saint Georges Pascal Levaillant et Roselyne Corblin participent à la fête &quot;à l'heure des récoltes, les saveurs du potager et des champs&quot; 2023 - 7 &gt; 8 octobre 2023

 

 

 

 

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Publié le 11 Juillet 2023

L'Office de Tourisme Lyons-Andelle présente

 

Voici quelques visuels significatifs

 

 

Rendez-vous sous la halle du village pour nous y trouver et nous rencontrer

 

 

 

Notre art est nature ; notre palette plasticienne est la nature que nous exprimons dans nos herbiers contemporains, dans nos jardins nomades, dans nos créations florales imaginaires 

Nous développons l'art environnemental, l'art nature, l'art écologique, l'art botanique ainsi que l'art du développement durable.

 

Pascal a déjà herborisé à de multiples reprises à l'arboretum de la forêt de Lyons et à Mortemer ainsi que dans la campagne environnante de Lyons à Etrepagny et Ecouis pour les ressources botaniques des plaines, des haies, des arbres et plantes des bords de routes et des chemins.

Roselyne a démarré  la composition florale des fleurs imaginaires à partir des pétales des fleurs qu'elle déshydrate  afin de laisser place à son imagination.

Avant cela "lin" et l'autre ont préparé leurs végétaux respectifs à la préparation de pétales, feuilles, fleurs, plantes afin de les intégrer dans leur marque-pages où s'exprime leurs couleurs, leurs transparences...

 

 

ATELIER MARQUE PAGE

Principalement le travail du lin sera leur actualité du moment avec en contrepoint la monstration de leurs univers botaniques et artistiques par les fruits, les plantes tinctoriales ... qu'ils présentent dans leurs jardins nomades et dans leurs herbiers contemporains.

 

Quelques spécimens de feuille d'arbre

Nous sommes en résidence artistique au Parc Urbain des Bruyères à la Métropole Rouen Normandie depuis avril 2022, nous avons été accueillis en résidence à la Maison Natale de Jean-François Millet à Gréville-Hague durant 5 mois en 2022 et nous avons participé ensemble aux jardins de l'abbaye Saint-Georges de Saint-Martin de Boscherville à l'Heure des Récoltes en 2022.

Nous revenons du Festival du Lin  2023 organisé par Alliance et Culture  dans la Vallée du Dun.

 

Auparavant Pascal a été en résidence au Jardin des Plantes de Rouen en 2018,  au château de la Roche Guyon en 2018-2020,  à la Maison du Parc Naturel Régional du Perche en 2019-2020, à la ferme du Cotentin à Sainte-Mère-l'Eglise en 2020,  il a exposé deux fois en 2021 et 2022 aux jardins de l'abbaye Saint-Georges de Saint-Martin de Boscherville pour son herbier contemporain délicieux et sa contribution à l'exposition hommage à Dambourney.

Par ailleurs Pascal a exposé en Belgique, en Angleterre, et de Brest à Lille, et de Yvetot à Cahors en près de 200 expositions collectives et personnelles.

 

 

 

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Publié le 9 Juillet 2023

 

Ayora photographe festival du lin © Alliance et Culture 2023

Le festival du lin 2023 s'est achevé.

Nous vous proposons un aperçu de nos installations artistiques visitées par un flux continu de festivaliers durant ces trois jours.

Nous avons assisté à l'inauguration  à Saint-Valéry-en-Caux le jeudi 6 juillet en début de soirée.

Au troisième rang avec le chapeau - Alliance et Culture © 2023

Roland Jourdain "we explore"  - Pascal Levaillant © festival du lin 2023

Retour en images sur notre festival.

Pascal Levaillant © festival du lin 2023

Pascal Levaillant © festival du lin 2023

Ayora photographe festival du lin © Alliance et Culture 2023

 

Mosaïque vitrail de lin pur

Découvrez notre mosaïque vitrail de lin pur présentant 81 éléments assemblés aux contenus de la botanique du lin, du fil de lin et de la dentelle en fil de lin dont plusieurs provenant du lieu de mémoire de la dentelle de Dieppe, du conservatoire de dentelle de Bayeux et de l'école de dentelle du Puy-en-Velay.

Ces trois pièces  principales et majeures sont accompagnées d'autres provenances comme le style Chantilly et ceux réalisées à Dieppe.

Dentelle de Bayeux sur le fond de tissu vert lin. 

Pascal Levaillant © festival du lin 2023

Petite dentelle de Bayeux  faite en lin. c'est le modèle "la feuille de Gui "  modèle très connu de nos dentellières normandes
Ce petit morceau fait 14 cm de long en comptant la frange de fils sinon 10 cm de dentelle offerte par Véronique THOMAZO et Cécile ROQUIER.
 

 

 
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Carré de dentelle en fil de lin blanc sur le fond de tissu bleu 

Petite dentelle carrée (environ 9 cm) effectuée en lin blanc, c’est une dentelle dite de Cluny, elle a demandé 14 heures de travail avec 80 fuseaux, parue dans la revue trimestriel « La Dentelle » n° 129, en 2012.

Cette revue est éditée par le centre de dentelle.

 

Cette petite dentelle a été offerte par l’association à l'occasion de notre participation au festival du lin 2023.

 
 

https://www.ladentelledupuy.com/

Pascal Levaillant © festival du lin 2023

 

Pascal Levaillant © festival du lin 2023

Carré de dentelle du Puy sur fond de tissu en lin bleu pastel

et dentelles sur fond bleu marine offertes par le lieu de mémoire de l'école de dentelle de Dieppe.

Nous vous invitons à lire ces articles sur les dentellières de Dieppe

 

 

 

 

                                     Ayora photographe festival du lin © Alliance et Culture 2023
 

 

Ayora photographe festival du lin © Alliance et Culture 2023

Assemblages de bois de barque et fragments de lin

Ces assemblages de bois de barque  échouée sur les plages de la Manche et en mer d'Iroise proviennent également des plages de la Seine normande

Ces assemblages combinent bois et capsules et tiges de lin en clin d'œil  au thème de la mer.

Un des formats bois de barque et lin de la série "Channel" œuvre n°54 intitulée Colonne bois de barque et lin, Crozon, Albâtre et Opale- 2023

Pascal Levaillant © festival du lin 2023

Ces bois proviennent  des plages du Touquet, de la côte d'Albâtre et de celle de la plage du Poul  de la Presqu'île de Crozon.

 quelques unes des autres œuvres

Autre colonne  en extérieur

Pascal Levaillant © festival du lin 2023

Pascal Levaillant © festival du lin 2023

Installation land art au plafond du Kiosque

Lin[version] & étends ton lin[ge]

 

Hommage rendu au lin qui a donné la signification du mot linge   au cours des millénaires 

Pascal Levaillant © festival du lin 2023

Plafond de lin suspendu aux tiges de lin d'hiver inversées provenant de la ferme de Jacques Fauvel de la commune de Ormes avec l'accord du producteur et de la coopérative linière du Neubourg.

Ayora photographe festival du lin © Alliance et Culture 2023

Ayora photographe festival du lin © Alliance et Culture 2023

Ayora photographe festival du lin © Alliance et Culture 2023

Ayora photographe festival du lin © Alliance et Culture 2023

Ayora photographe festival du lin © Alliance et Culture 2023

 

 

Installation d'un jardin nomade  d'une quarantaine de tamis contenant du lin, de la racine à la capsule, de l'anas à la fibre,

intitulée : lin[contre l'autre]

Pascal Levaillant © festival du lin 2023

Ayora photographe festival du lin © Alliance et Culture 2023

Ayora photographe festival du lin © Alliance et Culture 2023

Ayora photographe festival du lin © Alliance et Culture 2023

Installation land art, structure éphémère ondulant au gré du vent intitulée : lin [dans l'autre]

 

et en intérieur sous la menace des orages

Pascal Levaillant © festival du lin 2023

Ayora photographe festival du lin © Alliance et Culture 2023

Alliance et Culture © 2023

Le collectif Corblin Levaillant

tient à remercier les différents partenaires qui lui ont permis de réaliser leurs créations artistiques

Remerciements

Aux coopératives  linières deTerre de lin de Saint Pierre le Viger ; Linabox Terre de lin de Crosville ; à la CTLN du Neubourg et à Jacques Fauvel producteur de lin  de Ormes ; à la coopérative de Baons-le-Comte : Agylin ; à Sébastien Hulin agriculteur à Etoutteville ; à la ferme écomusée au fil des saisons d'Amfreville-les-Champs ; à TOUTLIN  de Belmesnil ; à ISA LIN du Bourg-Dun ; à la société Dutscher (boites de Pétri); au musée  textile de Courtrai en Belgique ;  à la Société Loja da Marta du Portugal ;

et  avant tout à l'association Alliance et Culture de Saint-Pierre-le-Viger, à Ayora Photographie

et au maire de Saint-Pierre-le-Viger

Autres remerciements

au Centre d’Enseignement de la Dentelle aux Fuseaux du Puy en Velay, http://www.ladentelledupuy.com/la-formation ; à  Corinne Chrétien, tapissière au Houlme ; au "Lieu de Mémoire de la Fondation des Dentelles", à Dieppe ; au Conservatoire de la Dentelle de Bayeux, 6 rue du Bienvenu, 14400 Bayeux,  Véronique et Cécile  site web : https://dentellesbayeux.com, ; à la mercerie de la boutique Emmaüs de Cahors ; à Yves-de-Saint-Jean aquarelliste ; à Patrick Lebourgeois auteur ; à Michel Chauvet, auteur ; à F. Malandain photographe ;  à Pascal Bouchard, auteur et Didier Le Scour photographe ; à Isballe Kaanen, historienne ; à l’artiste Maryvonne Chaigneau et à son amie Colette Corblin pour leur dentelle ; à l’artiste Shirley Carcassonne à qui nous dédions nos créations.

 

 

C'est maintenant le temps du retour à l'atelier

Pascal Levaillant © festival du lin 2023

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Publié le 7 Juin 2023

Collectif Corblin-Levaillant  présentent leur jardin nomade aux quatre saisons au Parc Naturel Urbain du Champ des Bruyères pour une œuvre aux couleurs nature et participative du 20 au 25 juin 2023 : cycle 2 - session été 2023

V'là l'été...

place aux jeunes

et aux 

artistes en herbe

 

en dialogue

avec le land art, l'art environnemental,

l'art écologique,

l'art biologique

 

 

au Parc Urbain des Bruyères

Avec

Roselyne Corblin

et

Pascal Levaillant

Collectif d'artistes-botanistes et plasticiens

 

mardi 20 juin, mercredi 21 juin,

jeudi 22 juin 2023 en résidence 

avec les écoles et les centres de loisirs

et

le samedi 24 juin à la ferme pédagogique

installation en extérieur sur le parterre devant la serre et installation de bouteilles végétales  aux contenus céréaliers en suspension dans la serre

et le

le dimanche 25 juin à la Maison du Parc, présentation de notre herbier contemporain des plantes maraichères et des plantes céréalières à la maison du Parc  

de 14h00 à 17h00

pour tout public

 Parc Naturel Urbain du Champ des Bruyères

PNUCB-MRN

 

[accès allée du champ de Courses]

 

Rive-Gauche

 

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Métropole Rouen Normandie

 

Nous sommes en coopération avec le Champ de Possibles  et Triticum à l'occasion des prochains we des 4 saisons du Parc, session printemps, été et automne 2023

avec les cultures maraîchères et

céréalières du moment et de la saison

Remerciement spécial à la société Dutscher pour ses boites de Pétri, partenaire privilégié.

 

 

Mardi 20 juin 2023

Classe CP du Sacré Cœur Rouen matin

atelier land art

atelier empreinte écorce

 

 

Classe CP 2 du Sacré Cœur Rouen 

après-midi

atelier land art

 

 

                      mercredi 21 juin 2023

           accueil du public

              au fil de l'eau

 

 

 

 jeudi 22 juin 2023 

Classe CE1-CE2 

du Sacré Cœur Rouen

matin

atelier land art

 

 

jeudi 22 juin 2023 

Classe CE1-CE2 du Sacré Cœur Rouen

après-midi

atelier land art

 

 

le samedi 24 avril à la ferme pédagogique

installation en extérieur sur le parterre devant la serre et installation de bouteilles végétales  aux contenus céréaliers en suspension dans la serre

 

ont participés et ont mis en bouteille : Adam, Sofia, Juliette, Jiyad, Nathalie, Simon, Laura, Owen

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seigle, engrain, épeautre, orge, avoine... 

le dimanche 24 avril à la Maison du Parc, présentation de notre herbier contemporain des plantes maraichères et des plantes céréalières à la maison du Parc  

de 14h00 à 17h00

pour tout public

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messicoles

céréales

maraichères

potagères

et

atelier marque-page

 

 

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Publié le 3 Juin 2023

Roselyne Corblin et Pascal Levaillant  présentent leur art du lin spécialement créé pour le festival organisé par Alliance et Culture dans la vallée du Dun et ses environs.

Nous vous accueillerons à Saint-Pierre-le-Viger dans l'espace extérieur Mairie/Kiosque.

 

 

 

Vous pourrez découvrir le lin dans tous ses états : pétale, sépale, tige, fil, capsules, graines, filasse, racine, anas, corde, cordelette, fil, fuseau, dentelle, fil de lin vert...

 

Collectif Corblin Levaillant au festival du lin et de la fibre artistique les 7-8-9 juillet 2023 à Saint-Pierre-le-Viger (76)

Le lin : semis, levée, poussée et autres évolutions by Pascal Levaillant - Du lin, de l'Agriculture à la Culture

11 avr. 2023  Le lin : semis, levée, poussée et autres évolutions by Pascal Levaillant - Du lin, de l'Agriculture à la Culture.

in : https://levaillant-pascal.over-blog.com/2023/04/le-lin-semis-levee-poussee-et-autres-evolutions-by-pascal-levaillant-ou-le-lin-de-l-agriculture-a-la-culture.html

 

 

ON EN PARLE DES MAINTENANT

 
 

 

affiche 2022

affiche 2019

affiche 2018

affiche 2017

affiche 2016

affiche 2015

affiche 2014

affiche 2013

affiche 2012

affiche 2011

affiche 2010

 

 

 

 

 

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